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Au Bangladesh, des "petites maisons" pour résister aux inondations géantes


Munir UZ ZAMAN / AFP
Munir UZ ZAMAN / AFP
Char Shildaha, Bangladesh | AFP | vendredi 28/12/2023 - Au Bangladesh, une architecte a imaginé les plans d'une "petite maison" de bambou et de tôle pour aider les habitants face au risque d'inondation, accentué par le changement climatique dans ce pays vulnérable à la montée des eaux.

Cette année, quand le fleuve Brahmapoutre a débordé de son lit en période de mousson, Abu Sayeed n'a pas eu à fuir, pour la première fois de sa vie. Il a simplement attendu la décrue, depuis le premier étage de son domicile.

L'agriculteur âgé de 40 ans habite dans une "khudi bari", ou "petite maison", une structure innovante à deux niveaux qui offre un refuge face aux aléas climatiques, de plus en plus menaçants dans cette partie de l'Asie du Sud.

"Khudi Bari nous a sauvés", explique celui qui, comme des millions de Bangladais, habite dans les vastes plaines fertiles du pays.

"Quitter la maison pendant les inondations fait partie de notre vie. Et souvent, après la décrue, on revenait pour voir que nos biens avaient été tous volés", poursuit-il.

"J'espère que nous n'aurons plus jamais à quitter nos maisons", lance-t-il.

Le Bangladesh est l'un des Etats les plus menacés au monde par les catastrophes météorologiques induites par le dérèglement climatique, et la montée des eaux.

L'intensification de la saison des pluies et l'accélération de la fonte des glaciers dans l'Himalaya bouleversent le niveau du Gange et du Brahmapoutre, deux fleuves sacrés qui forment au Bangladesh un delta crucial pour le pays, ont alerté les scientifiques.

Des inondations géantes dans la région de Sylhet (nord-est), en 2022, ont affecté sept millions de personnes, et tué une centaine d'autres.

Structure mobile 

Mais les opérations de secours et de relogement, à l'échelle de l'un des pays les plus densément peuplé de la planète, s'avèrent complexes pour les autorités.

Dans le village d'Abu Sayeed, à Char Shildaha (nord), 17 prototypes de Khudi Bara sont sortis de terre, grâce à l'architecte bangladaise Marina Tabassum.

La lauréate du prix Aga Khan pour l'architecture, qui récompense des ouvrages adaptés aux besoins du monde musulman, a conçu une maison "au coût le plus bas possible pour ceux dans le besoin", avec des matériaux disponibles localement, explique-telle.

La structure qui repose sur des piliers de bambou, "peut être montée et démontée très facilement", poursuit-elle auprès de l'AFP. La structure a un coût de construction évalué à environ 450 dollars (400 euros), frais de main d'oeuvre inclus.

"C'est un système modulaire mobile, c'est pourquoi on peut le déplacer d'un endroit à un autre", poursuit-elle, évoquant un projet qui "prépare au changement climatique".

Inspirée en partie par les maisons traditionnelles en bois de Munshiganj (district du centre du Bangladesh), bâties sur pilotis contre les inondations, elle planifie la construction de plus d'une centaine de Khudi Bari à travers le pays.

Le premier niveau est formé par des plaques en tôle qui peuvent être enlevées pour laisser passer le courant lors de crues, explique Mohammad Kalu, 35 ans, qui habite dans une de ces structures.

"Si l'eau monte au niveau de la poitrine ou des joues, on peut toujours rester dans la maison. On peut monter au premier étage et cuisiner avec du gaz ou au feu de bois", explique-t-il.

Mohammad Jashim, qui vend des maisons en bois en kit à Munshiganj, affirme que les Bangladais se tournent de plus en plus vers ce genre de prototype.

"Nous vendons ces maisons partout dans le pays. Elles respectent l'environnement, peuvent être facilement déplacées et peuvent résister aux inondations", résume-t-il.

le Vendredi 29 Décembre 2023 à 04:58 | Lu 607 fois