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Brexit : Conseil des ministres décisif à Londres sur le projet d'accord


Londres, Royaume-Uni | AFP | mercredi 14/11/2018 - Le gouvernement britannique s'est réuni mercredi après-midi autour de la Première ministre Theresa May pour se prononcer sur le projet d'accord sur le Brexit conclu la veille à Bruxelles, étape cruciale du processus de divorce.

"Ce que nous avons négocié est un accord qui répond au vote des Britanniques" lors du référendum de juin 2016, a martelé peu auparavant Theresa May devant les députés.
La réunion du cabinet a commencé à 14H00 GMT. Theresa May avait reçu ses ministres individuellement la veille au soir pour s'assurer de leur soutien. L'adhésion du gouvernement au projet d'accord est indispensable pour permettre l'organisation d'un sommet exceptionnel des dirigeants européens destiné à valider l'accord de retrait.
Ce sommet devrait "probablement" avoir lieu le dimanche 25 novembre "si le gouvernement britannique est satisfait du texte", a affirmé mercredi le Premier ministre irlandais Leo Varadkar. Les Parlements européens et britannique devront ensuite ratifier l'accord avant la date de sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne, le 29 mars 2019.
La réunion du cabinet est un "moment de vérité", soulignaient mercredi les quotidiens Financial Times et The Telegraph, tandis que pour le tabloïd The Sun ce projet d'accord est une "trahison" et "doit être rejeté".
Plusieurs dizaines de manifestants se sont rassemblés devant Downing Street pour réclamer le rejet du texte, à l'appel du groupe  pro-Brexit "Leave means Leave". "Nous sommes venus protester contre l'accord obtenu par Theresa May", a expliqué à l'AFP Lucy Harris, fondatrice du groupe "Leavers of London". "Nous sommes à la croisée des chemins. La situation est inquiétante : si l'accord passe, nous aurons des problèmes à demeurer un pays indépendant". 
A Bruxelles, les ambassadeurs des 27 autres pays de l'UE se sont également retrouvés à 14H00 GMT pour étudier le texte. Il a été qualifié d'"encourageant" par le porte-parole du gouvernement français, Benjamin Griveaux, qui a néanmoins appelé à la "prudence". Dans la matinée, le gouvernement irlandais s'est lui aussi réuni pour étudier la proposition.  
 

- "Scission du Royaume-Uni" -

 
L'un des enjeux majeurs de l'accord réside dans les dispositions visant à empêcher le retour d'une frontière physique entre la province britannique d'Irlande du Nord et la République d'Irlande voisin, question sur laquelles les négociations butaient ces dernières semaines.
Selon une source européenne, le projet d'accord prévoit un "filet de sécurité" destiné à éviter cette frontière physique qui voit l'ensemble du Royaume uni rester dans une union douanière avec l'UE ainsi qu'un alignement réglementaire plus poussé pour l'Irlande du Nord pendant une période de transition, jusqu'à ce que les discussions sur la future relation commerciale entre les deux parties soient conclues.
La fin de cette période de transition ne serait pas décidée unilatéralement par le Royaume-Uni comme il le souhaitait, et la solution retenue est plus proche de la décision commune réclamée par l'UE, a-t-on ajouté de même source.
L'Irlande du Nord "sera traitée de manière très différente du reste du Royaume-Uni. Beaucoup de personnes concluent que cela aboutira à une frontière réglementaire en mer d'Irlande", a dénoncé sur la BBC Jeffrey Donaldson, député du parti nord-irlandais DUP, allié du Parti conservateur de Mme May et force d'appoint indispensable pour disposer d'une majorité absolue au Parlement.
Un accord qui "sape l'intégrité économique et constitutionnelle du Royaume-Uni" n'est "pas acceptable", a aussi mis en garde la cheffe du DUP Arlene Foster.
 

- "Etat vassal" -

 
Au sein des Tories, le projet d'accord est loin de faire l'unanimité. Partisans et opposants du Brexit craignent qu'il n'oblige le Royaume-Uni à se plier aux règles de l'UE pendant des années, et l'empêche, dans les faits, de "reprendre le contrôle" de sa politique. 
"Avec cet accord, nous allons rester dans l'union douanière, nous allons rester, de fait, dans le marché unique", a déploré Boris Johnson sur la BBC, estimant que cela ferait du Royaume-Uni un "Etat vassal" de l'UE puisque le pays ne sera plsu partie prenante du processu de décision. "J'espère que le cabinet fera ce qu'il faut et rejettera" l'accord, a-t-il lancé.
"Je ne pourrai pas regarder mes électeurs dans les yeux et leur affirmer qu'il s'agit d'un accord meilleur que celui que nous avons en tant que membre de l'UE", a expliqué Dominic Grieve, l'un des leaders du camp pro-UE du parti conservateur, pour justifier qu'il voterait contre ce texte.

le Mercredi 14 Novembre 2018 à 05:40 | Lu 225 fois