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Au Salon de l'agriculture, Macron face à la flambée des prix et à la sécheresse


Ludovic MARIN / POOL / AFP
Ludovic MARIN / POOL / AFP
Paris, France | AFP | samedi 25/02/2023 - Un "plan de sobriété sur l'eau" pour faire face à la sécheresse. Un appel pressant aux chaînes de supermarchés pour contenir les prix alimentaires. Au Salon de l'Agriculture, samedi, Emmanuel Macron a voulu offrir des esquisses de solutions aux maux qui inquiètent les Français.

Entre folklore, célébration du terroir et messages politiques, le président de la République s'est plié au rituel de l'inauguration de la plus grande ferme de France, à la porte de Versailles, dans le sud de Paris.

Selfies, bains de foules mais aussi parfois des huées ont accompagné le président dans sa longue déambulation qui devait durer 13 heures parmi les stands, où trônait l'égérie du salon, la superbe vache de Salers Ovalie.

Au moment où certains redoutent un "mars rouge", qui verrait les prix alimentaires flamber encore davantage, Emmanuel Macron a considéré que "ceux qui doivent faire un effort sur leurs marges, c'est les distributeurs", en estimant que les producteurs avaient fait leur part compte tenu de l'explosion de leurs coûts.

Des négociations annuelles entre industriels et grande distribution sont actuellement en train de s'achever, ce qui alimente le spectre d'un nouveau rebond des prix dans quelques jours.

Alors que la France connaît un épisode de sécheresse historique cet hiver, Emmanuel Macron a par ailleurs plaidé pour un "plan de sobriété pour l'eau" sur le modèle du "plan de sobriété énergétique" lancé pour contenir les effets de la guerre en Ukraine.

La formule avait fait mouche et la consommation d'électricité en France sensiblement diminué.

"On sait qu'on sera confronté comme on était l'été dernier à des problèmes de raréfaction (d'eau): plutôt que de s'organiser sous la contrainte au dernier moment avec des conflits d'usage, on doit planifier tout ça", a-t-il expliqué, ajoutant qu'il fallait se résoudre à la "fin de l'abondance".

"A quoi tu sers ?"

Au milieu d'échanges bon enfant, c'est sur cette question du climat que le chef de l'Etat a été vivement interpellé par un militant du collectif "Dernière rénovation".

Arborant un T-shirt barré d'un "A quoi tu sers?", le jeune homme a reproché à Emmanuel Macron son inaction sur le climat. "Je suis là pour vous dire qu'on n'arrêtera pas, parce qu'on n'en peut plus de demander gentiment", lui a-t-il lancé. "Vous êtes la démonstration d'une forme de violence civique", a répliqué le président.

Un peu plus tard, près des stands de la filière viticole, Emmanuel Macron a été accueilli par des cris et huées. 

"C'est un salon qui se passe bien. Ces petits événements sont normaux", a relativisé le président.

A l'intention des agriculteurs, des éleveurs, des pêcheurs, Emmanuel Macron a multiplié les gestes. Il a ainsi exclu de soutenir en l'état un accord commercial avec les quatre pays du Mercosur (Argentine, Brésil, Paraguay, Uruguay), conclu en 2019 avec l'UE mais pas encore ratifié.

Ce ne sera "pas possible s'ils ne respectent pas comme nous les accords de Paris (sur le climat) et s'ils ne respectent pas les mêmes contraintes environnementales et sanitaires qu'on impose à nos producteurs", a-t-il dit.

Pour la filière pêche, les aides sur les carburants seront prolongées jusqu'au mois d'octobre.

Mais les agriculteurs réclament un relâchement des contraintes qui pèsent sur les agriculteurs, à l'image de la présidente du syndicat majoritaire FNSEA, Christiane Lambert, qui a déploré "des décisions qui vont à l'envers de la souveraineté alimentaire", en évoquant "des producteurs (qui) coupent les cerisiers et les pommiers faute de produits phyto-sanitaires". 

"Travailler davantage"

La plupart des agriculteurs jugent que le robinet des pesticides (insecticides, fongicides, herbicides) à leur disposition s’est trop tari ces dernières années, les laissant face à des "impasses" lorsqu'il faut lutter contre des parasites.

En 2022, la visite présidentielle avait été très rapide, au tout début de la guerre en Ukraine, et le salon avait été annulé en 2021 en raison du Covid.

Renouant avec la tradition, Emmanuel Macron met par ailleurs fin à une discrétion médiatique observée depuis le début des débats sur la réforme des retraites.

Si quelques visiteurs munis de pancartes appelant à un retour à la retraite à 60 ans ont été tenus à distance de la déambulation du chef de l'Etat, celui-ci a défendu sa réforme qui maintient le système par répartition - "un trésor" -, en faisant observer qu'il n'y avait "qu'une solution: travailler davantage".

"On ne me parle pas tant que ça des retraites !", a-t-il finalement soufflé. 

le Samedi 25 Février 2023 à 09:47 | Lu 215 fois