Paris, France | AFP | lundi 21/07/2025 - Des blanchisseurs en France, des "chimistes" colombiens, deux figures de la criminalité organisée et des centaines de kilos de cocaïne qui auraient été dissous dans 22 tonnes de canne à sucre en provenance d'Amérique latine: un procès aux assises a été ordonné à Paris pour 17 personnes.
L'enquête est partie en mars 2021 d'un signalement de l'inspection du travail sur une fraude basique au dispositif d'aide au chômage partiel pendant l'épidémie de Covid-19, selon l'ordonnance du 2 juillet de deux juges d'instruction spécialisées en criminalité organisé, dont l'AFP a eu connaissance lundi.
De découvertes en découvertes, les douaniers du Service d'enquêtes judiciaires des finances et les policiers de l'Office anti-stupéfiants (Ofast) vont faire émerger une organisation bicéphale de haut niveau dans ce dossier surnommé "Canne à sucre".
Un premier groupe basé en France serait dirigé par Mourad Douadi, Algérien de 45 ans en fuite et possiblement localisé à Dubaï, déjà condamné en 2018 avec 35 autres prévenus dans le volet le plus spectaculaire de la "taxe carbone", avec 385 millions d'euros détournés au fisc français.
Son "réseau" serait spécialisé dans la "création de fausses sociétés ayant permis tant l'escroquerie aux aides Covid que les opérations d'importations de stupéfiants et de tabac puis de blanchiment", d'après l'ordonnance.
Une seconde cellule, colombienne, servirait à l'importation transnationale de stupéfiants.
A sa tête, Adalberto Patino Pareja, Colombien de 65 ans en détention provisoire à Fleury-Mérogis (Essonne), bras droit présumé d'un homme lié au "Clan del Golfo", le plus grand cartel de drogue du pays.
Alors que le parquet demandait que les deux hommes soient jugés par la cour d'assises spécialement composée pour direction d'un groupement ayant pour objet le trafic de stupéfiants, les deux magistrates instructrices n'ont retenu ce crime passible de la perpétuité que pour Mourad Douadi.
Au total, 16 hommes et une femme sont renvoyés: dix sont détenus en France, quatre sont sous contrôle judiciaire et trois sont en fuite et sous mandat d'arrêt.
Selon une source proche du dossier, la cour d'appel de Paris est saisie d'un appel sur cette ordonnance.
- "Ultra flou" -
D'après l'enquête, le dossier porte sur l'importation de "plusieurs dizaines de tonnes de substances dangereuses sur le territoire européen voire jusqu'en Australie et ce depuis l'Amérique centrale, l'Amérique du Sud ou encore le Moyen-Orient".
Les Colombiens, surnommés les "chimistes" ou les "cuisiniers", seraient venus en Espagne début 2022 pour "extraire" d'une cargaison de 22 tonnes de canne à sucre de la cocaïne, possiblement en centaines de kilos et à l'aide d'un procédé technique.
"L'ingéniosité du procédé destiné à dissimuler aux autorités la présence de stupéfiants dans cette cargaison n'avait d'égal que la complexité des opérations destinées à assurer - sans éveiller l'attention - l'expédition, la réception et le stockage de ce conteneur", souligne l'ordonnance.
Le rôle des colombiens est "ultra flou" a tempéré une source proche du dossier.
Le chargement aurait été importé et dissimulé grâce à une myriade de sociétés-écran liées à Mourad Douadi, décrit comme la "tête du réseau".
Les interpellations ont eu lieu en France et en Espagne au printemps 2022, au moment où la marchandise arrivait en France sous surveillance des enquêteurs.
Cette alliance franco-colombienne se voit aussi imputer d'autres faits: "12 tonnes de tabac" découverts en Belgique sous couvert de pâte de datte ; 600 kg de cocaïne dissimulés dans 75 tonnes de sable à Carthagène (Colombie) ; les saisies de deux fois 200 kg de méthamphétamine en 2022 et 2023 en Allemagne et aux Pays-Bas.
Soit pour cette seule drogue de synthèse, une valeur estimée à 88 millions d'euros.
"Les mis en examen ont tous nié leur participation dans ces trafics et organisations, estimant y être totalement étrangers ou trop naïfs pour savoir ce qui pouvait se cacher derrière les +services+ qu'ils rendaient", remarquait le ministère public en avril.
Mourad Douadi, "manifestement expatrié aux Émirats arabes unis", est resté "hors de portée des enquêteurs", précise l'ordonnance, regrettant le manque de coopération dubaïote.
D'après L'Obs, il a été arrêté dans ce pays en mai 2022 puis relâché.
Sollicités, plusieurs avocats de mis en cause n'ont pas répondu à l'AFP.
L'enquête est partie en mars 2021 d'un signalement de l'inspection du travail sur une fraude basique au dispositif d'aide au chômage partiel pendant l'épidémie de Covid-19, selon l'ordonnance du 2 juillet de deux juges d'instruction spécialisées en criminalité organisé, dont l'AFP a eu connaissance lundi.
De découvertes en découvertes, les douaniers du Service d'enquêtes judiciaires des finances et les policiers de l'Office anti-stupéfiants (Ofast) vont faire émerger une organisation bicéphale de haut niveau dans ce dossier surnommé "Canne à sucre".
Un premier groupe basé en France serait dirigé par Mourad Douadi, Algérien de 45 ans en fuite et possiblement localisé à Dubaï, déjà condamné en 2018 avec 35 autres prévenus dans le volet le plus spectaculaire de la "taxe carbone", avec 385 millions d'euros détournés au fisc français.
Son "réseau" serait spécialisé dans la "création de fausses sociétés ayant permis tant l'escroquerie aux aides Covid que les opérations d'importations de stupéfiants et de tabac puis de blanchiment", d'après l'ordonnance.
Une seconde cellule, colombienne, servirait à l'importation transnationale de stupéfiants.
A sa tête, Adalberto Patino Pareja, Colombien de 65 ans en détention provisoire à Fleury-Mérogis (Essonne), bras droit présumé d'un homme lié au "Clan del Golfo", le plus grand cartel de drogue du pays.
Alors que le parquet demandait que les deux hommes soient jugés par la cour d'assises spécialement composée pour direction d'un groupement ayant pour objet le trafic de stupéfiants, les deux magistrates instructrices n'ont retenu ce crime passible de la perpétuité que pour Mourad Douadi.
Au total, 16 hommes et une femme sont renvoyés: dix sont détenus en France, quatre sont sous contrôle judiciaire et trois sont en fuite et sous mandat d'arrêt.
Selon une source proche du dossier, la cour d'appel de Paris est saisie d'un appel sur cette ordonnance.
- "Ultra flou" -
D'après l'enquête, le dossier porte sur l'importation de "plusieurs dizaines de tonnes de substances dangereuses sur le territoire européen voire jusqu'en Australie et ce depuis l'Amérique centrale, l'Amérique du Sud ou encore le Moyen-Orient".
Les Colombiens, surnommés les "chimistes" ou les "cuisiniers", seraient venus en Espagne début 2022 pour "extraire" d'une cargaison de 22 tonnes de canne à sucre de la cocaïne, possiblement en centaines de kilos et à l'aide d'un procédé technique.
"L'ingéniosité du procédé destiné à dissimuler aux autorités la présence de stupéfiants dans cette cargaison n'avait d'égal que la complexité des opérations destinées à assurer - sans éveiller l'attention - l'expédition, la réception et le stockage de ce conteneur", souligne l'ordonnance.
Le rôle des colombiens est "ultra flou" a tempéré une source proche du dossier.
Le chargement aurait été importé et dissimulé grâce à une myriade de sociétés-écran liées à Mourad Douadi, décrit comme la "tête du réseau".
Les interpellations ont eu lieu en France et en Espagne au printemps 2022, au moment où la marchandise arrivait en France sous surveillance des enquêteurs.
Cette alliance franco-colombienne se voit aussi imputer d'autres faits: "12 tonnes de tabac" découverts en Belgique sous couvert de pâte de datte ; 600 kg de cocaïne dissimulés dans 75 tonnes de sable à Carthagène (Colombie) ; les saisies de deux fois 200 kg de méthamphétamine en 2022 et 2023 en Allemagne et aux Pays-Bas.
Soit pour cette seule drogue de synthèse, une valeur estimée à 88 millions d'euros.
"Les mis en examen ont tous nié leur participation dans ces trafics et organisations, estimant y être totalement étrangers ou trop naïfs pour savoir ce qui pouvait se cacher derrière les +services+ qu'ils rendaient", remarquait le ministère public en avril.
Mourad Douadi, "manifestement expatrié aux Émirats arabes unis", est resté "hors de portée des enquêteurs", précise l'ordonnance, regrettant le manque de coopération dubaïote.
D'après L'Obs, il a été arrêté dans ce pays en mai 2022 puis relâché.
Sollicités, plusieurs avocats de mis en cause n'ont pas répondu à l'AFP.





































