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Brexit: les députés votent sur un "no deal", le pays "au bord du précipice"


Londres, Royaume-Uni | AFP | mercredi 13/03/2019 - Les députés britanniques se prononcent mercredi sur la possibilité de sortir de l'Union européenne sans aucun accord, dans un pays que certains jugent "au bord du précipice" et sommé par les Européens de définir enfin ses choix pour l'avenir.

L'option du "no deal"  (sans accord) est réclamée par les partisans d'une rupture nette avec l'Union européenne, qui y voient la promesse d'un Royaume-Uni florissant, capable de nouer des accords commerciaux ambitieux à travers le monde à compter du 29 mars, la date prévue pour le divorce.
Elle inquiète en revanche les milieux économiques. "Nous sommes au bord du précipice. Les politiciens de toutes tendances doivent dépasser leurs divergences et faire une priorité absolue du rejet d'un Brexit sans accord", a réclamé Catherine McGuinness, une responsable de la City de Londres.
Pour atténuer une rupture brutale, si elle devait se concrétiser, le gouvernement a annoncé qu'il supprimerait temporairement les droits de douanes sur 87% des importations. Il s'est dit prêt à "entamer d'urgence des discussions" avec la Commission européenne et le gouvernement irlandais sur le sujet.
Les dirigeants européens, eux, ont mis en garde les députés britanniques avant leur vote. "Il est dans notre intérêt commun de parvenir à une sortie ordonnée", a plaidé la chancelière allemande Angela Merkel, tandis que le négociateur en chef de l'UE pour le Brexit Michel Barnier a appelé à "ne pas sous-estimer" le risque d'un "no-deal" et ses conséquences.
Mais face aux divisions flagrantes de sa majorité, Mme May a décidé de ne donner aucune consigne pour le vote qui aura lieu vers 19H00 GMT. Elle a simplement annoncé, a titre personnel, qu'elle voterait contre un Brexit sans accord. 
L'absence de consigne gouvernementale a été jugée par les éditorialistes comme un autre symbole de l'autorité perdue de Theresa May, après le rejet mardi, pour la seconde fois en deux mois, du Traité de retrait de l'UE qu'elle avait conclu avec Bruxelles, censé permettre un divorce en douceur.
Au sein de son gouvernement, le ministre chargé du Brexit Steve Barclay a lui refusé de révéler son vote, tout en estimant que ne pas quitter l'UE constituait un "plus grand risque" encore que le "no deal".
Dans ce contexte, le ministre des Finances Philip Hammond a abaissé mercredi la prévision de croissance du Royaume-Uni de 1,6% à 1,2% pour 2019, jugeant l'économie nationale assombrie par "le nuage d'incertitude" autour du Brexit.
 

- "Prolonger, pour quoi faire ?" -

 
Si l'option du "no deal" est rejetée par les députés britanniques, ils voteront à nouveau jeudi, cette fois sur une proposition de report "limité" du Brexit.
Mercredi, un groupe de députés devrait proposer un plan alternatif prévoyant de repousser le Brexit jusqu'au 22 mai, avec une série d'accords provisoires avec l'UE jusqu'en 2021.
L'Union européenne serait "prête à considérer" un délai si le Royaume-Uni devait en faire une demande "motivée", a fait savoir la Commission européenne. Les 27 pays de l'UE devront donner leur accord à l'unanimité.
Mais "prolonger cette négociation pour quoi faire ? La négociation, elle est terminée", s'est agacé Michel Barnier. "Ce traité est et restera le seul traité disponible", a-t-il affirmé en brandissant un exemplaire du texte de près de 600 pages devant les députés européens à Strasbourg.
"Le Royaume-Uni doit nous dire ce qu'il veut pour notre relation future", a-t-il ajouté. "Voilà la question qui se pose, à laquelle nous attendons une réponse, avant même une décision sur une éventuelle extension".
 

- Défaite "humiliante" -

 
Mercredi, les journaux britanniques revenaient largement sur le rejet de l'accord au parlement: une défaite "humiliante" pour Theresa May, titrait le Daily Telegraph, le Guardian y voyant un nouveau "coup" porté à son autorité.
Les principaux reproches formulés par les députés contre l'accord portent sur le "backstop" ("filet de sécurité"), un dispositif de dernier recours qui vise à éviter le retour d'une frontière physique entre les deux Irlande afin de préserver les accords de paix de 1998 et l'intégrité du marché unique européen.
Une partie de la classe politique britannique y voit un "piège" pour maintenir leur pays arrimé indéfiniment à l'UE. En cas de "no-deal", Londres a prévenu qu'il n'y aurait pas de contrôles douaniers à la frontière irlandaise, en attendant de trouver une solution permanente avec l'UE.

le Mercredi 13 Mars 2019 à 06:45 | Lu 504 fois