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A la recherche d'un successeur à Collomb, Macron replonge dans la crise


Paris, France | AFP | mercredi 03/10/2018 - Emmanuel Macron cherchait mercredi à trouver en catastrophe un successeur à Gérard Collomb dont il a fini par accepter dans la nuit la démission, plongeant l'exécutif dans une nouvelle tourmente.

"Rien de ce qui se passe depuis 48 heures ne s'apparente à une crise politique. L'État fonctionne (...), le gouvernement est parfaitement à sa tâche", a déclaré le président lors du Conseil des ministres, selon le compte-rendu du porte-parole du gouvernement.
Le remplacement de M. Collomb, soutien de la première heure au chef de l'État, "est l'affaire de quelques jours", a ajouté Benjamin Griveaux. Il a refusé d'indiquer si ce remaniement allait être plus large qu'un simple remplacement poste par poste.
"On peut dire que c'est une rupture non conventionnelle, ce n'est ni un drame ni un épiphénomène", a abondé un autre très proche de Macron, le président de l'Assemblée Richard Ferrand, qui récuse lui aussi la terme de crise.
Ce n'est pas l'avis de l'opposition qui, à droite comme à gauche, a partagé sa "consternation" devant ce départ précipité de Gérard Collomb, en route pour la mairie de Lyon et remplacé provisoirement par le Premier ministre Édouard Philippe.
La passation de pouvoir entre les deux hommes a été glaciale mercredi matin.
Chargé d'assurer l'intérim place Beauvau, Edouard Philippe, qui a dû annuler son voyage prévu en Afrique du Sud, a d'abord fait patienter Gérard Collomb, 71 ans, pendant de longues minutes seul sur le perron du ministère, face aux caméras.
Visage grave, Edouard Philippe a évoqué "la culture, le caractère direct de l'expression" du ministre. Sans desserrer les dents, il a assuré de la "détermination" de l'exécutif "d'assurer le plus haut niveau de sécurité aux Français", avant de sceller le départ de M. Collomb d'une poignée de main froide.
 

- Troisième ministre d'Etat -

 
L'ancien "premier flic de France" a dit quitter "avec regret" un ministère "apaisé". Une formule quelque peu étrange venant de quelqu'un qui a fait le forcing pour partir à la reconquête de la maire de Lyon en remettant sa démission au président à deux reprises en moins de 24 heures.
Gérard Collomb, qui devrait rapidement retrouver son siège de maire de Lyon qu'il a déjà occupé pendant seize ans, a également félicité les forces de l'ordre pour l'arrestation dans la nuit du braqueur récidiviste Redoine Faïd.
Mais c'est bien Édouard Philippe, avec sa casquette provisoire de ministre de l'Intérieur qui s'est rendu mercredi à Nanterre pour féliciter les policiers qui ont interpellé tôt dans la matinée l'homme le plus recherché de France. 
Le départ de M. Collomb, poids lourd du dispositif macronien, a plongé le pouvoir, déjà fragilisé par une rentrée difficile, dans une nouvelle crise.
A peine rentré de son voyage aux Antilles, Emmanuel Macron perd son troisième ministre d'État depuis son arrivée, après la démission de François Bayrou en juin 2017 et celle de Nicolas Hulot en septembre.
 

- "Chienlit" -

 
Des six principaux ministres dans l'ordre protocolaire en place au début du mandat d'Emmanuel Macron, il ne reste aujourd'hui plus que Jean-Yves Le Drian, aux Affaires étrangères.
"Le Titanic s'enfonce de plus en plus vite et l'orchestre a arrêté de jouer", a ironisé le député LR Eric Ciotti sur RTL.
Emmanuel Macron "n'est plus le maître des horloges", a ajouté Bruno Retailleau, président du groupe Les Républicains (LR) au Sénat.
"C'est la chienlit au sommet de l'État", a commenté Boris Vallaud, le porte-parole du PS, alors que Marine Le Pen ironisait sur l'évasion réussie de M. Collomb.
La nomination provisoire d'Édouard Philippe à l'Intérieur souligne la difficulté pour l'exécutif de trouver un remplaçant à Gérard Collomb à ce poste stratégique.
Le ministre du Budget Gérald Darmanin, le secrétaire d'État aux Relations avec le Parlement Christophe Castaner, le porte-parole du gouvernement Benjamin Griveaux ou encore l'ancien patron de la police nationale Frédéric Péchenard sont cités comme successeurs potentiels. Un temps évoqué, le maire LR de Nice Christian Estrosi a assuré mercredi n'être "absolument pas" candidat.
Selon Jean-Claude Delage, secrétaire général d'Alliance, "les policiers se posent la question de savoir pourquoi ils n'ont plus de ministre". "Dans le contexte actuel de menace terroriste, de pression migratoire, de conditions de travail dans la police, c'est ahurissant", a-t-il estimé.

le Mercredi 3 Octobre 2018 à 04:42 | Lu 371 fois