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​Plongée au cœur de Hakatao


Ua Pou, le 21 octobre 2020 - Après la présentation de la vallée de Hohoi vendredi dernier, nous vous invitons à une petite excursion dans celle de Hakatao, au sud de l'île. Hakatao, c’est un peu le bout du monde du bout du monde au milieu du Pacifique.
 

Pour rejoindre ce village accueillant de pêcheurs au sud de l’île de Ua Pou, il faut entre 1 heure et 1h30 en voiture pour parcourir les 32 kilomètres qui relient Hakahau à Hakatao, par une petite route sinueuse passant à travers des bananeraies et des cocoteraies bien entretenues. Les troupeaux de chèvres en liberté vous laisseront la voie libre, si elles le veulent bien, tandis que les paysages changent d’une ambiance aride à une atmosphère plus tropicale, en passant même par un petit col à la brise rafraîchissante.
 
On y pêche beaucoup, et les pêcheurs ici essaient de respecter le kahui (rahui). On pêche aussi de nuit. On s’en va attraper du crabe ou du poulpe à la lumière des frontales, puis le fruit de la récolte sera séché aux embruns marins par un soleil torride.
 
On pêche, mais presque tout le monde a aussi son petit faa’apu où il cultive salades, haricots verts ou pastèques. Et lorsque la période le permet, en général de mars à juillet, on s’en va récolter des oeufs de kaveka sur Motu Oa, le "motu cathédrale", une île aux oiseaux au large de Hakatao. Le coprah était quant à lui pas mal pratiqué, mais la crise sanitaire a eu quelque peu raison de cette activité dans la vallée où on est passé de 30 à 5 sacs par bateau, de une à deux fois par mois. Heureusement qu’on y cultive également des citrons, des pamplemousses, des mandarines, des oranges mais aussi des bananes, des nonis et des citrouilles, de temps en temps. A Hakatao, on élève aussi des boeufs, des cochons et des chèvres, bien sûr.
 
Il y a cinq artisans dans cette vallée, certains confectionnant des colliers en graines, ou encore des paniers en pandanus. Deux d’entre eux sculptent sur bois et un autre sur pierre ; mais il y a également un tatoueur originaire du village, Jerry, actuellement à l’étranger mais qui revient de temps à autres se ressourcer dans son village natal. Egalement originaire de Hakatao, Pascal alias Para, un tuhuka (ceux qui détiennent le savoir) de l’île est un des piliers de la culture marquisienne à Ua Pou. Il a poussé les recherches sur le haka dans les danses marquisiennes avec l’aide de sa grand-mère qui lui a transmis les légendes des anciens. En décembre 1999, il a créé un haka marquisien sur le tiki que l’on danse toujours aujourd’hui.

Un hameau coloré et convivial

 
L’ancien berceau de la tribu Te Ahi Pateo est aujourd’hui un petit hameau coloré et convivial dont le centre névralgique est en bord de mer, où l’on arrive par une route bordée de fleurs de toutes les couleurs. On y trouve l’école élémentaire qui accueille 15 élèves, la chefferie, le dispensaire avec une infirmière, une petite marina avec les pirogues et une épicerie. En parcourant la route centrale du village, on peut apprécier les maisons dont la cour abrite parfois une pirogue et l’on passe à côté de l’église du village datant de 1973.
 
Le fond de vallée de Hakatao est aussi plein de vestiges, avec notamment l’abri sous roche de Anapua qui avait poussé l’archéologue Pierre Ottino à émettre la thèse du peuplement marquisien déjà en 100 av. JC. Autre particularité : pas loin de Motu Oa, e trouve le mont Taka’e se compose de pics de 240 mètres immergés, où les pêcheurs se rendent souvent car les alentours sont très poissonneux.
 
Les habitants sont accueillants et ne sont pas avares d’échanges à propos de leur vallée. Ils sont environ 400, mais plus que 300 quand les jeunes partent en internat à Hakahau, Nuku Hiva, Hiva Oa et Tahiti.

Rédigé par Eve Delahaut le Mercredi 21 Octobre 2020 à 10:04 | Lu 1839 fois