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Communiqué de Heiura les Verts : "Lettre ouverte à M. Gaston Flosse"


JE NE LE CONNAIS PAS ! C’est en ces termes que vous pointez d’un doigt accusateur M. BARRILLOT, chef de service de la Délégation polynésienne pour le Suivi des Conséquences des Essais Nucléaires (DSCEN). M. BARRILLOT représenterait-il un danger pour votre gouvernement Tahoêraa et ses trois députés, Jean-Paul TUAIVA, Jonas TAHUAITU, Edouard FRITCH ?

La DSCEN représente un budget annuel de 30 millions de F.CFP. M. BARRILLOT en est l’unique salarié. La délégation s’est vue renforcée cette année par un jeune polynésien en Corps Volontaire au Développement (CVD) pour une durée de 12 mois. La contribution de ce service aux économies justifierait-elle sa disparition ? Mais comme nouveau Président du Pays vous semblez si soucieux de faire des économies, sans doute avez vous drastiquement négocié les indemnités de votre nouveau directeur de cabinet fraîchement débarqué de sa lointaine France. Ce dernier a accepté t-il de venir travailler quasi… bénévolement ? Les polynésiens souhaiteraient savoir.

La Délégation polynésienne pour le Suivi des Conséquences des Essais Nucléaires est aujourd’hui la seule mémoire quasi exhaustive que nous ayons sur la période des essais nucléaires. C’est elle qui conserve et actualise les travaux réalisés sur les conséquences économiques, sanitaires et environnementales par la Commission d’enquête de l’Assemblée de Polynésie française en 2005. Sans la délégation, les polynésiens n'auraient jamais su que sur la trentaine de capteurs installés pour surveiller Moruroa... seule une petite dizaine fonctionne encore, témoignant qu'en fait l'Etat ne surveille plus grand chose. Sans la délégation, les polynésiens n'auraient jamais su que les barrières récifales de Moruroa et Fangataufa menacent de s'effondrer et de provoquer un Tsunami, notamment sur Tureia... Sans la délégation, les polynésiens n'auraient jamais obtenu la déclassification de documents jusque là placés sous le joug du secret défense. Sans la délégation, les polynésiens n'auraient jamais pu sensibiliser les jeunes à ce que furent les essais nucléaires au travers de l'exposition des témoins de la bombe. Sans la délégation, les polynésiens n'auraient jamais pu mettre à jour les mensonges incessants de l'Etat sur la période des essais nucléaires. Sans la délégation, la mémoire de tous les polynésiens contaminés n’auraient jamais pu être défendu. Les polynésiens ne connaîtront jamais les résultats de l'étude sur les modifications du patrimoine génétique liées aux essais nucléaires.

La Loi Morin votée en 2009 notamment par Edouard FRITCH et Michel BUILLARD, alors députés UMP, avait pour vocation l’indemnisation des victimes des conséquences des essais nucléaires. La réalité de cette loi est inique, à tel point que, voilà un an, lors de la campagne des législatives, vos trois nouveaux députés s’étaient engagés à améliorer cette loi Morin, et à défaut, de proposer un autre texte. Leur silence et leur absence depuis leur élection sont à la hauteur de leurs convictions ! Ils proposent de créer une Commission d’évaluation de la loi Morin ! Il s’agit évidemment d’une nouvelle combine pour enterrer tout espoir de modifications. L’évaluation de cette loi a déjà été faite ! Et les résultats de cette évaluation sont sans appel. Le texte de loi est organisé de tel sorte qu’elle ne peut indemniser quasiment personne. L’évaluation recommande d’ailleurs de modifier entièrement le texte car la seule modification des décrets d’application serait sans conséquence ! Comme sénateur, vous devriez le savoir ! Mais qu’à cela ne tienne, cette commission d’évaluation permettra aux familles polynésiennes d’enterrer d’ici là leurs proches malades de cancers liés aux conséquences des essais nucléaires ! Mais n’est-ce pas là l’objectif recherché ?

Pour vous monsieur Gaston FLOSSE, la délégation semble dissimuler le spectre de l’opposition, des associations anti-nucléaires, voire de l’église protestante maòhi. Lors de l’entretien préalable avant licenciement, selon les dirigeants de l’association MORUROA E TATOU, le ministre de tutelle, Geffrey SALMON, était incapable de donner la moindre raison objective justifiant cette procédure. A quand d’autres licenciements dans notre administration ? Non, monsieur Gaston FLOSSE vous n’avez pas changé.

Des 100 millions de F.CFP qu’auraient coûté la délégation depuis sa création, c’est une somme importante, pour la recherche de la vérité et la transparence ! Nous assumons entièrement nos orientations politiques prises avec l’UPLD. 100 millions de F.CFP au regard des différents détournement de fonds et abus de biens publics dans lesquels vous êtes condamné et certains membres du Tahoeêraa sont impliqués, sont bien insignifiants. Vous cherchez à prendre votre revanche. Chaque polynésien peut légitimement être inquiet.

Heiura les Verts.

Rédigé par () le Jeudi 13 Juin 2013 à 05:52 | Lu 1908 fois