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Brexit: Londres et Bruxelles affichent leurs divergences dans la dernière ligne droite


Londres, Royaume-Uni | AFP | mardi 08/12/2020 - Le Royaume-Uni et l'Union européenne ont de nouveau étalé leurs divergences mardi, avant un déplacement crucial du Britannique Boris Johnson à Bruxelles pour tenter de sortir les négociations post-Brexit de l'impasse, à trois semaines de la rupture définitive. 

Dans un geste envers Bruxelles, le gouvernement britannique a toutefois indiqué qu'il retirerait d'un projet de loi des dispositions controversées revenant sur l'accord encadrant le divorce, qui avaient fâché les Européens en pleines négociations commerciales. 

La fin de la période de transition post-Brexit approche dangereusement, mais les discussions entre Britanniques et Européens continuent d'achopper sur les trois mêmes sujets: l'accès européen aux eaux britanniques, la manière de régler les différends dans le futur accord et les garanties exigées à Londres en matière de concurrence en échange d'un accès sans droits de douanes ni quotas à son immense marché. 

Le Premier ministre britannique Boris Johnson a averti mardi que les positions entre Londres et l'Union européenne restaient très éloignées. "Je suis toujours optimiste, mais je dois être honnête avec vous, la situation en ce moment est délicate. Nos amis doivent comprendre que le Royaume-Uni a quitté l'UE pour pouvoir exercer un contrôle démocratique. Nous en sommes encore loin", a-t-il déclaré. 

 Chercher une "issue politique"

De son côté, le négociateur en chef de l'UE Michel Barnier a rappelé que l'UE ne sacrifierait "jamais (son) avenir" pour conclure un accord post-Brexit au prix de concessions qui fragiliseraient son marché unique.

Boris Johnson, qui assure que son pays "prospérera vigoureusement" avec ou sans accord commercial et exclut de continuer à négocier en 2021, doit rencontrer "dans les prochains jours" la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen pour tenter de débloquer les discussions. 

Il s'agit de "voir s'il y a une issue politique", les négociateurs étant allés "aussi loin qu'ils peuvent", a déclaré le porte-parole de M. Johnson.

Le jour de la venue du Britannique n'est pas encore fixé, mais il ne devrait pas participer au sommet européen prévu jeudi et vendredi dans la capitale belge. Il n'est pas non plus prévu qu'il rencontre le Français Emmanuel Macron ou l'Allemande Angela Merkel. 

Il s'entretiendra au préalable avec le chef des négociations britanniques, David Frost, de retour à Londres mardi après une nouvelle ronde de négociations marquées par l'absence de progrès.

A l'issue d'un entretien téléphonique lundi, Boris Johnson et Ursula von der Leyen avaient déjà dressé un constat pessimiste, estimant que les conditions pour finaliser un accord n'étaient "pas réunies".

Un échec exigerait la préparation de mesures d'urgence car un "no deal" entraînerait, dès le 1er janvier, des échanges fondés sur les règles de l'Organisation mondiale du commerce (OMC), synonymes de droits de douane ou de quotas, potentiellement dévastateurs pour des économies déjà fragilisées par la pandémie. 

Pour tenter d'éviter ce scénario, des discussions sont prévues mardi à Bruxelles entre négociateurs européens et britanniques pour préparer la rencontre des deux dirigeants.  

"Nous voulons parvenir à un accord, mais pas à n'importe quel prix", a prévenu le secrétaire d'Etat allemand aux Affaires européennes, Michael Roth. 

Dans une apparente concession à Bruxelles, les Britanniques vont retirer des clauses controversées relatives à l'Irlande du Nord de leur projet de loi sur le marché intérieur, qui violaient de son propre aveu le droit international. Elles avaient entraîné le lancement d'une procédure d'infraction par Bruxelles.

Cette annonce intervient à la suite d'un accord conclu entre le ministre britannique Michael Gove et le vice-président de la Commission Maros Sefcovic, qui discutaient parallèlement pour s'entendre sur la mise en oeuvre du traité de retrait. 

Depuis son départ officiel de l'UE le 31 janvier, le Royaume-Uni continue d'appliquer les règles européennes. Ce n'est qu'à la fin de cette période de transition, le 31 décembre, qu'interviendra sa sortie du marché unique et de l'union douanière.

S'il est conclu, un accord commercial - de plus de 700 pages - devra encore être ratifié par les Parlements britannique et européen avant d'entrer en vigueur le 1er janvier, ce qui apparaît de plus en plus acrobatique avec la nouvelle prolongation des négociations. 

Même si l'échéance approche, il y aura encore le temps de le passer par le Parlement britannique, a assuré le porte-parole de Boris Johnson. 

le Mardi 8 Décembre 2020 à 05:35 | Lu 131 fois