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Air France traverse une des crises "les plus difficiles de son histoire" (Janaillac)


Paris, France | AFP | mardi 15/05/2018 -Air France traverse une des crises "les plus difficiles de son histoire", a déclaré mardi le PDG démissionnaire du groupe Air France-KLM, Jean-Marc Janaillac, appelant à "une transformation profonde" d'Air France qui ne peut pas "perdre plus de temps".

"Les crises à répétition, les grèves, les querelles et les doutes ont divisé notre groupe. Ce qui est en jeu aujourd'hui, c'est la reconstruction de la cohésion d'Air France et de notre groupe", a-t-il déclaré devant l'assemblée générale des actionnaires, après avoir officiellement remis sa démission au conseil d'administration mardi.

Le dirigeant avait mis son poste dans la balance à l'occasion d'une consultation du personnel sur une proposition d'accord de revalorisation salariale, rejetée par 55% des salariés.

"Air France traverse à bien des égards une des crises les plus difficiles de son histoire", a-t-il poursuivi. Et il a évoqué 15 journées de grève "qui ont entamé la confiance de ses clients, écorné son image".

M. Janaillac a estimé que le rejet de l'accord "est la traduction du malaise et l'expression des inquiétudes, des frustrations" du personnel.

"Les racines du mal dont souffre Air France sont sans doute anciennes", a-t-il analysé.

"Elles tiennent en partie à l'histoire de la compagnie" et notamment "à une culture héritée d'un fonctionnement interne vertical et administratif, qui devra évoluer, et au sentiment des salariés d'Air France d'avoir vécu une succession de plans d'attrition alors qu'une partie du problème vient de l'environnement français", a-t-il poursuivi.

M. Janaillac a régulièrement dénoncé, depuis son arrivée aux commandes du groupe en juillet 2016, le poids de la fiscalité et des charges sociales qui handicapent la compagnie française par rapport à ses concurrents européens.

- "Un sentiment d'invulnérabilité, d'éternité" -
"Je suis triste", a-t-il confié à quelques journalistes à la veille de son départ jugeant toutefois que son "départ peut créer un choc salutaire".

M. Janaillac a mis en cause "un terreau de mal-être sur lequel ont prospéré des revendications salariales tout à fait irréalistes".

Concernant le profil de son successeur, M. Janaillac voit "quelqu'un qui soit calme et résilient", "un manager qui soit en capacité d'inspirer les équipes", "un négociateur qui ait l'imagination de trouver des terrains d'entente, de trouver en permanence la porte de sortie par le haut".

Quant à la place de l’État - actionnaire à 14% - il a déclaré, au vu du conflit social qui secoue le groupe depuis le 22 février, avoir "changé d'avis".

"J'ai pu constater que certains au sein d'Air France sont encore persuadés que c'est l’État français qui décide, ce qui est totalement faux. J'en suis aussi venu à penser que le fait que l’État soit au capital renforce un sentiment d'invulnérabilité de la compagnie, d'éternité", a-t-il ajouté.

L'ancienne ministre Anne-Marie Couderc a été nommée mardi présidente non-exécutive du groupe franco-néerlandais, épaulée par une direction collégiale, en remplacement de M. Janaillac, une solution de transition en attendant de trouver un nouveau patron à la compagnie.

Rédigé par () le Mardi 15 Mai 2018 à 06:50 | Lu 315 fois