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Chirac, "le plus grand bienfaiteur de la Polynésie"


PAPEETE, le 26 septembre 2019 - Gaston Flosse salue la mémoire de Jacques Chirac en évoquant "un ami, bien sûr mais surtout un frère et peut-être, de tous les présidents de la République, le plus grand bienfaiteur de la Polynésie française".

Comment avez-vous appris la mort de Jacques Chirac ?
En pleine nuit. Il devait être 1 heure du matin lorsque j’ai reçu ce coup de fil. Je me suis assis sur mon lit. J’ai fondu en larmes. Je ne pouvais pas me retenir. J’ai perdu un ami, bien sûr mais surtout un frère et peut-être, de tous les présidents de la République, le plus grand bienfaiteur de la Polynésie française. C’était vraiment un metua pour nous. Toutes les grandes réalisations ont été faites ensemble, beaucoup grâce à lui. Avec son appui, ses encouragements. Et surtout sa participation. (…) C’est ensemble, vraiment, que nous avons créé Air Tahiti Nui, l’université, également (…). On en parlait depuis huit ans de cette université-là. Mais jamais personne n’avait mis les crédits. Et c’est Jacques Chirac qui a mis les premiers crédits. Nous avons lancé cette université qui, j’espère s’appellera l’université Jacques Chirac. Elle mérite son nom.
 
Vous l’avez connu avant même qu’il soit président.
Ah oui. Bien avant.
 
Quel était l’homme Jacques Chirac ?
Un homme chaleureux, accueillant, aimant et sincère dans tout ça. Très sincère.
 
Qu’avez-vous appris de lui ?
De ne pas se décourager. Il me disait : "Tu vois moi, j’ai été battu aux présidentielles deux fois, et je recommence. Ne te laisse pas abattre ! Jamais. Il faut toujours lutter. Il faut rester debout". Vous savez, souvent, il m’appelait le dimanche matin : "Gaston, tu es à Paris ? – Oui. – As-tu un moment ? – Oui. – Viens à l’Elysée." Et on marchait dans le jardin qu’il y a derrière l’Elysée. Il y a une fontaine. Et on parlait. On parlait de la Polynésie. Surtout au moment du statut. Il était très attentif à ce statut-là. Et je me rappelle toujours une conversation importante, lorsqu'il m'a dit : "Tu sais Gaston, avec ce statut, ce n’est plus l’autonomie. Ce n’est pas l’indépendance non plus." Je lui ai répondu que l’essentiel c’est le contenu. Et ce contenu convenait tout à fait à la Polynésie. Et il m'a dit : "Tu sais, c’est une voie nouvelle que l’on ne retrouve pas dans la Constitution de la République. Il faut creuser. Mais sois prudent." Il est allé vraiment très loin. (…) Et ce qui a apporté sa décision… Il a hésité à un moment donné. Je lui ai dit : "Jacques, avec le président Mitterrand nous avons mis en place cette autonomie en 1984. Nous sommes en 2004, vingt ans après. Y a-t-il eu un dérapage quelconque à un moment donné ? Avons-nous outrepassé nos compétences ? Sommes-nous allés grignoter celles de l’Etat ?" - "Non, c’est vrai, tu as raison". Et il me disait : 'Tu sais, ça je le fais parce que c’est toi. Mais qui viendra après ?"
 
Jacques Chirac est venu en Polynésie. Quel souvenir avez-vous de cette visite ?
Oui, en juillet 2003. J’ai été très heureux de l’accueillir ici. Lui-même a été heureux d’être là. Et la population heureuse de sa visite. Il y a vraiment eu une symbiose entre lui et la population. Il était enflammé.
Il aimait le punch. J’ai une petite recette de punch que je tiens de mon père. Il aimait bien ça. Il adorait ça. Bernadette était là, lors des dîners. Un soir, il en avait déjà bu deux. Il en était au troisième. Bernadette l'a sommé d’arrêter. Ils se vouvoyaient : "Jacques, arrêtez ! Ca suffit comme ça". Il s’est tourné vers moi et m’a demandé de lui passer mon verre par-dessous la table (rires). Et Bernadette qui avait bien vu le coup : "Je vous ai dit d’arrêter ! Gaston, arrête !"
 
Avez-vous l’intention de vous rendre à ses obsèques ?
Ah, oui, oui. Je suis en train de voir avec Air Tahiti Nui pour prendre le premier avion pour Paris.

Rédigé par Propos recueillis par Radio 1 le Jeudi 26 Septembre 2019 à 20:00 | Lu 3131 fois