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Abus de confiance, prise illégale d'intérêts : Putai Taae sur la sellette


PAPEETE, le 30 avril 2019 - Le représentant Tapura et maire de Papara, Putai Taae, son épouse ainsi que cinq autres élus de la commune ont comparu mardi devant le tribunal correctionnel pour répondre des délits de participation et recel de « prise illégale d’intérêts » et « abus de confiance » dans l’affaire de l’association Taatira ia ora Papara. Le procureur de la République a requis deux ans d’inéligibilité à l'encontre du tavana de Papara avec « exécution provisoire » du jugement. Si le tribunal suit ces réquisitions le 7 mai prochain, Putai Taae perdra immédiatement ses mandats à l’assemblée et à la mairie.

Putai Taae, son épouse, ainsi que cinq autres élus -Charles Villierme, Ralph Sanford, Jean Torohia, Gaston Tunoa et Taaroarii Avae- ont comparu devant le tribunal correctionnel de Papeete mardi pour « prise illégale d’intérêts », « abus de confiance » et recel de ces délits. Un procès pour juger l'affaire de l'attribution de fonds publics à l'association Taatitira ia ora Papara gérée par Putai Taae et ses proches.
 

Dénonciations anonymes

A l'origine de cette affaire, le 29 décembre 2015, deux mois après son élection à la mairie de Papara, Putai Taae avait créé l’association Taatitira ia ora Papara. Cette structure avait pour but principal de recueillir des subventions en vue de l’organisation du heiva de la commune et d’aider les administrés en difficulté sur le plan financier. Si Putaai Taae était le président d’honneur de cette association, tous les autres membres de la structure étaient également des élus.

En septembre 2016, des courriers anonymes avaient dénoncé un nombre « incalculable » d’irrégularités dans la gestion de la commune. Un mois après, le parquet de Papeete avait ouvre une enquête préliminaire confiée à la section de recherches de la gendarmerie. Les investigations avait laissé apparaître qu’en l’espace de deux ans, toutes les subventions aux associations allouées par la commune de Papara avaient été versées à la seule association Taatitira ia ora Papara. Des fonds qui avaient, entre autres, servi à financer deux séjours aux Etats-Unis aux membres de l'association.

« Jumelage »

A la barre du tribunal ce mardi, Putai Taae et Charles Villierme, le trésorier de l'association, ont affirment qu'à l'époque des faits, ces voyages avaient pour but d'effectuer un « jumelage » entre les communes de San Diego et de Papara. Bien qu'il n'existe aucune trace de ce projet dans le dossier, les deux hommes ont assuré qu'ils avaient rencontré le maire de San Diego ainsi qu'un sénateur.

Notons qu'à l'époque des faits, Putai Taae percevait un salaire mensuel d'un million de Fcfp entre son indemnité de maire, sa retraite et son indemnité de représentant à l'assemblée.

Exécution provisoire

A l'issue d'une audience qui a duré plus que cinq heures, le procureur de la République a requis 18 mois de prison avec sursis, deux millions de Fcfp d'amende, et deux ans inéligibilité avec exécution provisoire à l'encontre de Putai Taae. Le délibéré sera rendu le 7 mai prochain.

La notion d' « exécution provisoire » signifie que la condamnation prononcée par le tribunal correctionnel doit être applicable dès le prononcé du délibéré. Si le tribunal suit les réquisitions du procureur de la République, le tavana perdrait immédiatement ses mandats ainsi que le droit d'être élu.

Rédigé par Garance Colbert le Mardi 30 Avril 2019 à 22:46 | Lu 2519 fois