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Coronavirus: le Parlement mobilisé en formation serrée pour valider les mesures d'urgence


Paris, France | AFP | jeudi 19/03/2020 - A crise inédite, réponse inédite: l'Assemblée nationale et le Sénat, convoqués en configuration minimale dès jeudi, s'apprêtent à voter au pas de charge des mesures d'urgence pour affronter l'épidémie de coronavirus.

A l'heure du confinement général et alors qu'une vingtaine d'élus ont déjà été contaminés par le virus, pas question de se rassembler en nombre dans les hémicycles.
Dès 9H00 au Palais Bourbon, la séance de questions au gouvernement (QAG) s'est tenue dans une ambiance empreinte de gravité, avec seulement une vingtaine de députés et une demi-douzaine de ministres présents. 
Hommages aux soignants, respect du confinement, pénurie de masques de protection, sort des salariés...: pressé de répondre, Edouard Philippe a réaffirmé la mobilisation totale de l'exécutif face à cette "crise sanitaire d'une ampleur inégalée", fustigeant les trafics de masques ou louant les "initiatives de solidarité".
Seules quelques voix discordantes se sont fait entendre, dont l'insoumise Mathilde Panot qui a réclamé la "transparence", alors que selon elle les "mesures nécessaires" ont tardé.  
Les quelques élus désignés pour siéger au nom de leur groupe n'ont en principe que deux jours devant eux pour examiner en commission puis adopter les textes présentés en Conseil des ministres, après les annonces d'Emmanuel Macron lundi.
Le premier soumis aux députés jeudi est un projet de loi de finances rectificative (PLFR) qui anticipe un lourd impact du coronavirus sur la consommation et les recettes fiscales. Le second, qui sera d'abord examiné au Sénat, après une séance de questions à 14H30, est un projet balayant tous azimuts. 
Il prévoit d'autoriser la déclaration d'un "état d'urgence sanitaire" par décret, autorise le gouvernement à prendre par ordonnance une série de mesures pour soutenir les entreprises et acte le report "au plus tard au mois de juin 2020" du second tour des municipales. Il s'accompagne d'un projet de loi organique qui suspend momentanément certaines décisions du Conseil constitutionnel.
"Nous sommes bien là dans une démarche tout à fait exceptionnelle", a souligné mercredi Edouard Philippe, quand le ministre de l'Economie Bruno Le Maire évoquait des "mesures radicales, massives et efficaces" en soutien aux salariés et entreprises.
Le chef de file des députés LREM Gilles Le Gendre table sur un "état de concorde" sur ces deux textes au vu du choc "violent" du coronavirus. 

- Pas "béni-oui-oui" -

 
Côté LR, on fait état d'un "climat d'union nationale". Mais le groupe des députés de droite n'exclut pas des amendements pour renforcer le volet économique, notamment sur le chômage partiel. Le président de la commission des Finances Eric Woerth a jugé dans Les Echos les mesures économiques "incontestablement fortes", mais veut "clarifier" certains points.
A l'autre bout de l'hémicycle, les députés communistes assurent être "dans une logique très constructive, très soucieux de n'oublier personne" sur le terrain.
Tout en mettant en avant "l'intérêt général", Jean-Luc Mélenchon (LFI) lui n'entend pas jouer "les béni-oui-oui".
Dans une Assemblée passée au "virucide" en amont de la séance, la plupart des groupes, à l'instar du PS, ont décidé de ne pas faire venir leurs collaborateurs.
Pour les votes, les présidents de groupe pourront, comme au Sénat, récolter les voix de l'ensemble de leurs membres, pour éviter à chacun le déplacement. 
Configuration réduite également au Sénat, dominé par l'opposition de droite. La séance de questions d'actualité sera limitée à 7 questions (une question par groupe) contre 16 habituellement.
Les deux chambres ont la volonté de parvenir à des votes conformes. Les deux textes seraient ainsi définitivement adoptés dès vendredi.
"Notre démocratie est vivante", a écrit mercredi le président du Sénat Gérard Larcher (LR) sur Twitter, quand bien même la représentation nationale est réduite à son strict minimum dans un souci de sécurité sanitaire.
Même volonté de "faire vivre" la démocratie et poursuivre la mission de contrôle du gouvernement pour le président de l'Assemblée Richard Ferrand (LREM).
Dans cet esprit, des QAG auront lieu à l'Assemblée à nouveau mardi prochain, et les deux mardis suivants.
Le dernier bilan concernant le Palais Bourbon a fait état de 26 cas de coronavirus dont 18 députés. Deux sénatrices ont aussi été contaminées.
"Ca nous ferait plaisir d'être testés à la sortie", a glissé mercredi Jean-Luc Mélenchon.

le Jeudi 19 Mars 2020 à 03:55 | Lu 209 fois