Tahiti, le 6 mars 2025 - Ce jeudi, la cours d'assises s'est saisie pour la deuxième fois d'une double affaire de viol. Le condamné, faisant appel de la première décision, refuse de purger 15 années de réclusion criminelle. Un casse tête pour le tribunal qui peine à obtenir de l'homme des explications concrètes lors de l'audience. Celui-ci préférant parler de Dieu...
Le 31 mai 2024, la cours d'assises juge un père de famille coupable de violences physiques et sexuelles sur deux victimes mineures. Condamné à 15 années de réclusion criminelle pour ces faits, celui-ci fait appel, renvoyant ainsi l'affaire à l'audience de ce jeudi 6 mars. Une double affaire de viol révélée le 7 août 2014, à l'occasion d'une plainte déposée à la gendarmerie par la mère d'une des deux victimes. En effet, ce jour là, celle-ci apprend que la famille à qui elle confie sa fille durant la semaine – afin de faciliter sa scolarité et ses déplacements – la maltraite et abuse d'elle. Entendue par la gendarmerie le 12 août 2014, et alors âgée de 15 ans et demi, la fille décrit sa vie au sein de cette famille comme normale au début, jusqu'au moment où le père de famille lui fait part de son attirance, chose qu'elle dénonce à sa femme, mais celle-ci n'a pas la réaction escomptée et finit par la menacer. C'est alors que les conditions se dégradent drastiquement pour la victime. La jeune fille se fait toucher la poitrine, les fesses, et dès lors qu'elle se débat, l'homme lui met ses doigts dans le vagin. Des faits répétés qui ont duré plusieurs mois, presque un an, la victime n'ayant rien dit de peur de se faire battre. Mais le 15 septembre 2014, soit un mois après l'ouverture de l'enquête par la gendarmerie, une autre victime se déclare : la petite sœur de la femme de l'agresseur. Celle-ci assurant avoir subi le même traitement de 1994 à 2002, alors qu'elle habitait chez le couple. Elle déclare à l'époque que l'homme lui imposait des fellations, des pénétrations vaginales. Selon elle, il la prenait “par les bras et la forçait sans mal puisqu'elle était toute petite et avait peur”. L'homme, placé en garde à vue à l'époque, suite à ces déclarations, reconnait les faits en les minimisant, mais nie ceux de nature sexuelle.
“L'homme est aimable mais baratineur”
Mis en examen devant des spécialistes, le profil de l'agresseur est sans appel. Son psychiatre, en 2017, évoque “des capacités intellectuelles normales. Pas de pathologie mentale. L'examen permet de mettre en évidence une immaturité psychologique et des traits de caractères qui le placent dans la catégorie des pères incestueux”. Un constat appuyé par son psychologue en 2021 : “L'homme est aimable mais baratineur. Adepte du prosélytisme, il se présente comme un bon samaritain et prône l'amour de son prochain. Interrogé sur sa vie sexuelle, ce dernier affirme en souriant : ‘Je n'ai pas de frustration sur le plan sexuel, avec ma femme c'est Noël tous les jours !’” Une attitude surjouée et des propos incohérents qui n'ont pas réussi à tromper les spécialistes. En effet, devant le psy, l'homme revient sur ses propos affirmant qu'il n'a jamais levé la main sur ces filles et qu'il s'agit d'un complot. Un argument redondant dès lors que l'agresseur se perd en explications. Convoqué ce jeudi à la barre, le psychiatre assure que “le risque de récidive est grand car il n'y a pas de prise de conscience de la gravité des faits”. Quant au psychologue, il confirme “une structuration de la personnalité de l'accusé sur un mode pervers qui se caractérise par trois critères récurrents : la séduction, l'emprise et la manipulation”.
Des témoignages accablants
Interrogé ce jeudi par l'avocat des parties civiles, l'avocat général et le président de la cour d'assises, l'accusé a d'ailleurs joué sa partition avec brio, noyant les explications douteuses derrière une spiritualité de façade. “Peu importe ce que vous allez me demander, je parlerai toujours de Dieu”, a-t-il même prévenu. Un penchant pour le prosélytisme qui n'a pas manqué d'agacer la cour d'assises, obligeant cette dernière à recadrer le débat toutes les dix minutes. Mais si l'accusé pensait s'en sortir à coup de comédie, les différents témoignages se sont occupés de rétablir le contexte et les faits.
À l'exemple, de la déléguée de classe et amie de la victime, qui raconte : “Elle recevait tout le temps des messages. À la pause, elle était au téléphone, en permanence. On s'est tous demandé pourquoi, même les professeurs. On a appris par la suite que c'était lui. [...] Elle s'habillait toujours en sorte de cacher sa féminité. On lui coupait les cheveux comme un garçon. Elle n'avait pas le droit de venir au sport, car il aurait pu voir d'autres garçons. D'ailleurs, un jour, elle est venue. Son "tonton" est arrivé et a demandé qu'elle sorte pour venir récupérer des chaussures, mais on savait qu'il allait l'emmener alors je lui ai dit de rester.” Une attitude oppressante, confirmée par les membres de la vie scolaire du Lycée, dont notamment le conseiller principal d'éducation adjoint. En effet, même après la première plainte déposée aux gendarmes, le couple n'a eu de cesse de tenter d'entrer en contacte avec la victime. N'hésitant pas à se déguiser pour entrer au sein de l'établissement et échapper à la vigilance des surveillants. Interpellé sur ces agissements, l'accusé ne manque pas de répartie, affirmant ainsi : “Je sais de quoi ça a l'air, dit comme ça. Mais nous, nos intentions, elles étaient différentes. On voulait juste la voir pour discuter, parce qu'on s'inquiétait pour elle. On voulait lui parler pour qu'elle nous explique pourquoi tout a changé du jour au lendemain. Nous on n'a pas compris. C'est tout.” Une déclaration qui n'a trouvé aucune oreille réceptive, au point de faire lever les yeux au ciel de l'escorte en place. Le procès se poursuit demain et devrait, cette fois-ci, aborder les faits concernant l'autre victime, avant la délibération.
Le 31 mai 2024, la cours d'assises juge un père de famille coupable de violences physiques et sexuelles sur deux victimes mineures. Condamné à 15 années de réclusion criminelle pour ces faits, celui-ci fait appel, renvoyant ainsi l'affaire à l'audience de ce jeudi 6 mars. Une double affaire de viol révélée le 7 août 2014, à l'occasion d'une plainte déposée à la gendarmerie par la mère d'une des deux victimes. En effet, ce jour là, celle-ci apprend que la famille à qui elle confie sa fille durant la semaine – afin de faciliter sa scolarité et ses déplacements – la maltraite et abuse d'elle. Entendue par la gendarmerie le 12 août 2014, et alors âgée de 15 ans et demi, la fille décrit sa vie au sein de cette famille comme normale au début, jusqu'au moment où le père de famille lui fait part de son attirance, chose qu'elle dénonce à sa femme, mais celle-ci n'a pas la réaction escomptée et finit par la menacer. C'est alors que les conditions se dégradent drastiquement pour la victime. La jeune fille se fait toucher la poitrine, les fesses, et dès lors qu'elle se débat, l'homme lui met ses doigts dans le vagin. Des faits répétés qui ont duré plusieurs mois, presque un an, la victime n'ayant rien dit de peur de se faire battre. Mais le 15 septembre 2014, soit un mois après l'ouverture de l'enquête par la gendarmerie, une autre victime se déclare : la petite sœur de la femme de l'agresseur. Celle-ci assurant avoir subi le même traitement de 1994 à 2002, alors qu'elle habitait chez le couple. Elle déclare à l'époque que l'homme lui imposait des fellations, des pénétrations vaginales. Selon elle, il la prenait “par les bras et la forçait sans mal puisqu'elle était toute petite et avait peur”. L'homme, placé en garde à vue à l'époque, suite à ces déclarations, reconnait les faits en les minimisant, mais nie ceux de nature sexuelle.
“L'homme est aimable mais baratineur”
Mis en examen devant des spécialistes, le profil de l'agresseur est sans appel. Son psychiatre, en 2017, évoque “des capacités intellectuelles normales. Pas de pathologie mentale. L'examen permet de mettre en évidence une immaturité psychologique et des traits de caractères qui le placent dans la catégorie des pères incestueux”. Un constat appuyé par son psychologue en 2021 : “L'homme est aimable mais baratineur. Adepte du prosélytisme, il se présente comme un bon samaritain et prône l'amour de son prochain. Interrogé sur sa vie sexuelle, ce dernier affirme en souriant : ‘Je n'ai pas de frustration sur le plan sexuel, avec ma femme c'est Noël tous les jours !’” Une attitude surjouée et des propos incohérents qui n'ont pas réussi à tromper les spécialistes. En effet, devant le psy, l'homme revient sur ses propos affirmant qu'il n'a jamais levé la main sur ces filles et qu'il s'agit d'un complot. Un argument redondant dès lors que l'agresseur se perd en explications. Convoqué ce jeudi à la barre, le psychiatre assure que “le risque de récidive est grand car il n'y a pas de prise de conscience de la gravité des faits”. Quant au psychologue, il confirme “une structuration de la personnalité de l'accusé sur un mode pervers qui se caractérise par trois critères récurrents : la séduction, l'emprise et la manipulation”.
Des témoignages accablants
Interrogé ce jeudi par l'avocat des parties civiles, l'avocat général et le président de la cour d'assises, l'accusé a d'ailleurs joué sa partition avec brio, noyant les explications douteuses derrière une spiritualité de façade. “Peu importe ce que vous allez me demander, je parlerai toujours de Dieu”, a-t-il même prévenu. Un penchant pour le prosélytisme qui n'a pas manqué d'agacer la cour d'assises, obligeant cette dernière à recadrer le débat toutes les dix minutes. Mais si l'accusé pensait s'en sortir à coup de comédie, les différents témoignages se sont occupés de rétablir le contexte et les faits.
À l'exemple, de la déléguée de classe et amie de la victime, qui raconte : “Elle recevait tout le temps des messages. À la pause, elle était au téléphone, en permanence. On s'est tous demandé pourquoi, même les professeurs. On a appris par la suite que c'était lui. [...] Elle s'habillait toujours en sorte de cacher sa féminité. On lui coupait les cheveux comme un garçon. Elle n'avait pas le droit de venir au sport, car il aurait pu voir d'autres garçons. D'ailleurs, un jour, elle est venue. Son "tonton" est arrivé et a demandé qu'elle sorte pour venir récupérer des chaussures, mais on savait qu'il allait l'emmener alors je lui ai dit de rester.” Une attitude oppressante, confirmée par les membres de la vie scolaire du Lycée, dont notamment le conseiller principal d'éducation adjoint. En effet, même après la première plainte déposée aux gendarmes, le couple n'a eu de cesse de tenter d'entrer en contacte avec la victime. N'hésitant pas à se déguiser pour entrer au sein de l'établissement et échapper à la vigilance des surveillants. Interpellé sur ces agissements, l'accusé ne manque pas de répartie, affirmant ainsi : “Je sais de quoi ça a l'air, dit comme ça. Mais nous, nos intentions, elles étaient différentes. On voulait juste la voir pour discuter, parce qu'on s'inquiétait pour elle. On voulait lui parler pour qu'elle nous explique pourquoi tout a changé du jour au lendemain. Nous on n'a pas compris. C'est tout.” Une déclaration qui n'a trouvé aucune oreille réceptive, au point de faire lever les yeux au ciel de l'escorte en place. Le procès se poursuit demain et devrait, cette fois-ci, aborder les faits concernant l'autre victime, avant la délibération.