Tahiti Infos

Colombie: assassinat d'une candidate électorale et de cinq autres personnes


Bogota, Colombie | AFP | lundi 02/09/2019 - Une candidate aux prochaines élections locales prévues fin octobre en Colombie a été assassinée avec cinq autres personnes dans le sud-ouest du pays, ont annoncé les autorités lundi.

Le véhicule blindé à bord duquel se trouvaient Karine Garcia, candidate à la mairie de Suarez (département du Cauca), et ses accompagnants a été dimanche soir la "cible d'un attentat avec des armes de longue portée", puis incendié, a déclaré à l'AFP Jair Rossi, Défenseur du peuple régional, entité publique chargée de la protection des droits.
Dans un tweet, cette institution a condamné ce "massacre" au cours duquel, outre la candidate du Parti libéral, ont été tués sa mère, un candidat au conseil municipal et trois autres personnes dont les identités n'ont pas été précisées.
Karine Garcia avait précédemment reçu des menaces enregistrées par le Défenseur du peuple.
La zone où elle a été assassinée est très affectée par la violence liée au trafic de drogue et à l'exploitation minière clandestine, selon M. Rossi.
"Nous souffrons aujourd'hui, un père, une soeur. Et il reste un enfant de trois ans souffrant les conséquences de l'indolence de ce pays et de ce monde guerrier dans lequel on nous maintient", a déclaré à l'AFP Orlando Garcia, 60 ans, père de la candidate, en précisant qu'elle avait reçu des menaces de partisans de ses adversaires.
Le haut commissaire gouvernemental pour la paix, Miguel Ceballos, a attribué l'attentat au chef d'un groupe de dissidents de l'ex-guérilla Farc qui opèrent dans la zone, connu sous le surnom de Mayimbu. Il a en outre dénoncé l'enlèvement d'un autre candidat du Parti libéral dans le département du Choco (nord-ouest) par l'Armée de libération nationale (ELN), dernière rébellion active du pays.
 

- Région stratégique pour la cocaïne -

 
Le ministre de la Défense, Guillermo Botero, a promis une récompense d'environ 29.000 dollars pour toute information permettant l'arrestation de Mayimbu.
Le Parti libéral a déploré dans un tweet l'assassinat de sa candidate qu'il a attribué à des "terroristes" et il a exigé des garanties de sécurité du gouvernement pour participer au scrutin d'octobre.
La Mission d'observation électorale, composée d'organisations de la société civile, a répertorié les assassinats de cinq candidats "victimes de violence politique" entre le 27 juillet et le 2 septembre.
Par ailleurs, cet attentat porte à 12 le nombre de personnes tuées en 48 heures dans le Cauca.
Un homme et deux femmes ont été tués samedi sur la commune de Cerro Tijera, tandis que les cadavres de trois autres hommes, attachés avec du fil barbelé et la tête dans un sac de plastique noir, ont été découverts dimanche dans la municipalité de Corinto, toujours selon le Défenseur du peuple.
Le Cauca, très touché par le conflit armé et la violence, est une région stratégique pour l'expédition vers les Etats-Unis de tonnes de cocaïne, dont la Colombie est le premier producteur mondial.
Des rebelles de l'ELN, des dissidents Farc et des narco-trafiquants se disputent le contrôle de ce territoire comptant une importante communauté indigène.
Selon le Parquet général, ces groupes armés sont responsables des assassinats de leaders communautaires et de militants des droits humains. Au total, 462 d'entre eux ont été tués depuis le 1er janvier 2016, dont la majorité dans le Cauca, selon le Défenseur du peuple.
Les indigènes de Colombie sont particulièrement affectés: 158 de leurs leaders ont été assassinés depuis la signature fin 2016 de l'accord de paix avec les Farc, dont 94 depuis l'arrivée au pouvoir du président de droite dure Ivan Duque il y a un an, selon l'Organisation nationale indigène de Colombie (ONIC).

le Lundi 2 Septembre 2019 à 13:39 | Lu 489 fois