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​Un procès des car bass par extension


Tahiti, le 26 février 2024 - Lundi après-midi, un jeune homme de Hitia’a, qui a frappé un mūto’i de la commune samedi dernier, a écopé de huit mois de prison avec sursis. Les rassemblements sauvages de car bass, l’alcool et la drogue qui y circulent en sortent comme à chaque fois, sans peine, mais aussi sans solutions.

 
Trapu, costaud, malgré son attitude presque enfantine, et la crête blonde à la mode, TT comparaissait ce lundi en comparution immédiate au tribunal de Papeete pour avoir frappé à la tête un mūto’i de Hitia’a venu lui demander de quitter les lieux lors d’une nouvelle soirée sauvage où une centaine de car bass s’étaient donné rendez-vous à Nivee, vendredi dernier. Cette nuit-là, ce sont près de 500 personnes qui étaient venues faire la fête illégalement dans un enfer de décibels.
 
Alcoolisé alors que le jour se levait, le jeune homme n’a pas apprécié de se faire déloger de son lieu de fête. Toute la nuit, gendarmes et mūto’i avaient observé la situation sans intervenir, sauf pour faire dégager les voitures et danseurs qui s’étaient installés sur la route. Au petit matin, les forces de l’ordre demandaient à tout le monde de vider les lieux. Et TT a vu rouge. Des insultes tout d’abord puis un uppercut au menton et le mūto’i se retrouvait au sol. Quelques heures plus tard, le policier municipal, qui avait travaillé toute la nuit, devait fêter l’anniversaire de son jeune fils. Il n’en sera finalement rien.
 
“En 16 ans de métier, je n’ai jamais été frappé au visage. C’est la première fois. Je ne fais que mon boulot. J’ai des enfants qui m’attendent à la maison. C’est inacceptable”, a-t-il témoigné à la barre, ce lundi, encore sous le choc.
 
TT, qui n’a pas de casier judiciaire, mais qui est connu à Hitia’a pour ses frasques, sera finalement condamné à huit mois de prison avec sursis.

En finir avec les réunions de car bass

Mais l’exemple de TT, c’est aussi l’exemple de ce qui se passe tous les week-ends, dans de nombreuses vallées, où musique, alcool et drogues se mélangent dans ces soirées car bass sauvages. “Ces soirées où la musique importune le voisinage, et où l’alcool est très présent, ne sont plus possibles”, a expliqué ce lundi la vice-procureure, Hélène Geiger. “Ces sites ne sont pas des zones de non-droit. C’est une véritable problématique de service public et de sécurité routière.”
 
Présent pour défendre TT, Me Loyant dans sa plaidoirie ira – chose rare – dans le même sens que la vice-procureure, dans des termes autrement plus accusateurs. “Nous sommes là pour juger TT. Ce n’est pas le procès du car bass”, a-t-il rappelé, avant lui aussi de tirer à boulets rouges sur le phénomène. “C’est un phénomène difficile à contrer, d’autant qu’il y a une absence de réaction des pouvoir publics”, a-t-il expliqué. “Et le problème va ressurgir de plus en plus, avec les nuisances sonores qui se répercutent sur le voisinage. Tant que cela ne sera pas réglé, réglementé, on aura des troubles à l’ordre public dans un esprit d’hystérie collective sur fond d’alcoolisme généralisé et de drogue aussi.”
 
Interdire ? Réglementer ? Des solutions sont à trouver pour que les amateurs de car bass puissent s’exprimer sans assourdir les oreilles du voisinage et être des générateurs de conducteurs ivres et drogués sur les routes. Encore faut-il les chercher.

Rédigé par Bertrand PREVOST le Lundi 26 Février 2024 à 19:04 | Lu 2156 fois