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Ce que l'opposition pense d'un reconfinement


Antony Géros, Teura Iriti et Nuihau Laurey, jeudi à Tarahoi.
Antony Géros, Teura Iriti et Nuihau Laurey, jeudi à Tarahoi.
Tahiti, le 29 octobre 2020 - Les chefs de file des groupes d'opposition à l'assemblée de Polynésie française ne sont globalement pas favorables à une décision de reconfinement.

​"N’attendons pas des mesures drastiques", interpelle Teura Iriti

Questionnée jeudi sur la pertinence d'un re-confinement au regard de la situation sanitaire, la présidente du groupe Tahoera'a Huiraatira, Teura Iriti, préfère en appeler au rôle fondamental de tout un chacun pour faire face à la propagation du virus.

"Permettez-moi de renverser la question. Les chiffres qui nous sont présentés montrent effectivement une augmentation de covidés. Il s’agit pour chacun de nous de se poser la question : Qu’est-ce que l’on peut faire ? Et n’attendons pas de nos responsables qu’ils prennent des mesures drastiques – couvre-feu, confinement, etc. – alors que nous pouvons nous-mêmes prendre ces mesures, à commencer par les mesures barrières. On constate qu’il y en a certains qui ne sont pas conscients de ce qui se passe. Je veux leur dire : Si vous ne voulez pas vous protéger, protégez au moins ceux qui sont vulnérables. Protégez vos aînés, ceux qui sont malades. Et pensez surtout à ceux qui travaillent jour et nuit à l’hôpital pour soigner nos familles. A un moment donné, ils ne pourront plus continuer. (…) On se pose souvent la question des décisions que doivent prendre nos décideurs. Mais nous, que faisons-nous ? Nous avons tout un chacun un rôle à jouer. Et la meilleure solution aujourd’hui, pour nous, élus, c’est de faire de l’information de proximité."

​"On va gagner quoi en confinant ?", interroge Antony Géros

Le président du groupe Tavini Huiraatira et maire de Paea, Antony Géros estime qu'un confinement serait une mesure fatale pour une économie polynésienne déjà en proie en 2020 à des difficultés suite au confinement de fin mars à mi-mai dernier. Il préconise de laisser les coudées franches aux médecins généralistes afin de leur permettre de prescrire des traitements qui évitent l'aggravation de l'infection par le Covid-19. Quant à la population, il lui faut "respecter les gestes barrières".
 
"On va gagner quoi en confinant ?", questionne-t-il "Rien du tout. On va ralentir la machine économique. Peut-être que l’on aura moins de covidés, mais on aura à la place des personnes sans emploi, qui vont retourner dans une vie de misère. Ce n’est pas possible. Et là, les caisses du Pays étant complètement à plat, on est obligés d’aller emprunter à l’Etat ce que l'on n'a plus pour accompagner notre population. Aujourd’hui, il faut prendre le taureau par les cornes et faire comprendre aux gens que quand on nous dit qu’il va falloir apprendre à vivre avec ce virus, il faut respecter les gestes barrière et permettre aux médecins de prescrire. Il y a un réseau de médecins généralistes qui prescrivent contre le Covid-19 et beaucoup arrivent à guérir leurs malades, sans parler forcément d’hydroxychoroquine. Face à un virus qui n’a pas encore de vaccin, il faut travailler soit avec les défenses immunitaires, soit avec des traitements pour prévenir l’aggravation. C’est l’aggravation qui conduit à l’hospitalisation des malades." 

​"J’attends que le président prenne ses responsabilités" (Nuihau Laurey)

Confinement ou pas ? Là n'est pas la question pour Nuihau Laurey, ancien sénateur et membre du groupe d'opposition A Here ia Porinetia. Pour lui, c'est la responsabilité des décideurs qui est en question.
 
"J’ai le sentiment qu’il y a toujours le même déni de réalité de la part du président et du gouvernement, qui nous fait encore ce matin un spectacle d’autosatisfaction. Vous me demandez si je suis favorable ou non à une décision de confinement. J’attends que le président prenne ses responsabilités et nous les commenterons ensuite. Mais je suis comme n’importe quel citoyen. Je constate qu’il y a un nombre exceptionnellement élevé de cas Covid en Polynésie. (…) J’attends des décisions des autorités sanitaires, du ministre de la santé, parce que je ne suis pas épidémiologiste, ni spécialiste de santé publique. Ensuite, si ces décisions sont mauvaises, qu’on me le dise en tant qu’élu et citoyen. Aujourd’hui, des décisions catastrophiques sont prises sur le plan sanitaire et économique et le gouvernement, président en tête, nous explique que l’on ne pouvait pas faire autrement."


Rédigé par Propos recueillis par Jean-Pierre Viatge le Jeudi 29 Octobre 2020 à 15:09 | Lu 3623 fois