Tahiti Infos

Calédonie: Rocard salué comme un père de la paix qui doit inspirer l'avenir


Les hommages à Michel Rocard se sont poursuivis mardi en Nouvelle-Calédonie, où l'échiquier politique dans son ensemble a salué celui qui a su ramener la paix en 1998 et doit inspirer l'avenir à l'aube d'échéances politiques cruciales.

A l'ouverture de sa séance hebdomadaire, le gouvernement collégial a observé une minute de silence à la mémoire de cet "homme de premier plan dans l'histoire récente de la Nouvelle-Calédonie".

"Plus que jamais, sa volonté et sa raison doivent nous inspirer dans nos réflexions et discussions sur la sortie de l'Accord de Nouméa", a indiqué l’exécutif calédonien, en référence au référendum d'autodétermination qui aura lieu au plus tard en 2018.

Dès son arrivée à Matignon en mai 1988, Michel Rocard s'était emparé du dossier calédonien, alors que régnait dans l'archipel une situation explosive, après l'assaut sanglant de la grotte d'Ouvéa, le 5 mai, et une décennie de heurts entre caldoches non indépendantistes et kanaks indépendantistes.

Sa méthode basée sur le dialogue et l'écoute aboutit contre toute attente à une emblématique poignée de main entre Jacques Lafleur et Jean-Marie Tjibaou le 26 juin 1988 lors de la signature des accords de Matignon.

Aujourd'hui encore à Nouméa, où la paix perdure depuis 28 ans, cet épisode reste qualifié de "miracle de Matignon" dont Rocard, Lafleur et Tjibaou sont les figures tutélaires.

Dix ans après les accords de Matignon, celui de Nouméa a poursuivi le processus de décolonisation progressive accompagné par l'Etat. Michel Rocard était aux premières loges lors de sa signature le 4 mai 1998 par Lionel Jospin et les acteurs locaux.

"La Nouvelle-Calédonie perd une conscience et une voix forte", estime dans un communiqué le syndicat Usoenc (affilié à CFDT).

L'Union Calédonienne (UC-FLNKS), dont était issu M.Tjibaou, a rendu hommage "à son esprit humaniste et à son intelligence politique". "Michel Rocard restera le premier haut responsable de l'Etat français qui a su reconnaître le bien-fondé de la revendication d'indépendance du peuple kanak".

Le sénateur Pierre Frogier (LR), ancien président du gouvernement collégial, a lui estimé que "la Nouvelle-Calédonie perd(ait) un ami", souhaitant "ardemment que l'héritage de Michel Rocard (...) permette aux Calédoniens de tourner définitivement le dos aux affrontements stériles pour marcher sur la voie d'un nouvel accord".

L'ancien Premier ministre, dont un des petit-fils vit sur le Caillou, est intervenu jusqu'à la fin de sa vie dans le débat calédonien.

Lors d'une interview à un quotidien local en novembre 2015, il avait considéré que l'indépendance de la Nouvelle-Calédonie serait "une espèce de bizarrerie". "Plus personne n'est indépendant nulle part (...) L'indépendance, c'est une référence à la liberté de décision, à la liberté d'analyse de celui qui décide".

avec AFP


Rédigé par RB le Mardi 5 Juillet 2016 à 05:09 | Lu 653 fois