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​Municipales : Gaston Flosse s’élance officiellement à Papeete


Tahiti, le 5 décembre 2019 – Le leader du Tahoera’a Huiraatira, Gaston Flosse, et sa compagne, Pascale Haiti, ont déposé jeudi matin leur dossier de demande d’inscription sur la liste électorale de Papeete, avec en perspective une candidature avouée dans la capitale aux municipales de 2020.
 
C’est dans la capitale de la Polynésie française que le Vieux Lion espère rebondir politiquement, à 88 ans. L'ambition n'était jusqu'alors rien d'autre qu'un secret de polichinelle. Mais depuis jeudi, la manœuvre a pris corps : Gaston Flosse et sa compagne, Pascale Haiti, ont déposé en début de matinée un dossier d’inscription sur les listes électorales de Papeete. Et l’ancien maire de Pirae (1965-2000), ancien président du Pays (de 1984 à 2004, par épisodes de 2005 à 2008 et de mai 2013 à septembre 2014) annonce qu’il pourrait conduire la liste d’union Amuitahiraa pour se lancer à la conquête de la mairie de Papeete, aux élections municipales des 15 et 22 mars 2020.

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Pourquoi pas à Pirae ? Parce que "Pirae, je me dis que c’est fait. Faire quoi de plus que ce qu’il y a déjà, sinon faire de l’entretien ? Ce n’est pas mon genre. Moi, je veux foncer. Je veux bâtir", lance-t-il en tournant à son avantage un renoncement mûrement réfléchi. En effet, stratégiquement Gaston Flosse peut difficilement se permettre un duel frontal dans sa commune historique face à celui qui fut son "Second for Ever", le président Edouard Fritch. Une défaite à Pirae serait dévastatrice en termes d’image pour Flosse. Elle le priverait de tout espoir d’avenir politique, à 88 ans. En choisissant Papeete, le vieux bretteur se ménage en revanche, en cas de victoire aux municipales, un tremplin pour les territoriales de 2023, alors qu’une défaite serait pour lui sans grande conséquence face au maire sortant, tavana de Papeete systématiquement réélu depuis 1995.

La liste Amuitahiraa est donc en cours de constitution sur la base d'une union avec le Tavini Huiraatira et quelques petits partis pour un contour de pluralité : "nous avons déjà les anciens partis comme le Here Ai’a, le Ia Hau Noa de Bruno Sandras, les bases du Tavini également".


​Rififi au Tavini

Le problème de ce côté-là, c’est que contrairement à ce qu’affirme le président du Tahoera’a, rien n’est encore acté par les Tomite locaux du Tavini. Une réunion s’est bien tenue mardi dernier à Mamao, à l’initiative de Manarii Galenon, en présence d’une cinquantaine de militants et de cadres bleus.
Le principe d’un rapprochement avec le Tahoera’a a été mis au vote. Et comme l’explique Gaston Flosse : "Ils m’ont interrogé pendant une heure. J’ai répondu à toutes ces questions. Ensuite, il y a eu un vote démocratique. Sur la cinquantaine de responsables présents, ça a été quasiment à l’unanimité. Il n’y a eu qu’une seule voix contre et deux abstentions." Mais ce rapprochement ne dit rien sur l’identité de celui qui conduira la liste commune. Connaissant Gaston Flosse, on imagine mal qu’il renonce à cette position. Et c’est là que le bât blesse, dans les rangs Tavini. "Il nous présente ses résultats aux dernières territoriales. Mais on sait que depuis, plusieurs de ses lieutenants ont quitté le navire. Ces chiffres ne veulent plus rien dire", explique un cadre du Tavini qui voit d’un mauvais œil l’arrivée d’un Flosse conquérant à Papeete. "Partons sur des listes séparées au premier tour des municipales. On se compte. Ensuite il sera toujours temps de faire une liste d’union pour le deuxième tour", préconise-t-il. Visiblement, lors de la réunion de Mamao, Gaston Flosse a réussi à vendre à l’assemblée le principe de la constitution d’une union dès le premier tour. Il lui reste maintenant à faire admettre aux troupes bleues de Papeete que le Tahoera’a a une assise populaire inchangée depuis mai 2018. 

​"Je veux aider cette population"

La question de la liste devra être tranchée en fin d’année, voire début 2020, au retour de Minarii Galenon, actuellement hors territoire. Et elle risque d’être délétère pour l’avenir de cette union embryonnaire.
Quant à la ligne politique qu’il défendra aux prochaines municipales, le leader du Tahoera’a mise gros sur les quartiers populaires de la ville. Il explique avoir "sillonné Papeete" depuis 6 mois, "pour savoir quelle est la situation. J’ai commencé depuis quelques mois avec une petite équipe. Nous avons fait tout Titioro, depuis le fond de la vallée, jusqu’à Vaitavatava. Nous avons fait également Mamao. Nous avons fait Tipaerui.  Là aussi, il faut voir dans quelles conditions vivent ces populations, perchées sur les collines de chaque côté de la vallée. Lorsqu’ils vont construire leur cabane, il faut monter tôle par tôle, contreplaqué par contreplaqué, morceau de bois par morceau de bois… Mais c’est effarant. Et jamais rien n’a été fait pour ces populations. A Puea, vous avez un caniveau qui passe en plein milieu des logements, sous les maisons, avec toutes les saletés que ça peut drainer. Rien n’a été fait. A Vaininiore, c’est pareil. C’est à la suite de toutes ces visites que j’ai décidé de me présenter à Papeete. Je veux aider cette population".

Rédigé par Jean-Pierre Viatge le Jeudi 5 Décembre 2019 à 12:00 | Lu 4136 fois