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Coco rejoint la troupe des immortels


Tahiti, le 10 mars 2020 - Le monde de la culture a rendu un hommage unanime à Coco Hotahota lundi soir à Toata et mardi matin à l’Uranie. La légende du ‘ori tahiti laisse une œuvre immense et un message : sauvegarder la tradition. 
 
Le 'ori tahiti a perdu son maître avec le décès du fondateur de Temaeva Coco Hotahota et les messages de sympathie affluent de toute part.
 
Lundi soir, la grande famille de la danse en général et de Temaeva en particulier était réunie à To’ata pour rendre hommage à celui que tous admiraient. Lors de cette soirée, intitulée Poro'i, soit le message, ils ont salué la mémoire de ce grand homme à travers la danse, les orero, ou encore les himene.
 
Si l’on doit retenir un message de Coco que chaque participant avait sur les lèvres lundi soir, il sera le suivant : “Il faut maintenir la tradition”. Dans une projection, Coco l'a dit sans détour à l’auditoire : “Rien à faire des autres groupes qui font leurs shows cabarets. C'est leur problème et pas le mien car ce sont des répliques exactes des spectacles du monde entier (…). La tradition veut qu'on maintienne tout ce qu'on a. C'est pour cette raison que je disais que la culture a tué la tradition. Nous sommes le seul Pays dans le Pacifique où nous n'avons pas une danse que tous les groupes peuvent danser. Nous n'avons pas un chant où tout le monde peut chanter. C'est le cul qui commande la tête.
 
Coco était présent lundi à To'ata, qui est devenue le temps d’une soirée le fare putuputura’a dédié à la veillée d'un de ses fils les plus illustres. Toute la grande famille de Temaeva était là pour l'accompagner dans son dernier voyage, entourée d’autres groupes qui par leur chants et danses ont fait honneur à ce grand homme du 'ori tahiti. Parmi eux, la troupe O Tahiti e de Marguerite Lai, ou encore l'école de danse de Tiare Trompette. Témoignages, chants, danses et vidéos retraçant quelques grands moments de la vie artistique de Coco Hotahota se sont alors succédé.
 
Mardi matin une messe a été dite en son honneur à l’église protestante de Béthel avant que Coco Hotahota ne rejoigne sa dernière demeure au cimetière de l'Uranie. Une haie d'honneur l’attendait et ce sont deux de ses fils spirituels du monde de la danse, Heremoana Maamaatuaiahutapu, le ministre de la Culture, et Maurice Lenoir, qui ont déclamé les orero pour celui qui a rejoint Rohotu No’ano’a. Tous les présents s’accordant à penser qu'il vient d’y retrouver Henri Hiro, Alec Ata, Madeleine Mou'a et Pierre Sham Koua …       

“Je suis fâchée après lui”

Iris Te'ai (ancienne membre du jury du Heiva) et Maurice Lenoir (ancien élève de Coco Hotahota et professeur au conservatoire)

Iris Te’ai : “On dit toujours les mêmes mots. C'est un grand qui s'en va. C'est fiu tous ces termes-là (…) Je suis sûre il n'a pas envie de tout cela. Depuis l'annonce de son décès, je suis fâchée après lui. Il m'avait promis de rester encore. Promesse non tenue, cela mérite une peine exemplaire.”

Quelle peine exemplaire ?
Je vais continuer à l'aimer, à l'aimer au-delà… Coco, pourquoi tu es parti vraiment ? Ah je sais tu es allé voir Moeava (Alec Ata, ndlr). Je suis sûre que de là-haut tu es en train de te marrer avec Moeava et mon frère Charles (Carlos Quintos, ndlr), avec Henri Hiro, Pierre Sham Koua, avec tous ceux qu'on a aimés. Et puis vous pensez que vous êtes malins. De quoi on a l'air vu de là-haut ? J'aimerais avoir une réponse. S'il n'y a pas de réponse, c'est que cela ne doit pas être bien.”

Maurice Lenoir : “Il est en train de se moquer de toi.”

Iris Te'ai : “Je ne sais pas s'il se moque de moi”. S’adressant à Coco : “Finalement Maurice est mieux que toi, car au moins il est vivant, je peux le tenir le toucher. Coco je t'aime, et j'aime tous ceux que tu as rencontrés depuis. Moeava, lui et mon frère étaient tellement unis, il y a aussi Henri, Pierre Sham Koua… Tous ces grands là qu'on a admiré et qu'on aimera toujours finalement. Alors c'est cela la punition, c'est qu'on est obligé de les aimer alors qu'ils ne sont plus ? Non mais ils se prennent pour qui là. Ça ne va pas là, il faut que cela change quand même. Enfin c'est ainsi.”

Maurice Lenoir : “Je suis sûr qu'il se dit ‘tout ce que j'ai donné à ce Pays, est-ce que les jeunes l’ont bien retenu,  je vais bien rigoler lorsqu'ils viendront me voir’. C'est bien Coco cela.”

Iris Te’ai : “Coco embrasse ceux qui sont là-haut, ceux qui sont partis avant toi. Dit leur que notre amour pour eux est toujours là.”

Voir aussi la vidéo des funérailles de Coco Hotahota


Rédigé par Vaite Urarii Pambrun le Mardi 10 Mars 2020 à 18:36 | Lu 2175 fois