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Août 2017 dans le rétro : la colère des étudiants de la Presqu'île, le fiu des chauffeurs de taxi et une nouvelle arnaque à Mahina


Chers lectrices, chers lecteurs,

Bonne année ! Ia ora na i teie matahiti 'āpī !

Retour sur les événements qui ont marqué le mois d'août 2017.

Le plus gros événement qui a marqué le fenua est sans doute le ras-le-bol des étudiants sur l'insécurité à bord des bus. Autres faits marquants de ce mois d'août, la grogne chez les chauffeurs de taxi, concernant le non-respect de leur profession, et la naissance d'une nouvelle arnaque pyramidale du côté de Mahina.



Transport scolaire : des élèves dénoncent l'insécurité à bord des bus

Août 2017 dans le rétro : la colère des étudiants de la Presqu'île, le fiu des chauffeurs de taxi et une nouvelle arnaque à Mahina
Ils se lèvent de bonne heure pour attendre leur bus scolaire en bord de route. Beaucoup d'élèves veulent monter au créneau pour dénoncer les conditions "difficiles" auxquelles ils font face. Sur le secteur Taravao – Tautira le problème durerait depuis deux ans. Bus surchargés, portes ouvertes pendant le trajet…

Il est 5h30 du matin à Tautira, non loin de l'école maternelle, les collégiens et lycéens se retrouvent pour attendre le bus scolaire qui les emmènera sur Taravao.

Si certains racontent encore les événements du week-end, d'autres semblent inquiets. C'est le cas de Arii et Jason, deux lycéens scolarisés à Taravao. "Le problème est qu'il n'y a pas assez de places dans le bus. Des fois, on se retrouve à trois,  voire à quatre sur un siège, en plus de ceux qui sont debout. Souvent, je descends du bus parce qu'il est trop chargé", explique Arii, élève en 1ère L.

D'après ces jeunes, cela fait deux ans que ça dure. "Je veux qu'on nous donne un peu plus de bus pour que la sécurité des élèves soit assurée. C'est sûr que si les élèves sont debout ou entassés, il n'y a pas de sécurité. C'est gênant et à la longue, cela devient lassant", poursuit Jason, élève en classe de Terminale S.

"C'est scandaleux !" s'écrie Gilda Vaiho, représentante à l'assemblée de la Polynésie française. "i[J'ai pris le bus avec eux ce lundi matin, j'ai vu les conditions dans lesquelles ils sont transportés. Tout le monde est entassé. Il n'y a pas de places et ils sont debout. Certains demandent de mettre d'autres élèves sur eux. Tous les bus sont des bus à 48 places et les bus de ce matin [hier, NDLR], transportaient 60 à 78 élèves]i", rajoute Gilda Vaiho.

De son côté, le gérant de la société de transport NTCE, Willy Chung Sao, assure que tout reviendra à la normale cette semaine. Et à la question de la sécurité, Willy Chung Sao est clair : les chauffeurs ont des consignes à respecter. "Ils sont responsables du véhicule, ils doivent respecter le code de la route, et s'il y a encore des élèves en bord de route, il faut faire un autre voyage. Et nous nous réorganiserons le lendemain pour mettre les véhicules qu'il faut. Pour le moment, nous avons assez de véhicules, il n'y a pas de soucis."

Actuellement, sur le secteur Taravao – Tautira, on compte une vingtaine de bus. L'an dernier, les trois sociétés (NTCE, RTU et TCCO) transportaient 20 000 élèves de Tahiti et Moorea.

Le ras-le bol généralisé des chauffeurs de taxi

Athanase Teiri, "roi" autoproclamé de la communauté Pakumotu.
Athanase Teiri, "roi" autoproclamé de la communauté Pakumotu.
À Tahiti, de nombreux chauffeurs de taxi tirent la sonnette d'alarme face à la concurrence déloyale. Alors qu'ils doivent se soumettre à un examen professionnel et payer de nombreuses charges, des individus s'improvisent chauffeurs de taxi et absorbent une partie de la clientèle.

Pour les chauffeurs de taxi de Tahiti, la situation est devenue compliquée. Ils constatent que sur le fenua, de nombreux particuliers empiètent sur leur domaine en tarifant des courses sans en avoir ni la capacité légale, ni le diplôme adéquat. "Pensant que cela leur coûtera moins cher, les usagers se font ramener chez eux par des chauffeurs non certifiés. Cela passe par le copinage, le bouche à oreille et ça se fait de la main à la main. Nous en avons marre car, pour exercer notre profession, nous avons tous dû passer un examen professionnel," explique un professionnel.

Et pour obtenir un certificat de capacité à la conduite d'un taxi, il faut se soumettre à plusieurs obligations. À commencer par un examen écrit et si le candidat réussit, il passe l'oral où il doit, entre autres, démontrer sa capacité à s'exprimer en français, en tahitien et en anglais. Une fois l'examen obtenu, les chauffeurs de taxi font face à une réglementation très stricte, "nous sommes très surveillés, bien encadrés et régulièrement contrôlés. Tous les six mois, nous devons effectuer un contrôle technique. Sans quoi nous ne pouvons continuer d'exercer notre profession. Il y a un réel suivi qui passe aussi par le contrôle de la propreté de nos véhicules et de nos tenues vestimentaires." Les chauffeurs de taxi, outre l'examen, doivent payer une patente et s'acquitter d'une assurance tous risques dont le coût diffère selon le véhicule. Pour assurer un van par exemple, cela revient à 146 000 Fcfp par an. "Dans le véhicule d'un particulier, le moindre dégât physique ou matériel est à la charge de l'usager. Ce qui n'est pas notre cas puisque nous sommes des professionnels et que nous sommes couverts comme tels. Tout est pris en charge, des lunettes cassées au bagage endommagé."

Bien que la Direction des Transports Terrestres (DTT) applique une réglementation sérieuse et régulière, il lui est difficile d'endiguer le phénomène car elle est uniquement apte à contrôler des véhicules professionnels.

Soupçons d'arnaque pyramidale naissante à Mahina

La Polynésie française a été touchée par de fortes pluies en janvier et février.
La Polynésie française a été touchée par de fortes pluies en janvier et février.
Depuis plusieurs jours, une démarcheuse distribue des tracts à Mahina pour recruter des "parrains" et des "leaders" pour le compte du développement d'une pseudo société de spéculation sur de la monnaie virtuelle, Love China Feng Huang Coin, qui sévit sur internet à la recherche de clients. Le tout enrobé des habituelles promesses d'emploi et de richesse qui viennent avec.

"La société LCFHC vous offre une opportunité d'améliorer votre vie", peut-on lire, en lettres capitales, sur l'en-tête de ce document distribué depuis plusieurs jours par une démarcheuse du côté des supermarchés de Mahina. "L'inscription pour obtenir un compte est gratuite, dans un mois elle sera coûteuse", prévient le tract qui, pour appâter le chaland, promet même jusqu'au 15 septembre le paiement d'une somme de 150 000 francs aux premiers parrains qui se lanceraient dans l'aventure.

Le tract reprend ensuite toutes les belles promesses de richesse et de belles rémunérations à venir pour les parrains, en fonction du nombre de filleuls qu'ils recruteraient à leur tour. Plan de carrière, bureaux dans tous les pays, recrutement de formateurs, mise à disposition d'une carte de crédit, l'imprimé reprend tout l'argumentaire développé par la société LFCHC sur ces nombreux supports internet, pages Facebook et autres chaînes YouTube.

Problème ? LFCHC, pour Love China Feng Huang Coin, est un scam de portée internationale dénoncé par de nombreux observateurs financiers et du web. Le puissant groupe bancaire Rotschild, habilement mis en scène dans leur communication par les administrateurs de LFCHC, a très officiellement dénoncé début 2017 l'utilisation abusive de son nom dans le cadre de cette initiative "non régulée de levée de fonds". Une plainte a été déposée et le groupe conseille même aux personnes qui auraient rejoint LFCHC "de contacter immédiatement leur police locale".

Dans son démarchage commercial, la "société" LFCHC et ses relais prétendent pouvoir faire spéculer les futurs inscrits sur la colossale prise de valeur annoncée d'une hypothétique monnaie cryptée que la Chine s'apprêterait à mettre en circulation. A l'instar des bitcoins il y a quelques années, par exemple.

"Le site internet LCF Coin - LCFHC propose un plan de rémunération similaire à un schéma pyramidal et de type Ponzi", peut-on lire sur le site internet fraudescams.com, qui, en plus de fuir les démarcheurs, déconseille par ailleurs de laisser ses données personnelles sur ce type de site internet pour ne pas risquer leur utilisation frauduleuse. Rappelons qu'en Polynésie française, une loi du Pays interdit toute forme de vente pyramidale.

Centre de détention de Papeari : mission réinsertion

Jeudi matin, la presse était conviée à la nouvelle prison de Papeari pour assister à la signature de contrat de concession de main d'œuvre pénitentiaire entre le centre de détention et EDT ENGIE. L'occasion, pour nous, d'échanger avec les détenus sur leurs conditions d'incarcération et sur l'importance du travail dans le milieu carcéral.

Inauguré en mars dernier par l'ex garde des Sceaux, Jean-Jacques Urvoas, le Centre de détention de Papeari a ouvert ses portes le temps d'une journée. Jeudi matin, les journalistes ont pu intégrer la prison afin de visiter un atelier d'assemblage électrique de compteurs.

Ce dernier a vu le jour grâce à un contrat de concession de main d'œuvre pénitentiaire entre la prison, le Directeur interrégional de la Mission des services pénitentiaires de l'Outre-mer et EDT.

Le contrat a donc été signé, hier matin, par le directeur de Papeari, Gilbert Marceau et le Président Directeur Général d'EDT ENGIE, Grégoire de Chillaz. Le Pays était représenté par Tearii Alpha, ministre des ressources primaires.

Ce projet vise à permettre aux détenus d'exercer une activité professionnelle pour laquelle ils seront rémunérés.

Le centre accueille actuellement 195 détenus, dont 87 d'entre eux travaillent sur la base du volontariat. Sur ce chiffre, l'on dénombre 60 détenus travaillant au Service Général, 12 au Fa'apu et 15 en atelier pour EDT ENGIE. Pour ce dernier, l'entreprise a installé, dans l'atelier de 600 m2, un établi avec les outils appropriés. Elle va également mettre à disposition trois employés pour assurer la formation, le contrôle et la gestion courante de l'atelier.

Dans son discours, Gilbert Marceau a souligné l'importance du travail dans le cadre de la réinsertion et s'est dit satisfait du travail fourni par les détenus.

Le CESC approuve la légalisation du Bingo avec des réserves

Jeudi matin, après de longs débats, le CESC a approuvé le projet de loi du Pays définissant les modalités d'organisation du Bingo en émettant quelques réserves et recommandations au Pays.

Le CESC a adopté avec 27 voix pour, abstentions et une voix contre, le projet de loi du Pays visant à légaliser et encadrer le Bingo. Seul Mahinui Temarii, représentant syndical, s'est opposé ouvertement à l'avis.

Parmi les nombreuses interventions, une remarque est revenue régulièrement dans la bouche des représentants de la société civile : "le Bingo est un vrai fléau pour les famille", résume la syndicaliste Alice Pratx-Schoen. Le CESC s'accorde à constater que le bingo reste un fléau pour la société polynésienne, néanmoins, la pratique est devenue tellement répandue qu'il s'accorde également à dire que la réglementer n'est pas aberrant. Reste au Pays de décider ou non d'une légalisation.

Cependant, les représentants de la Société civile ont émis de nombreuses recommandations telles que la poursuite "des efforts pour lutter contre toutes les formes de jeux de hasard clandestins et illégaux"; l'interdiction de "personnes mineures sur les lieux de tirages des loteries "Bingo""; "ne pas autoriser l'activité de prestataire organisateur de jeu de "Bingo"" afin d'éviter la professionnalisation de l'activité, n'autoriser que des lot gagnant en nature et fixer une limite raisonnable du capital émis cumulé sur une base annuelle.

De leurs côtés, les associations ne semblent pas du tout satisfaites du projet de loi et encore moins des recommandations du CESC. "Nous avons demandé à ce qu'on encadre la pratique pour arrêter de voir les gendarmes débarquer pendant le jeu" explique Lorina Arnaud, représentante d'une association de forains de Moorea, elle-même organisatrice de bingo. "Nous sommes d'accord pour limiter le plafond à des montants raisonnables, mais c'est tout. Là c'est trop encadré, ce n'est pas du tout ce qui avait été dit en commission."

Le texte est renvoyé au gouvernement qui devra le transmettre à l'Assemblée de Polynésie française qui devra se prononcer sur le sujet au plus tôt durant la session budgétaire 2017.

Les dates

1er août
Les tāvana dressent leur bilan à mi-parcours

Le 28ème congrès des communes a ouvert ses portes ce lundi à Mahina. L'occasion pour les élus des 48 communes Polynésiennes de voir ce qui a été fait à mi-parcours, et ce qui devrait être mis en place durant les trois prochaines années. Dans leurs discours, le Pays se dit satisfait de ses relations avec les communes. Mais le Haut-commissaire met les maires en garde.

3 août
Trafic de stupéfiants: comment lutter sur les espaces maritimes?

La récente saisie d'1,4 tonne de cocaïne au large des Tonga démontre à nouveau que les eaux polynésiennes sont largement empruntées par les trafiquants de drogue. Les autorités du fenua étaient informées de l'étrange comportement de l'Alfina, un monocoque de 16 mètres, mais n'ont pu l'intercepter pour des raisons de réglementation internationale.

7 août
Un molosse enragé euthanasié après s'être rué dans une voiture

L'incident s'est produit vendredi dernier à proximité de la clinique vétérinaire du centre commercial Tamanu. Une petite famille en a été quitte pour une grosse frayeur.

10 août
Premiers pas de la télémédecine en Polynésie

Le lundi 31 juillet, la CPS et Fenua MedEx ont signé la première convention pour un projet de télémédecine sur le territoire polynésien. Alors que cela fait plus de 20 ans que le sujet apparaît comme un serpent de mer de l'organisation sanitaire locale, cette convention est le premier pas vers la concrétisation et la mise en place de la télémédecine en Polynésie.

14 août
Tiphanie et Xavier, les Infirmiers du bout du monde

À Rapa depuis un an et demi, Tiphanie Tedesco et Xavier Daubresse exercent le métier d'infirmier. Ils sont seuls à gérer une population de plus de 500 habitants. Ce jeune couple a trouvé sa vocation sur l'île du bout du monde.

14 août
Chantal Tahiata soupçonnée de "prise illégale d'intérêts"

La représentante UPLD des Australes est renvoyée devant le tribunal correctionnel pour "prise illégale d'intérêts". L'élue, ex maire de Tubuai, est soupçonnée d'avoir favorisé l'attribution de fare MTR à deux membres de sa famille après le passage du cyclone Oli en février 2010.

16 août
Rentrée scolaire : un défi pour beaucoup de familles

C'est la rentrée ! Les familles Polynésiennes ont préparé cela depuis quelques semaines. Fournitures scolaires, vêtements, tout est prêt ou presque. Aujourd'hui, nous vous parlons de quatre familles vivant dans les archipels éloignés. Comment vivent-elles la rentrée scolaire ? Elles ont accepté de partager leur quotidien, malgré les difficultés financières que certaines rencontrent.

23 août
Le combat d'un père de famille pour revoir sa fille

Mardi matin, en son absence, une jeune femme était jugée devant le tribunal correctionnel pour non présentation d'enfant. Le père de l'enfant se bat depuis plusieurs années pour revoir sa petite fille qui vit désormais avec sa mère au Canada.

Les phrases du mois

"Ma grand-mère me disait toujours que si je travaillais dur, je serai récompensé" (Wilfred Merlin, chef cuisinier de la Présidence)

"Nous sommes sur les rails d'un développement de la télémédecine" (Jacques Raynal, ministre de la Santé)

"C'est un ensemble d'actions qui vont concourir à lutter contre le décrochage scolaire" (Tea Frogier, ministre de l’Éducation)


Les chiffres clés du mois

- 146 000 : C'est le montant que doivent déverser les chauffeurs de taxi pour assurer un van
- 713 : c'est le nombre de demandeurs d'emploi à Mahina
- 70 000 : c'est le nombre d'élèves sur les bancs des écoles, collèges et lycées




L'actu en image du mois

Lorsque le journal Tahiti Infos inspire les artistes… Merci à Juju De Tahiti qui a réalisé cette magnifique robe éphémère. Un bel exemple de recyclage.
Lorsque le journal Tahiti Infos inspire les artistes… Merci à Juju De Tahiti qui a réalisé cette magnifique robe éphémère. Un bel exemple de recyclage.

Le dessin de Munoz


Rédigé par Na M le Mardi 26 Décembre 2017 à 17:39 | Lu 831 fois