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Délinquance routière: défilé de chauffards au tribunal


Délinquance routière: défilé de chauffards au tribunal
PAPEETE, le 6 avril 2018 - Malgré les nombreux accidents de la route ayant coûté la vie à 13 personnes depuis le début de cette année, les audiences consacrées à la délinquance routière ne désemplissent pas. Récidive, défaut de permis, conduite en état d'ébriété, défaut d'assurance. Certains prévenus cumulent toutes ces infractions et leur comparution devant le tribunal en atteste: ils ne réalisent absolument pas les risques qu'ils font encourir aux autres usagers.

Peu suivies, les audiences en juge unique portant sur la délinquance routière sont pourtant la preuve qu'en la matière, les auteurs d'infractions ont encore un long chemin à parcourir. Au tribunal ce vendredi, la plupart des détenus sont en état de récidive légal. A la barre, l'un d'entre eux, âgé de 49 ans, comparaît pour avoir provoqué un accident alors qu'il circulait sur son scooter non assuré et avec un taux d'alcool d'1, 52 gramme. Selon les témoins, il roulait à une vitesse "excessive". Sa femme, passagère, a été gravement blessée. Le procureur de la République dit de lui qu'il est "la caricature du chauffard". L'homme a déjà été condamné pour avoir, dans des circonstances similaires, involontairement tué quelqu'un. Cela ne semble pas l'émouvoir outre mesure :"ça date tout de même d'il y a très longtemps."


Nonchalance

De manière assez inquiétante, cette audience démontre la grande nonchalance avec laquelle les délinquants de la route abordent leurs propres comportements. Le second prévenu est poursuivi pour une conduite en état d'ébriété et ce, en état de récidive légale. L'homme est souriant, le magistrat s'agace : "ça vous fait sourire mais vous risquez la vie de tous ceux que vous croisez!" L'individu se justifie :" c'était mon anniversaire et je n'ai pas de chauffeur." Le juge est consterné : "nous comprenons bien que vous n'avez aucune conscience de la gravité de vos actes." Le prévenu sent le vent tourner, il tente de se défendre mais ne peut s'empêcher de conclure que tout cela, "c'est la faute à pas de chance." Son avocate se désespère.

Le magistrat observe que tous les dossiers "se suivent et se ressemblent." Un troisième prévenu comparaît pour avoir conduit sans permis ni assurances car il en avait " marre de marcher pour attraper le bus." Un autre est poursuivi pour avoir provoqué un accident alors qu'il s'était endormi au volant et n'avait pas son permis. Le greffier appelle l'homme. Silence, il s'est endormi sur le banc du tribunal. Le juge unique ironise :" il faudrait peut-être faire quelque chose, savoir d'où vient cette fatigue."

Si certaines scènes de l'audience peuvent prêter à sourire, elles font surtout la lumière sur l'inconscience collective des délinquants de la route. Car il y a les morts mais il y a aussi les victimes. Comme cette jeune fille en deux-roues percutée par une voiture à Moorea. Le conducteur, sans permis et complètement ivre, avait pris la fuite. Il était jugé ce vendredi et n'a pas semblé préoccupé par le sort de la victime dont les multiples fractures ne sont toujours pas consolidées plus d'un an après les faits.

Rédigé par Garance Colbert le Vendredi 6 Avril 2018 à 14:43 | Lu 4627 fois