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Bébé secoué : le père condamné à 7 ans de prison


PAPEETE, le 16 février 2018 - A l’issue de cette deuxième et dernière journée de procès, le père accusé d’avoir involontairement donné la mort à sa fille s’est effondré en pleurs alors qu’il s’adressait à son ex-compagne. Evoquant un « drame absolu », l’avocat général a requis une peine de prison comprise entre 15 et 20 ans. L'homme a finalement été condamné à 7 ans de prison.

Cette deuxième journée d’audience a été marquée par l’audition de la mère de la petite fille. Avec une grande force, la jeune femme s’est avancé à la barre pour évoquer sa rencontre avec l’accusé « dans une bringue de quartier », la violence de l’homme qui a commencé « quelques mois » avant leur rencontre. Puis, elle a dignement parlé de son enfant, « une petite fille sociable, bavarde, qui allait vers les autres (…) Si je suis allée suivre une formation en métropole, c’était pour lui assurer un avenir, elle était ma principale motivation.»

Alors que la jeune femme poursuit, l’accusé pleure, la tête baissée comme tout au long du procès. Plus tard dans la journée, lorsque la présidente de la cour d’assises lui rappelle que c’est le moment de « tout exprimer », l’homme demande à s’adresser à son ex-compagne. Difficilement, avec une grande émotion, il murmure et reconnaît à nouveau : « je reconnais avoir commis les faits sur ma petite, je vais porter ce fardeau dans le mal et dans le pire. »



Drame absolu

Lors de sa plaidoirie, le conseil des parties civiles, Me Boulleret, a réfuté le terme de bébé secoué : « tous les parents ont pu connaître des moments d’exaspération. Et, dans les cas de « bébé secoué », l’explication peut résider dans cette exaspération. Mais, selon moi, dans ce dossier, il ne s’agit pas d’un parent qui est à bout. Nous avons à faire à de la violence pure et dure (…) Mes clientes ne savent toujours pas ce qui a pu se passer ce jour-là »

Avant de requérir une peine de prison comprise entre 15 et 20 ans, l’avocat général a évoqué le contexte dramatique de cette affaire : « La mort d’un enfant, c’est un drame absolu. Quelques puissent être les artifices de la parole juridique qui nous disent que c’est involontaire, en réalité, il l’a tuée. C’est un drame impossible pour cette mère qui dit que le ciel lui est tombé sur la tête (…) Un drame absolu pour les familles. Un drame pour la famille de l’accusé sur laquelle la honte planera pendant des générations. Et un drame absolu pour la société que je représente. Les enfants constituent son sang et son avenir et tout doit être fait pour les protéger, pour qu’ils survivent dans n’importe quelles conditions. Et c’est inaudible d’entendre qu’un père a tué sa fille. »

Lourde tâche pour le conseil de l’accusé, Me Bennouar, qui prend la parole pour défendre l’indéfendable : « les faits sont ce qu’ils sont mais je ne peux pas entendre dire que mon client s’est malicieusement enfoncé dans le mensonge pour échapper à la sanction pénale (…) Nous sommes dans le syndrome du bébé secoué. L’expert l’a dit et c’est dur à entendre, cela peut arriver à tout le monde."

Après en avoir délibéré, les jurés ont condamné l'homme à une peine de 7 ans d'emprisonnement.


Rédigé par Garance Colbert le Jeudi 15 Février 2018 à 18:53 | Lu 1249 fois