Tahiti Infos

​Terres en vue aux Australes


Tahiti, le 7 juillet 2020 - Les sièges de l'amphithéâtre A1 de l'université de Polynésie française ont été pris d'assaut lundi matin à l'occasion de la réunion publique annonçant les modalités d'accès au titrement de certaines terres à Rurutu et à Rimatara.
 
Plus de 200 personnes, parfois même des familles entières se sont pressées sur les bruyants sièges de l'amphithéâtre pour écouter avec beaucoup d'attention et tout autant d'intérêt le discours en tahitien d'une demi-heure du président Edouard Fritch, puis les explications de la directrice des affaires foncières, Loyana Legall.
Un engouement qui se justifie par l'attachement viscéral des Polynésiens pour leur terre dans un contexte foncier où règne l'indivision. L'Assemblée territoriale avait adopté en juin 2019 une procédure exceptionnelle permettant d'accéder aux titres de propriété pour les personnes justifiant d'un lien de filiation avec les attributaires des procès-verbaux de bornage lors des opérations cadastrales sur les îles de Rurutu et de Rimatara dans les années 1940-1950.
Une mesure rendue possible car ces îles ont été les deux dernières à s'intégrer au Protectorat français en 1889, alors que les textes de loi relatifs à l'organisation des biens fonciers datent de 1887.
A Rurutu, par exemple, pas moins de 1857 parcelles, soit 400 hectares, représentant 47% de l'île sont à céder et 843 à Rimatara pour 442 hectares. Les parcelles concernées par ce don du Pays représentent une valeur de 18 milliards Fcfp. C'est dire si les demandes vont affluer pour la reprise de ces biens jusqu'à présent considérés sans maître. Pour réclamer ces terres listées, les attributaires auront simplement à remplir une « déclaration unilatérale de propriété immobilière» qui fera l’objet d’une étude et d’un avis du service en charge des affaires foncières. A l’issue de la procédure de déclaration et en l’absence de toute contestation au terme d’un délai d’un an, le Conseil des ministres pourra prendre un arrêté de titrement définitif.
Le président a déclaré que le Pays pourrait aménager des routes pour les parcelles qui sont actuellement inaccessibles et pense même à élargir cette procédure de restitution à d'autres îles, comme Mangareva. Une annonce qui si elle est suivie des faits, satisfera les populations concernées mais pourrait aussi faire naître quelques jalousies.
TM

Rédigé par TM le Mardi 7 Juillet 2020 à 08:30 | Lu 726 fois