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Comment survivre en mer : les règles d’or données aussi aux pilotes privés


Ce samedi 28 avril, en zone nord de l’aéroport de Tahiti Faa’a à C3P, ils étaient une cinquantaine de pilotes privés et élèves pilotes à avoir répondu positivement à l’invitation de la 35F pour suivre une matinée d’information et de sensibilisation sur la survie en mer. (© C.Flipo)
Ce samedi 28 avril, en zone nord de l’aéroport de Tahiti Faa’a à C3P, ils étaient une cinquantaine de pilotes privés et élèves pilotes à avoir répondu positivement à l’invitation de la 35F pour suivre une matinée d’information et de sensibilisation sur la survie en mer. (© C.Flipo)
PAPEETE, le 4 mai 2018- Envoi du message d’alerte, extraction de la cabine de l’appareil, gonflage du canot... Sous nos latitudes où les pilotes privés survolent régulièrement une immensité maritime, autant savoir comment prolonger le temps de survie en cas d’amerrissage. C’est pour cette raison que l'école de pilotage C3P organise en partenariat avec la Flottille 35F des matinées d’information sur la survie en mer.

Ce samedi 28 avril, en zone nord de l’aéroport de Tahiti Faa’a, au Centre Polynésien de Perfectionnement au Pilotage (C3P), ils étaient une cinquantaine de pilotes privés et élèves pilotes à avoir répondu positivement à l’invitation de la Flottille 35F pour suivre une matinée d’information et de sensibilisation sur la survie en mer. Pour cette occasion, Mickaël Joly, commandant du détachement 35F, avait déplacé un des deux Dauphin N3+. Il était accompagné de Franck David, plongeur-sauveteur et de Thomas Denis, copilote. Objectif : apprendre aux pilotes privés et élèves pilotes les actes réflexes pour sortir de la cabine en cas de crash et pour organiser la survie en mer avant l’arrivée des secours. "Ce fut une matinée très instructive" , souligne Herearii, élève pilote chez C3P. "J’ai par exemple réalisé que mettre mon portable dans une poche étanche avant chaque vol me permettait d’avoir un moyen supplémentaire pour alerter les secours en cas d’incident. C’est tout simple, cela ne coûte rien mais cela peut sauver des vies".



Être informé en amont peut sauver des vies

De g. à d. : Franck David, plongeur-sauveteur de la 35F ; Mickaël Joly, commandant du détachement 35F ; Stéphane Chantre, gérant de C3P ; Thomas Denis, copilote de la 35F. (© C.Flipo).
De g. à d. : Franck David, plongeur-sauveteur de la 35F ; Mickaël Joly, commandant du détachement 35F ; Stéphane Chantre, gérant de C3P ; Thomas Denis, copilote de la 35F. (© C.Flipo).
Un élève pilote qui apprend à piloter pense tout d’abord au meilleur. Déjà, il réalise son rêve : prendre les commandes d’un appareil et apprendre à voler. Il profite de ses cours de pilotage pour apprécier des vues aériennes splendides sur les îles de la Polynésie. Il est formé pour être un jour le commandant de bord d’un appareil de l’aviation légère (type Cessna, Piper...) afin de voler pour son plaisir et pour partager sa passion avec ses proches... Ni un élève pilote, ni un pilote privé ne pense au pire quand il monte dans son avion. Pourtant, si dans les formations de brevet de pilote privé (PPL ou LAPL), l’amerrissage est un des chapitres étudiés, "comment survivre en mer" ne l’est pas. Or en Polynésie, 80 % des vols se déroulent au-dessus de l’océan. Une fois l’avion dans l’eau, comment survivre en cas de vent, de forte houle... Mieux avoir quelques bases de survie pour éviter les erreurs fatales et sauver autant sa vie que celle des autres.



Les principes de survie

"On a beau être des pilotes privés et amener des amis faire le tour de Moorea en avion, on a le devoir de savoir sortir d’un avion en cas d’amerrissage et d’expliquer aux personnes qu’on a embarquées comment le faire", explique Mickaël Joly en préambule de cette matinée. Pendant qu’en salle de cours de l’école de pilotage C3P, des vidéos de crash aérien en mer commentées permettent de renforcer le réalisme des situations qu’il est possible de rencontrer, un canot de sauvetage est gonflé dans le hangar. "L’objectif de cette matinée est de donner des conseils pour qu’un amerrissage ne se passe pas trop mal car on ne peut pas compter uniquement sur les facteurs chance ou talent du pilote ! ". Rester attaché ou encore ouvrir la porte de l’appareil avant l’impact et la verrouiller pour ne pas qu’elle ne se referme au moment du crash sont deux exemples de principes de survie qu’il faut connaître. "Le cordon radio peut être une cause de noyade : il est primordial de débrancher les casques et de garder le cordon dans sa main" , souligne Mickaël Joly. Ce dernier insiste pour que les pilotes revoient régulièrement leur procédure avant chaque vol : " Si jamais un accident m’arrivait, qu’est-ce que je ferais ? ".


Organisation de la survie en mer

Les élèves pilotes de C3P devant le canot de sauvetage qu’ils viennent de gonfler dans le hangar de C3P. Cette session est animée par Franck David, plongeur-sauveteur de la 35F. (© C.Flipo).
Les élèves pilotes de C3P devant le canot de sauvetage qu’ils viennent de gonfler dans le hangar de C3P. Cette session est animée par Franck David, plongeur-sauveteur de la 35F. (© C.Flipo).
Le canot est gonflé, les personnes avec leurs gilets ont réussi à se hisser à bord et l’ancre flottante est mise à l’eau : la survie en mer démarre. "On commence par mettre en place la pèlerine sur le canot. Elle va protéger les occupants du soleil voire du froid, surtout la nuit, notamment en cas de vent. L’éponge du kit de secours permettra de nettoyer l’embarcation pour pouvoir récupérer en cas de pluie, une eau douce propre", explique Mickaël. " Si jamais on est dans l’eau et non dans un canot, il faut adopter une position fœtale qui permet de garder la chaleur près des organes vitaux. Ne pas nager même si on est un bon nageur et même si la terre semble proche ! On meurt souvent de fatigue ou de noyade avant de mourir de froid. L’estimation du temps de survie dans une eau supérieure à 20°C est de plusieurs heures », souligne Mickaël. Ne pas boire d’eau de mer. Si on n’a pas d’eau douce à boire, on ne mange pas : on meurt de soif bien avant de mourir de faim... Enfin, la survie en mer, c’est beaucoup de psychologique : on se soutient, on reste en groupe et on s’occupe autant que possible. Les secours arrivent selon un délai plus ou moins long. « Pour un sauvetage sur Maupiti ou Rangiroa, il faut compter un peu plus d'une heure de ralliement après le décollage de l’hélicoptère et 40 minutes pour une intervention du côté de Huahine". La 35F et ses deux Dauphins sont en alerte 24h/24. En 2017, plus de 100 personnes ont été secourues, un record annuel jamais atteint.

Cécile Flipo









La 35F en Polynésie française

La 35F en Polynésie appartient à la flottille 35F à Hyères en France.
Sur Faa’a, 21 personnes sont présentes et deux dauphins N3+ sont en alerte 24h/24.
660 heures de vol sont réalisées chaque année.
En 2017 : 100 personnes ont été secourues, ce qui est un record.
Missions : assistance aux navires en détresse, EVASAN pour atteindre les zones où les avions ne peuvent pas aller (par exemple, quand il n’y a pas de piste sur un atoll), secours maritime, secours à terre de jour et de nuit, participation à la lutte contre les feux de forêt.

Rédigé par Cécile Flipo le Vendredi 4 Mai 2018 à 11:59 | Lu 3941 fois