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​Une centaine de marcheurs contre l'appropriation des îles Actéon


Tahiti, le 28 mars 2021 - Les ayants-droits des îles Actéon se sont fait entendre samedi matin lors de la manifestation contre l'acte de notoriété acquisitive effectué par le Camica devant un notaire. Ils demandent au Camica de leur rendre leurs terres et de ne pas les "spolier".
 
L'association Titahinui a réussi à rassembler près d'une centaine de personnes, samedi matin à Papeete, pour contester au travers d'une marche pacifique l'acte de notoriété acquisitive effectué par le Conseil d'administration de la mission catholique (Camica) sur les îles Actéon. C'est peu avant 9 heures que le cortège est parti de Maria-no-te-hau pour se rendre à la stèle de Pouvanaa a Oopa. Nombre de manifestants étaient des ayant-droits des propriétaires initiaux des îles Actéon et voulaient faire entendre leur voix. Les manifestants ont arboré plusieurs pancartes sur lesquelles étaient écrits : "Camica ramenez-nous nos terres ancestrales", "Camica vos titres de propriétés n'ont aucune valeur. Nous sommes les descendants" ou encore tout simplement "nous sommes les ayants-droits".
 
Le président de l'association Titahinui affirme que cette manifestation a été mise en place pour "montrer au peuple que nous, propriétaires, sommes là". Il indique avoir demandé aux autorités du Pays, de l'État ainsi qu'au Camica, la mise en place d'une table ronde afin de régler ce problème. Une demande qui est restée lettre morte selon lui.
 
"Spolier des biens"
 
Quelques personnalités de la culture étaient aussi présentes samedi, comme Anastase Merehau ou encore Hinano Murphy, également en tant qu'ayant-droits de ces terres. Cette dernière affirme qu'elle n'a pas eu écho de cet acte de notoriété acquisitive faite par le Camica avant sa diffusion dans les médias. Elle confie que sa mère est "très remontée contre cette manière de faire et d'agir". Pour Hinano Murphy : "ces îles font partie du patrimoine (...) et normalement le Camica devrait respecter. Il doit s'occuper des affaires de l'église, de la vie spirituelle de ses fidèles et ne doit pas spolier les biens de ses brebis". Elle se dit satisfaite que le Pays ait esté en justice le Camica afin de bloquer cet acte de notoriété acquisitive. "C'est un pas en avant". Elle espère qu'avec la médiatisation de ce sujet et le recours du Pays, le Camica reviendra sur sa décision et que des discussions pourront se tenir : "surtout que quand on touche à une terre, on touche à l'élément vital c'est à dire le lien que les pa'umotu ont avec leurs terres. Cette sensibilité est importante pour une paix sociale".
 
Réa, une autre ayant-droit présente aussi samedi à la manifestation, indique vouloir se battre pour les  générations futures. "Je suis déçue car nous sommes des pratiquants catholiques  (...). Les ayants droits ont besoin d'avoir leur atoll, pourquoi nous priver de cela ? (...). Il ne faut pas spolier les terres des gens". Teagai, un manifestant visiblement très ému, a expliqué avoir "mal au cœur" de voir le Camica s'approprier "les terres de mes tupuna". "L'église catholique n'a pas à faire de business avec les terres", s'est lamenté le manifestant critiquant au passage vertement la gestion des îles Actéon à l'époque du Père Victor.
 

Rédigé par Vaite Urarii Pambrun le Samedi 27 Mars 2021 à 17:14 | Lu 778 fois