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52 collisions évitées avec des baleines au mois d'août entre Tahiti et Moorea


En seulement un mois, l'association Oceania a fait état de 264 observations de cétacés entre Tahiti et Moorea.
En seulement un mois, l'association Oceania a fait état de 264 observations de cétacés entre Tahiti et Moorea.
Tahiti, le 11 septembre 2025 - Dans le cadre de son programme anticollision, l'association OceanIA a fait état, au mois d'août dernier, de 264 observations de cétacés et de 52 manœuvres d'évitement entre Tahiti et Moorea. Des actions rendues possibles grâce aux Observateurs de mammifères marins (OMM) de l'association, embarqués à bord des ferries 7j/7.
 
Au mois d'octobre 2024, les Polynésiens assistaient à la mort tragique d'une baleine grièvement blessée par un navire. La partie supérieure de sa mâchoire arrachée, le cétacé, dans l'incapacité de se nourrir, est mort sous le regard impuissant des autorités pourtant largement mobilisées. Une histoire qui a ému la population locale et qui, depuis, oblige les compagnies de transport maritime à redoubler de vigilance. Et pour ce faire, ces dernières peuvent notamment compter sur les Observateurs de mammifères marins (OMM) de l'association OceanIA. Embarqués à bord de navettes maritimes reliant Tahiti et Moorea, de lundi à dimanche, quatre agents se relaient afin d'assister les capitaines des différentes compagnies. “Nous ne sommes pas présents sur l'ensemble des bateaux en même temps, car il nous faudrait plus d'observateurs pour ça”, explique Marie-Lou Bontemps, membre de l'association OceanIA. “Mais, en tout cas, cet axe maritime est couvert tous les jours, 7j/7, avec au moins un observateur sur la route à chaque fois.”
 
Un travail soutenu qui permet aujourd'hui de dresser des bilans exhaustifs quant aux actions des OMM et leur incidence pour la sauvegarde des mammifères marins. Concrètement, au mois d'août de cette saison, ces derniers ont effectué 350 trajets, soit 175 allers et retours entre Tahiti et Moorea, ce qui a permis 264 observations de cétacés, qui ont conduit à leur tour à 171 codes déclenchés et 52 manœuvres d'évitement. Des chiffres insoupçonnés qui en disent long sur la nécessité d’une surveillance assidue du chenal.
 
Une méthode bien établie
 
“Ces observateurs sont en passerelle, à côté du capitaine et du second”, indique Marie-Lou Bontemps. “Durant toute la traversée, ils observent la mer afin de détecter, le plus tôt possible, la présence de baleines pour pouvoir anticiper. Ensuite ils suivent un petit protocole scientifique, où ils vont donner la distance à laquelle ils ont observé la baleine, et l'espèce qu'ils pensent avoir identifié. Souvent il s'agit de baleines à bosse mais nous avons déjà pu observer d'autres espèces aussi. Et enfin, en fonction de la distance d'observation, ils déclenchent ce que l'on appelle un code. Il y a trois types de code: Le code rouge (distance inférieure à 100m), code jaune (distance entre 100 et 200m), code vert (distance entre 200 et 3.000m).”
 
Pour autant, les limites d'un tel dispositif sont nombreuses. Premièrement, les manœuvres d'évitement ne sont pas toujours possibles, en raison notamment d'une distance trop courte séparant le bateau et l'animal. “Le capitaine n'a pas toujours le temps de réagir”, assure l'association OceanIA. “Il faut prendre en compte le fait que les navires sont difficilement manœuvrables du fait de leur taille et leur poids. Et puis ils vont vite, donc il est également difficile de les faire ralentir sur les courtes distances.” Autres facteurs défavorables : la houle et le mauvais temps qui peuvent limiter considérablement le champ de vision. Mais l'association insiste : “Nos observateurs sont embarqués même si la météo est mauvaise. L'observation est effectivement plus compliquée, alors ils se concentrent vraiment sur ce qui est devant le navire. C'est dans ce genre de situations qu'ils sont encore plus importants pour les capitaines de ces navires.”
 
Et si les compagnies de transport maritime, pour la plupart, jouent le jeu, l'association regrette un manque de participation d'un point de vue financier : “Les compagnies de transport par bateau nous suivent dans nos démarches”, confirme l'association. “Elles jouent le jeu et on commence même à créer des liens forts. On arrive à coopérer sur ce programme depuis maintenant 8 ans. Le seul bémol, si l'on peut dire, c'est que financièrement les compagnies ne contribuent que très peu au programme anticollision. Selon elles, elles ne disposent pas de ressources suffisantes pour nous aider. C'est ce qui ressort, en tout cas, à chaque fois lors de nos discussions. C'est un discours que l'on entend, mais que l'on a du mal à comprendre pour certaines compagnies. Notre objectif pour l'année prochaine, ça serait d'être capable d'être sur toutes les compagnies. Et qu'elles contribuent toutes à la même hauteur, financièrement.”
 
Des caméras de surveillance à venir
 
Mais surtout, afin de faciliter l'observation des cétacés sur l'axe Tahiti-Moorea, l'association s'est récemment dotée de caméras spécifiques et de longue portée : “Les caméras sont pour le moment posées, installées, mais elles sont encore en train d'être calibrées”, précise cependant Marie-Lou Bontemps. “Pour l'instant elles prennent des photos. Nous les entraînons à capter les baleines, les observer, à faire la distinction avec les bateaux. Lorsqu'elles seront prêtes, elles enverront automatiquement des alertes. Pour le moment, elles sont à l'entraînement. L'objectif étant de les rendre opérationnelles pour la saison prochaine.” Un soutien de taille pour l'équipe d'OMM qui alerte : “Si nous avons, globalement, constaté un peu moins d'observations de cétacés sur ce mois d'août comparé à l'année dernière, en revanche, nous avons eu recours à plus de manœuvres d'évitement.”


Rédigé par Wendy Cowan le Jeudi 11 Septembre 2025 à 14:53 | Lu 1722 fois