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Budget de la CPS : "en 2013, on ne distribuera que ce que l’on pourra encaisser", précise Luc Tapeta


Le siège de la Caisse de Prévoyance sociale, à Mamao
Le siège de la Caisse de Prévoyance sociale, à Mamao
Le conseil d'administration du Régime général des salariés de la Caisse de prévoyance sociale travaille à l'élaboration de son budget pour 2013. Les débats, prévus pour se tenir jeudi et vendredi 16 novembre se déroulent dans un contexte économique en dégradation, avec une baisse constante des cotisations depuis quatre ans, un conflit encore latent avec les professionnels de santé, et une réforme de la retraite qui tarde à se mettre en place, attaquée devant le Conseil d'Etat, et qui pourrait représenter à elle seule près de 10 milliards Fcfp de déficit en 2013. Le RGS tente de trouver l'équilibre de sa branche maladie, alors que le déficit prévionnel de ce volet de couverture est estimé à 450 millions Fcfp en 2012 et que les prévisions 2013 envisagent une baisse des recettes de cotisations de 2,7 Mds Fcfp. Un travail de funambule que commente Luc Tapeta, le président du conseil d'administration de la CPS.
Après validation par le conseil des ministres, ce budget doit être rendu applicable avant le 31 décembre prochain.


Tahiti infos : Quelle est la problématique en chiffres à laquelle vous tentez de répondre, pour le budget du Régime général des salariés de la CPS en 2013.

Luc Tapeta : Notre préoccupation est de mettre des recettes en face des dépenses. Mais surtout de faire en sorte que les dépenses soient réalisées de la manière la plus économique possible.
La plupart des recettes viennent des cotisations. Nous avons une évolution de la masse salariale globale depuis plusieurs années (…) qui est en baisse. Une observation conjoncturelle, par secteur d’activité, nous permet de constater que l’on perdra en 2013 entre 3 et 3,5% de masse salariale, (…) soit entre 5 et 6 Mds Fcfp d’assiette. Cela entraine une baisse des cotisations estimée à 5,5% pour 2013. Appliqué à la maladie, 50 Mds Fcfp en 2012, cela représente 2,7 Mds Fcfp de cotisations en moins pour 2013, selon nos projections : dans l’élaboration du budget 2013, on part avec une impasse de 2,7 Mds Fcfp.
De l’autre côté nous avons les dépenses constatées, évaluées au 31 décembre de cette année pour lesquelles on observe un léger fléchissement mais pas suffisant pour absorber ces 2,7 Mds Fcfp.
La problématique est de savoir comment nous allons trouver 2,7 Mds d’économies, sauf à augmenter les cotisations.
On connaît de l’autre côté la situation de la retraite : toutes les réformes mise en œuvre pour apporter l’équilibre ont été attaquées systématiquement.

Luc Tapeta
Luc Tapeta
Tahiti infos : Justement pour parvenir à l’équilibre vous pouvez actionner divers leviers et de manière simpliste : baisse des dépenses, augmentation des recettes.

Luc Tapeta : L’augmentation des recettes est exclue. L’effort demandé aux entreprises et aux salariés, aujourd’hui, ne peut pas être augmenté sauf à mettre en péril le tissu économique. Pour la retraite, l’équilibre sera obtenu avec une dégradation du service rendu pour les départs en retraite anticipé conjugué avec une augmentation des cotisations.
On ne peut pas envisager d’ajouter 5 points de cotisation retraite en plus, progressivement (à l’horizon 2017, ndlr) et en plus augmenter les cotisations maladie.


Tahiti infos : Vous excluez une augmentation des cotisations, la réforme du régime de retraites est encore pendante devant le Conseil d’Etat, envisagez-vous une diminution des prestations ?

Luc Tapeta : Oui, toutes les discussions que nous avons vont dans ce sens. On demande aux professionnels de santé un effort de -5% pour 2013. Tout cela est conventionnel et vous savez que pour l’instant leur réponse est négative, au contraire ils veulent plus. On fera avec ce que l’on a.

Tahiti infos : La réforme des retraites est attaquée devant le Conseil d’Etat. L’impact financier de ce recours a été estimé à 9,9 Mds Fcfp pour 2013. Cela met-il en péril la caisse de retraites ?

Luc Tapeta : Les gens qui clament cela ne connaissent rien à la chose et s’improvisent spécialistes, ameutent la population dans un cadre électoraliste avec des propos anxiogènes. Nous avons pris des dispositions pour repousser l’horizon de viabilité de la retraite à 2030. Il n’est pas en faillite. Si la loi de Pays était appliquée, nous serions dans un processus normal. Si rien n’est fait, ces 9,9 Mds Fcfp seront pris sur les réserves. Mais cette estimation ne vaut que pour autant que le conseil d’Etat ne se prononce pas en 2013.

Tahiti infos : Tout cela ébranle-t-il le dispositif de la Protection sociale généralisée ?

Luc Tapeta : Nous avons des solutions, encore faut-il les rendre applicables. Pour la maladie nous avons proposé un régime unique, pour uniformiser les niveaux de prestation ; des cotisations du premier franc au dernier, sur l’ensemble des revenus, en élargissant l’assiette.
(…) Les entreprises contribuent déjà à 73% des recettes maladies, sur l’ensemble des recettes de financement de la PSG, 76,5 Mds Fcfp sur 105 Mds Fcfp en 2012 : il faut arrêter. Le poids des charges peut mettre les entreprises en péril.


Tahiti infos : Quelles sont les réponses budgétaires que vous souhaitez mettre en place pour répondre aux enjeux la PSG ?

Luc Tapeta : Les administrateurs se prononceront. Je lance pour ma part un message : en 2013, on ne distribuera que ce que l’on pourra encaisser, par principe de saine gestion. Tous ceux qui n’ont pas encore pris conscience que le pays est en crise et qui osent nous demander plus se trompent de guichet.
Pour la retraite, la réponse est dans la loi de Pays. Pour la maladie, en 2012 le budget prévoit un déficit de 450 millions Fcfp. Toutes les mesures prises pour rétablir la situation, notamment celle concernant les génériques, ont systématiquement été attaquées. Toutes ces lenteurs nous pénalisent.

Rédigé par Jean-Pierre Viatge le Vendredi 16 Novembre 2012 à 11:41 | Lu 2661 fois