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Andrew Molina : le 'ukulele dans la peau


PAPEETE, le 1er septembre 2017 - Androw Molina est l'un des deux invités internationaux du Festival de 'Ukulele qui aura lieu à la Maison de la Culture – Te Fare Tauhiti Nui du 12 au 15 septembre. Il participera aux soirées de concert et animera des "master class" pour transmettre ses techniques aux joueurs polynésiens. Nous avons réussi à le joindre par Skype depuis Maui, où il habite.

>>> Notre article sur le Festival international de 'ukulele


Andrew Molina, joueur international de 'ukulele

"Je rêvais d'une carrière dans la musique, je voulais faire de la scène et composer des morceaux de 'ukulele depuis que j'avais 13 ans"

Tu as commencé le 'ukulele à 13 ans, donc ça fait 12 ans tu joues de cet instrument. D'où te vient cette passion ?

"Tout a commencé quand un ami a s'est mis à venir me voir toutes les semaines avec son 'ukulele quand j'étais jeune, donc j'ai commencé à en jouer un petit peu. Et six mois plus tard, j'ai entendu Jake Shimabukuro jouer et ça a tout changé pour moi. Je voulais absolument jouer comme lui, me produire sur scène… J'ai acheté ses DVD, tous ses CD, et j'écoutais ça toute la journée en essayant de jouer avec lui, pour apprendre. À l'époque il n'y avait pas YouTube, donc je ne pouvais pas le regarder et étudier ses placements de doigts et autre, je devais travailler à l'oreille, et j'allais le voir dès qu'il venait en ville. À force de travailler j'ai réussi à apprendre les bases. Mais c'est vrai que je n'ai jamais pris de cours, je suis autodidacte.

Ensuite il y a eu un trou en dernière année de lycée. J'avais presque 18 ans et je n'ai pas touché le 'ukulele pendant toute une année. Ce qu'il s'est passé c'est que je voulais vraiment écrire mes propres morceaux, mais je n'y arrivais pas et ça me frustrait, donc j'ai abandonné. Mais l'année d'après je me suis posé la question de mon avenir : veux-tu vraiment arrêter le 'ukulele ? Ça m'a ramené à mon projet, je rêvais d'une carrière dans la musique, je voulais faire de la scène et composer depuis que j'avais 13 ans, quand j'ai vu cette vidéo de Jake. Je voulais vivre de la musique. Donc j'ai repris le 'ukulele comme jamais et j'ai commencé à écrire. J'étais même surpris de la facilité avec laquelle la musique me venait naturellement à ce moment-là ! D'autant que je n'avais même pas de connaissances en théorie musicale à l'époque, j'ai juste écrit ce qui sonnait bien, en essayant plein de choses et en suivant mon instinct. Surtout, je n'avais plus aucun doute dans mon esprit. Et depuis quelques années j'ai commencé à apprendre la théorie, en autodidacte et avec les conseils d'autres joueurs de 'ukulele, et j'applique ça aussi dans mes nouveaux albums."

Comment décrirais-tu ton style au 'ukulele ?

"Je joue de tous les styles justement ! J'ai commencé par beaucoup de rock et de pop, mais maintenant j'introduis du jazz et même du classique dans ma musique… La diversité plait au 'ukulele. J'ai aussi un style qui habille beaucoup le son : quand j'écris un morceau au 'ukulele je commence par la mélodie, après il faut arranger la chanson pour ajouter des chœurs, le rythme, la mélodie… On peut tout faire en même temps sur un 'ukulele, c'est un instrument complet ! Mais c'est encore mieux avec un groupe derrière soit qui permet de remplir l'espace sonore.

Donc après avoir commencé à composer, il a encore fallu quelques années pour gérer le studio, la masterisation, pour enfin arriver à publier mon premier album, "The Beginning", en 2013. Il a terminé finaliste pour l'album de 'ukulele de l'année aux "2014 Na Hoku Hanohano Awards". Après ça, ma carrière était lancée. J'ai commencé à beaucoup voyager aux États-Unis, j'ai sorti un nouvel album en 2017. Et maintenant c'est ma première sortie à l'international, pour le festival de 'ukulele de Tahiti, je suis très excité ! On m'a dit tellement de bonne choses, je suis impatient de venir rencontrer les gens, découvrir l'instrument local. Ça va vraiment être bien je le sens !"

Quels conseils peux-tu donner aux jeunes joueurs qui voudraient suivre le même parcours que toi ?

"Personnellement, le challenge le plus dur quand j'ai appris a été de développer mon style, de ne pas jouer uniquement comme Jake. C'est un conseil que je peux donner aux jeunes joueurs : pour émuler vos héros, copiez-les, intégrez leur technique puis écrivez pour vous-mêmes. Et pour moi c'est quand j'ai été vraiment prêt dans ma tête que mon style est apparu. Donc n'hésitez pas à travailler beaucoup et à libérer votre imagination. De toute façon vous pourrez toujours progresser plus. Je joue du 'ukulele depuis 12 ans et je ne maitrise pas encore l'instrument, si c'est vraiment possible !

Comment un joueur de 'ukulele au style international vit-il sa carrière à Hawaii ?

"À Hawaii il y a des joueurs de 'ukulele style hawaiien très talentueux, et c'est vrai que l'ancienne génération trouve facilement des contrats. Pour nous, la nouvelle génération, c'est beaucoup plus difficile de trouver du boulot. C'est pour ça que je dois sortir de Hawaii, je travaille surtout sur la côte Ouest des États-Unis où ce nouveau style international, jazz, rock, pop… est très populaire. Mais ici on aime vraiment plus le 'ukulele traditionnel pour le lū'au (bringue hawaiienne) où le 'ukulele est un simple accompagnement pour la voix. C'est difficile pour un ukuleleiste soliste de se faire une place. J'aurais pu rejoindre un groupe traditionnel, j'adore jouer avec eux, mais au final c'est trop facile. J'aime bien plus ce que je fais actuellement !"


Andrew Molina "Dream On"


Rédigé par Jacques Franc de Ferrière le Vendredi 1 Septembre 2017 à 15:57 | Lu 1699 fois