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Carnet de voyage à Nuku Hiva : vibrez sur les tohua de Hatiheu


La baie de Hatiheu, lorsque l'on arrive par la route de Taipivai. Les sites restaurés sont cachés par la végétation.
La baie de Hatiheu, lorsque l'on arrive par la route de Taipivai. Les sites restaurés sont cachés par la végétation.
PAPEETE, le 18 septembre 2015: Il y a quelques années, les hauteurs de la vallée de Hatiheu n'étaient que brousse impénétrable et forêt à nono. Aujourd'hui, plusieurs ensembles architecturaux exceptionnels s'offrent au visiteur. Tahiti Infos est allé explorer ces sites qui conjuguent l’histoire au passé et au présent…

À un peu plus d'une heure de Taiohae, sur la grande île de Nuku Hiva, dans le groupe nord du Fenua Enata, se dressent les pics de la vallée de Hatiheu, éperons de basalte plongeant leurs verticalités de magma figé dans l'océan.
Ici, vivaient jadis des clans apparentés à la grande tribu cannibale des Taïpi (qui occupaient la vallée voisine de Taipivai, où séjourna le célèbre écrivain Herman Melville). Dans ces temps reculés, on ne vivait pas toujours au bord de la mer : la peur des tsunamis et des attaques d'autres clans poussait les tribus à s'installer plus à l'intérieur des vallées, dos aux remparts de lave des montagnes.
C'est ainsi que si l'on trouve un grand tohua (place communautaire) à Hatiheu en bord de mer, pas très loin du restaurant de la célèbre Yvonne, maire du village et chevalier de la Légion d'honneur, la plupart des autres (six grands espaces) sont situés plus loin dans les terres, de trois cents mètres à plus d'un kilomètre du rivage.


Trois tohua à explorer

Un étrange tiki à tête de tortue rappelle le tabu qui pesait sur cet animal, jadis respecté
Un étrange tiki à tête de tortue rappelle le tabu qui pesait sur cet animal, jadis respecté
Pour le visiteur se rendant une journée en excursion à Hatiheu, trois tohua sont aisés à visiter : en descendant du col Teavaitapuhiva, le premier se situe à droite de la route ; il s'agit de l'ensemble cérémoniel de Kamuihei, voisin, à gauche de la route, de celui de Tahakia, situé juste en contrebas.
Plus près du village, plus aéré aussi, celui de Hikokua clôture cette série de découvertes faciles d’accès.
Il est également possible, à pied, dans la même vallée, de se faire guider jusqu'aux tohua de Pahumano, Naniuhi et Maikuku (ce dernier sensiblement à la même hauteur que Kamuihei).
Outre un dégagement de la gangue verte qui enserrait tous ces sites, la restauration, menée par Pierre Ottino-Garanger, a permis de rassembler toute la population concernée par cette réappropriation de son passé, avec, en renfort, des appelés du SMA de Hiva Oa et leur encadrement. Avant de penser à reconstruire, rebâtir, relever des murs, il fallut d'abord débrousser, les responsables de la restauration n'ayant laissé que les arbres à forte signification sur le site (banians, badamiers, bancouliers…).


Une renaissance datant de quinze ans

Des tiki contemporains de la restauration du site et du grand Festival des arts qui a suivi. Le lien avec le passé a été renoué.
Des tiki contemporains de la restauration du site et du grand Festival des arts qui a suivi. Le lien avec le passé a été renoué.
L'aventure ne cessa pas après le réalignement des pierres. Tout ce qui pouvait être fouillé le fut et le prolongement naturel de ce travail tourné vers le passé a été la reconstruction de parties périssables ; maisons d'habitation et lieux de cérémonie par exemple (en bois sculptés et palmes tressées).
Le cinquième Festival des arts des Marquises, qui se tint en 1999, avait en effet pour ancrage l'île de Nuku Hiva et les centaines de participants ne pouvaient rêver mieux que ces sites restaurés, prêts à être rechargés en mana.
Est-il utile de préciser que cette grande fête, dans pareil cadre, fut grandiose ? Tout Nuku Hiva, mais bien au-delà, toutes les Marquises se souviennent encore de ce festival si riche en événements et si haut en couleur. Tout comme on se rappelle avec émotion du dixième Festival qui se tint, lui aussi, à Nuku Hiva, en 2011 (le 12e se tiendra en décembre 2015, à Hiva Oa)


Musique, chants et danses

Aujourd'hui, le silence est revenu sur les dalles noires et humides de la vallée de Hatiheu. Mais le travail des hommes a bien résisté au temps, les tohua ont plus de patine et sont sans doute encore plus évocateurs, désormais riches du souvenir de musiques, de chants et de danses bien plus récents. Le lien avec le passé a été renoué et le visiteur en a conscience dès ses premiers pas sur ces pierres.
La restauration fut le fruit d'un "projet partagé", comme le définit avec passion l'archéologue Pierre Ottino-Garanger ; la renaissance des sites le fut tout autant. À votre tour de vibrer sur place et de ressentir fortement cette impression que l'histoire, ici, ne s'est pas arrêtée il y a un siècle et demi.
Ka'oha nui à Hatiheu !




Le grand tohua Kamuihei est le premier sur lequel on arrive en descendant sur Hatiheu.
Le grand tohua Kamuihei est le premier sur lequel on arrive en descendant sur Hatiheu.

À lire avant de partir

Carnet de voyage à Nuku Hiva : vibrez sur les tohua de Hatiheu
- "Archéologie chez les Taïpi" (Pierre Ottino-Garanger) : le récit de la restauration des sites de Hatiheu avec toute la population (Ed. Au vent des îles).
- "Taïpi" (Herman Melville), roman écrit après le séjour de l'auteur chez les cannibales de Taipivai.
- "Les derniers sauvages" (Max Radiguet) : émouvant ; à glisser dans votre sac impérativement.
- "Souvenirs d'un vieux Normand" (William Leblanc) : un roman écrit sous forme de biographie ; étonnant ! (Ed. Au vent des îles).




Les bonnes adresses “Séjour dans les îles”

La vue sur la baie de Taiohae, depuis la terrasse de l’un des bungalows du Nuku Hiva Keikahanui Pearl Lodge.
La vue sur la baie de Taiohae, depuis la terrasse de l’un des bungalows du Nuku Hiva Keikahanui Pearl Lodge.
Les Marquises, c’est loin ! Et c’est un peu cher. Profitez des tarifs groupés “avion+ hébergement” proposés par “Séjours dans les îles”, en sachant que si le premier prix est à environ 61 000 Fcfp/2nuits/pers., Nuku Hiva mérite bien quatre jours pleins pour être explorée. Une fois sur place, la nuit supplémentaire n’est pas si chère…

Pension Mave Mai
La pension Mave Mai surplombe le village pittoresque de Taiohae. 8 chambres climatisées sont reparties soit au rez-de-chaussée (5 chambres pour 3 à 4 personnes), soit à l'étage (3 chambres pour 2 personnes), dans un bâtiment de style moderne. Les petits déjeuners sont pris sur la grande terrasse face à la superbe vue sur la baie de Taiohae. Une petite équipe est au service des visiteurs, aux heures des repas et en début de soirée. Un hébergement bien situé, avec une belle vue, au coeur du village et à proximité des principales facilités, idéal pour des visiteurs indépendants.
Tel. : (689) 92 08 10
Fax : (689) 92 08 10
Email : [email protected]

Nuku Hiva Keikahanui Pearl Lodge

Situé à flanc de colline, le Nuku Hiva Keikahanui Pearl Lodge surplombe le village et la somptueuse baie de Taiohae. Une belle plage de sable noir se trouve à 200 mètres de là. Vingt bungalows (6 “jardins”, 6 “vue océan”, 8 “premium vue océan”), avec terrasse panoramique, sont disséminés en pleine nature. Avec leur décor d'inspiration marquisienne, ils combinent harmonieusement atmosphère locale et confort moderne (climatisation, télévision, vidéo, téléphone direct, sèche cheveux, minibar, nécessaire à thé et café, coffre-fort). Le restaurant vous propose une cuisine savoureuse. Et après une journée bien remplie, rien de tel que de se prélasser dans la piscine à débordement, qui domine un panorama à couper le souffle.

Tel : (689) 92 07 10
Fax : (689) 42 99 14
Mail : [email protected]
Site : www.pearlresorts.com

Rédigé par Textes et photos : Daniel Pardon le Vendredi 18 Septembre 2015 à 15:42 | Lu 2588 fois