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Coronavirus: réunion à l'Élysée pour plancher sur des solutions face à la crise


Paris, France | AFP | jeudi 04/06/2020 - Emmanuel Macron et Edouard Philippe réunissent jeudi syndicats et patronat en quête de solutions pour préserver l'emploi, durement touché par la récession liée à la crise du coronavirus, l'exécutif misant en parallèle sur le déconfinement en cours pour relancer l'activité.

"Il s'agira de travailler à ce qui peut être fait pour préserver l'emploi et l'accompagnement des plus fragiles, notamment les jeunes entrant sur le marché du travail", a précisé la présidence, à propos de cette réunion qui a démarré à 15H00.

Les revendications syndicales (CFDT, CGT, FO, CFE-CGC, CFTC, Unsa) et patronales (Medef, CPME, U2P, FNSEA) risquent d'être nombreuses, voire divergentes, alors que les indicateurs macroéconomiques sont tous au rouge : le gouvernement anticipe une chute du PIB de 11% cette année en raison du "choc économique extrêmement brutal" provoqué par l'arrêt quasi total de l'économie.

Le déficit public français va se creuser à 11,4% du PIB cette année, contre 3% en 2019, a annoncé jeudi Gérald Darmanin, le ministre des Comptes publics.

Plus de huit millions de personnes sont au chômage partiel et plus de six millions de demandeurs d'emploi ont été comptabilisés par Pôle emploi en avril, du jamais vu en France. Et la situation devrait s'aggraver: mardi, Muriel Pénicaud, la ministre du Travail, a anticipé que la France "repassera les 10%" pour le taux de chômage, contre 8,1% avant l'épidémie.

Boussole de l'emploi, le secteur de l'intérim a plongé de 61% en avril, selon des chiffres publiés jeudi par la fédération des entreprises du secteur.

Les attentes sont donc grandes depuis mardi où le déconfinement a connu un coup d'accélérateur, avec la levée de l'interdiction de se déplacer à plus de 100 km, ou encore l'ouverture des cafés, restaurants et petites salles de spectacle. Le ministre de l'Education, Jean-Michel Blanquer, a par ailleurs dit jeudi espérer que le protocole sanitaire puisse être assoupli "bientôt" dans les écoles.

Au menu des discussions de cette troisième réunion depuis le confinement - pour la première fois en "présentiel" à l'Élysée et non en vidéoconférence -, "l'apprentissage, l'activité partielle, l'assurance chômage", selon Marylise Léon, numéro deux de la CFDT.

Côté apprentissage, il y a urgence. Sans soutien de l'État, les acteurs de l'alternance s'attendent à une chute de 20 à 40% des offres d'apprentissage proposées par les entreprises.

Ne pas "toucher au temps de travail"

Côté assurance chômage, tous les syndicats demandent depuis le début de la crise l'abandon de la réforme. Son deuxième volet, qui durcit le calcul de l'allocation pour les travailleurs alternant contrats courts et périodes de chômage, a déjà été reporté au 1er septembre.

Ces derniers jours, le gouvernement a multiplié les appels aux entreprises pour mettre en place des "accords de performance collective", un dispositif qui permet d'aménager la rémunération, la durée de travail et la mobilité des salariés pour préserver l'entreprise et l'emploi.

Il permet "de se dire +plutôt qu'il y en ait 20% qui perdent leur emploi, on va pendant quelque temps baisser le temps de travail, donc la rémunération+", a plaidé dimanche Muriel Pénicaud, présente à la réunion à l'Élysée avec Bruno Le Maire (Économie), Gérald Darmanin, Didier Guillaume (Agriculture) et Laurent Pietraszewski (Protection de la santé des salariés contre le Covid-19).

Mais les syndicats voient d'un mauvais oeil cette "solution". C'est ce qu'a l'intention de dire à Emmanuel Macron Yves Veyrier, le secrétaire général de FO, pour qui "opposer les salaires à l'emploi serait la plus mauvaise réponse à apporter".

Et "pas besoin de toucher à la durée légale du temps de travail", avait insisté son homologue de la CFDT, Laurent Berger, il y a une semaine, devant les députés. 

Autre sujet qui pourrait être abordé lors de cette réunion : le télétravail. Massif pendant le confinement, il "n'est pas l'alpha et l'oméga" et ne doit pas devenir la norme, a mis en garde le président du Medef, Geoffroy Roux de Bézieux sur Europe 1.

L'épidémie a franchi la barre des 29.000 morts en France, selon le bilan publié mercredi par la Direction générale de la santé. Au total, 13.514 personnes sont encore hospitalisées pour une infection liée au Covid-19, dont 1.210 en réanimation.

Plusieurs syndicats (CGT, FO, SUD, Unsa) et collectifs hospitaliers (Inter-Urgences, Inter-Hôpitaux) ont appelé jeudi à une journée d'action nationale le 16 juin pour réclamer notamment des moyens supplémentaires et une revalorisation générale des salaires, en plein "Ségur de la santé" lancé par l'exécutif pour concrétiser le plan massif d'investissement et de revalorisation annoncé par Emmanuel Macron fin mars.

Le président avait souhaité que le 14 juillet soit l'occasion de rendre hommage aux soignants. L'Elysée a confirmé jeudi que ce serait le cas, au cours d'une cérémonie militaire place de la Concorde, qui remplacera, pour des raisons sanitaires, le traditionnel défilé sur les Champs-Elysées.

le Jeudi 4 Juin 2020 à 06:19 | Lu 211 fois