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Affaire Flosse Haddad : mystérieuses remises d’espèces à Noa Tetuanui


"Il faut se souvenir que Noa Tetuanui était menacé de mort à l’époque", rappelle Gaston Flosse pour expliquer le dispositif mis en place pour mettre à l’écart l’élu transfuge de l’UPLD.
"Il faut se souvenir que Noa Tetuanui était menacé de mort à l’époque", rappelle Gaston Flosse pour expliquer le dispositif mis en place pour mettre à l’écart l’élu transfuge de l’UPLD.
Dans le cadre de l’instruction à l’audience de l’affaire de corruption Flosse Haddad, le tribunal correctionnel s’est intéressé mercredi 26 septembre à des faits de corruption supposés de Gaston Flosse à Noa Tetuanui.

Ces éléments semblent liés à l’affaire principale dans la mesure où ils pourraient illustrer l’emploi fait par le chef de file du Tahoeraa d’une partie des versements en espèces que lui aurait fait le groupe 2H, dirigé par Hubert Haddad, de 1993 à 2005 et pour lesquels le sénateur et ancien président du Pays est prévenu pour les chefs de corruption passive et active, recel d’abus de biens sociaux.

A deux reprises, en octobre et novembre 2004, Noa Tetuanui semble avoir bénéficier de remises d’espèces d’un montant de 500.000 Fcfp prétendument tirées des caisses du Tahoeraa mais qui demeurent encore difficiles à justifier, aucune opération ne figurant à ce titre dans les comptes du parti politique.

Le Tribunal s’est notamment intéressé aux conditions dans lesquelles entre le 7 et le 9 octobre 2004, Noa Tetuanui, conseiller à l’assemblée de Polynésie française, élu sur une liste Tavini, a bénéficié d’avantages en nature et en espèces, consentis par Gaston Flosse et le Tahoeraa Huiraatira.

Le pacte de corruption entre les deux hommes est supposé avoir été scellé par la promesse faite par Gaston Flosse à Noa Tetuanui de l’inscrire en position éligible sur la liste des candidats du parti Tahoeraa et par une première remise d’espèces de 500.000 Fcfp (4.000 euros) et de billets d’avion pour Paris, à l’épouse de Noa Tetuanui dans les jours précédents le vote de la motion de censure du 9 octobre 2004.

Noa était en danger

La voix de Noa Tetuanui avait été déterminante, lors de ce scrutin. Le gouvernement UPLD fraichement élu et présidé par Oscar Temaru avait été renversé par 29 voix contre 28.

A l’approche du 9 octobre 2004, Gaston Flosse avait également ordonné la surveillance du domicile de Noa Tetuanui par des hommes du GIP. Puis il avait organisé le départ à Bora Bora de Jean Alain Frébault, Temauri Foster et Noa Tetuanui, tous trois membre du tout nouveau groupe Te Ara à l'Assemblée. Les trois élus avaient été transportés à bord de l’avion privé de Robert Wan avant de profiter de trois jours d'hébergement, tous frais payés, dans un hôtel appartenant à Robert Wan, sur un îlot de Bora Bora.

Les trois hommes avaient ainsi été mis à l’écart, en attendant le jour du scrutin. Le retour sur Tahiti avait eu lieu le matin du vote de la motion de censure au cours de laquelle le gouvernement Temaru 1 a été renversé.

« Il faut se souvenir que Noa Tetuanui était menacé de mort à l’époque », rappelle Gaston Flosse pour expliquer le dispositif mis en place pour mettre à l’écart l’élu transfuge de l’UPLD. « Nous avions à faire à des gens qui ne reculent devant rien. Souvenez-vous qu’à l’époque ils avaient occupé l’Assemblée, des bureaux de services du Territoire et de l’Etat : nous avions à faire à des furieux. Noa Tetuanui m’avait demandé de le protéger ».
Concernant la première remise d’espèces de 500.000 Fcfp : « Il m’avait demandé de l'aider financièrement, parce qu’il n’avait pas les moyens de subvenir aux menues dépenses de son voyage en France, pour lui et sa famille : l’hôtel à Paris, le train, le retour... Il y a des dépenses », explique le sénateur Gaston Flosse, alors que l'origine de ces fonds demeure un mystère. Une seconde remise d'espèces tout aussi énigmatique d'un montant de 500.000 Fcfp avait été faite par Gaston Flosse à Noa Tetuanui, en novembre 2004 à l'issue d'un repas.

Jeudi 27, l'instruction à l'audience s'intéresse à l'affaire de l'annuaire de l'OPT dans laquelle sont impliqués 9 des 15 prévenus à ce procès. Une affaire dans laquelle le préjudices causé par les société Publi Pacific et Yellow Online à l'OPT et à ses filiales a été estimé à 697 millions Fcfp entre 2000 et 2005. Publi Pacific et Yellow Online étant des filiales du goupe 2H, dirigé par Hubert Haddad, et chargées de la régie de la vente des espaces publicitaires de l'annuaire téléphonique. Une partie de ces sommes aurait servi à alimenter des réseaux de corruption, notamment en faveur de l'ancien homme fort du pays, Gaston Flosse.




Rédigé par Jean-Pierre Viatge le Mercredi 26 Septembre 2012 à 15:04 | Lu 3463 fois