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Brexit : May de retour à Bruxelles face à une UE inflexible


Bruxelles, Belgique | AFP | mercredi 20/02/2019 - La Première ministre britannique Theresa May remet le cap mercredi sur Bruxelles dans l'espoir d'obtenir des modifications de l'accord sur le Brexit déjà conclu avec l'UE, au risque de se heurter de nouveau à des Européens inflexibles.

Mme May doit s'entretenir à 18H30 (17H30 GMT) avec le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker. "Nous aurons une discussion amicale, mais je n'attends pas de percée", a-t-il prévenu dès mardi.
Les deux responsables ne donneront pas de conférence de presse commune à l'issue de leur réunion, a précisé mercredi un porte-parole de la Commission. Et aucune rencontre n'est prévue entre Mme May et le président du Conseil européen Donald Tusk.
A moins de six semaines de la date officielle du divorce, la crainte d'une rupture sans accord se renforce, faute de solution à la question controversée du "filet de sécurité", ou "backstop", cette garantie juridique censée éviter le retour d'une frontière physique en Irlande.
La dirigeante britannique réclame des "changements contraignants" de ce dispositif honni des "Brexiters". Elle espère ainsi obtenir un feu vert de ses parlementaires au traité de divorce, après le rejet cinglant essuyé en janvier.
 

- "Seule voie" -

 
"C'est vraiment la seule voie pour sortir de cette situation", a insisté mercredi le chef de la diplomatie britannique, Jeremy Hunt, depuis Berlin. "Si nous pouvons faire ce changement, alors nous sommes confiants en notre capacité à faire passer l'accord" au Parlement.
Le "filet de sécurité" irlandais prévoit le maintien du Royaume-Uni dans une union douanière avec l'UE. 
Il ne serait déclenché qu'en dernier recours, si les deux parties ne trouvaient pas de meilleure solution après le Brexit pour éviter le retour redouté d'une frontière physique entre l'Irlande du Nord et la République d'Irlande.
Au Royaume-Uni, les partisans d'une rupture nette avec l'UE y voient un "piège" risquant de maintenir leur pays arrimé éternellement au bloc continental. Mme May cherche donc à les rassurer en obtenant des garanties de Bruxelles sur le caractère conditionnel et temporaire de cette mesure qu'elle avait acceptée.
Mais le négociateur en chef de l'UE, Michel Barnier, "a réitéré que les 27 ne rouvriraient pas le traité de retrait" négocié avec Mme May, a prévenu le porte-parole de la Commission Margaritis Schinas.
Les Européens ne peuvent "pas accepter de donner une limite dans le temps au +filet de sécurité+, ni de clause de sortie unilatérale" de ce dispositif, a-t-il poursuivi.
L'UE est en revanche prête à "retravailler" la déclaration politique qui accompagnera le traité de retrait, et dont l'objectif est de tracer les grandes lignes de la relation que veulent bâtir les deux parties après leur divorce.
 

- "Cacophonie" -

 
"Nous attendons que Theresa May vienne avec des propositions précises après nous avoir dit qu'elle avait des choses à nous dire", avait lancé mardi à Bruxelles la ministre française des Affaires européennes Nathalie Loiseau.
"Le problème de fond, c'est que Theresa May n'a pas de mandat parlementaire. Et on ne pourra vraiment négocier avec elle que lorsqu'elle en aura un, ce qui nous amène en mars", a estimé une source diplomatique.
Mercredi, trois députés favorables à un second référendum sur le Brexit ont annoncé leur démission du Parti conservateur à cause de leur désaccord avec la ligne gouvernementale. Ils vont rejoindre le "Groupe indépendant", créé lundi par sept députés travaillistes eux-mêmes démissionnaires de leur parti.
Mme May "n'a de majorité pour rien" dans son propre pays, a estimé une autre source diplomatique. "Il y a encore une cacophonie incroyable en Grande-Bretagne, et donc l'UE ne voit pas la nécessité de faire un pas vers les Britanniques à ce stade".
Malgré l'impasse actuelle, les deux parties disent toujours vouloir éviter un "no deal", source d'incertitudes du côté de l'UE et aux effets potentiellement dévastateurs pour l'économie du Royaume-Uni, où les annonces de fermetures d'usines ou relocalisations d'entreprises se multiplient depuis plusieurs mois.

le Mercredi 20 Février 2019 à 07:16 | Lu 233 fois