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​Le Covid de retour


Tahiti, le 24 novembre 2022 – Le bulletin de veille sanitaire confirme une "reprise épidémique" du Covid-19 en Polynésie, à Tahiti et dans plusieurs îles éloignées. Gestes barrières et rappels de vaccination pour les personnes à risque sont de rigueur, mais avec désormais bien plus de recul et une population mieux protégée par la vaccination.
 
"La reprise épidémique sur le territoire est confirmée", annonce jeudi le dernier bulletin épidémiologique hebdomadaire de la plateforme Covid-19. Une conférence de presse est prévue vendredi par la plateforme et les autorités sanitaires ont ressorti de vieilles habitudes que l'on ne se plaignait pas d'avoir oublié. Elles insistent sur les gestes barrières et l'importance des rappels de vaccinations, mais avec davantage de recul et de mesure. L'expérience aidant. "Aujourd'hui, il n'y a plus de messages qui viennent contredire ce que l'on dit", constate le responsable de la plateforme Covid, Manutea Gay. Qu'il s'agisse de la non-dangerosité du Covid, de l'inefficacité du vaccin ou encore des remèdes miracles alternatifs. "Les gens sont fiu", estime-t-il.
 
Le "sous-lignage" BQ1.1
 
Côté surveillance sanitaire, les données sont limpides. Sur les quatre dernières semaines, le taux d'incidence est passé de 8 cas pour 100 000 habitants fin octobre à 54 pour 100 000 cette semaine. "Des chiffres qui ne sont pourtant pas forcément significatifs", souligne Manutea Gay, "parce qu'il n'y a plus de remontée automatique des cas positifs". Mais un autre indicateur ne trompe pas. Cinq malades du Covid sont hospitalisés, dont deux à Moorea et un à Uturoa. C'est d'ailleurs l'un des problèmes, le virus circule dans les îles. Plus d'une douzaine de cas ont notamment été confirmés aux Australes après le festival. Des données de circulation qui sont "également corroborées par les médecins libéraux", confirme-t-on à la plateforme Covid.
 
Concernant le type de variant qui circule aujourd'hui au fenua, le bulletin de veille sanitaire n'a identifié que le BQ1.1. Un "sous-lignage" du sous-variant BA.5 d'Omicron qui "semble être maintenant dominant et probablement responsable de la recrudescence actuelle détectée". La plateforme Covid-19 qui précise que "si aucune gravité particulière n'a été rapportée pour ce sous-variant jusqu'à présent, sa capacité d'échappement immunitaire augmentée est très probable". En d'autres termes, nous ne sommes pas assez immunisés contre ce sous-variant. Conséquence, il faut "renforcer l'immunité vaccinale chez les personnes les plus à risque de forme sévères".
 
Beaucoup de vaccins, peu de rappels
 
Selon le responsable de la vaccination, Daniel Ponia, "la population est plutôt bien vaccinée" en Polynésie. En effet, pas moins de 82% de la population polynésienne a reçu un schéma vaccinal complet de deux doses. Problème, les rappels sont à la traîne. Seuls 22,1% des 60 ans et plus ont eu un rappel dans les 6 mois. Un chiffre qui grimpe à 26,1% pour les plus de 80 ans. Alors que pour ces derniers, la vaccination est fortement recommandée. La Polynésie française s'est dotée d'un nouveau vaccin Pfizer "Bivalent" spécifiquement élaboré contre la souche originelle et pour Omicron, uniquement disponible pour les rappels. Un vaccinodrome a été programmé pour le 3 décembre à la présidence.
 
"Aujourd'hui, on sait qu'il y a eu 600 morts en quelques semaines l'année dernière avec le Delta. Et parmi eux 94,5% n'étaient pas vaccinés", rappelle Manutea Gay. "Maintenant celui qui ne veut vraiment pas se faire vacciner, il ne le fait pas et puis c'est tout." Le responsable de la plateforme insiste sur le recul qu'ont les autorités sanitaires aujourd'hui au niveau international, pour que les débats suscités par le Covid soient apaisés. "Il y a eu des effets secondaires avec le vaccin. Parfois importants. Il ne faut pas le cacher et c'est important de les déclarer. Tous ces incidents sont envoyés à la pharmacovigilance et il y a des statistiques au niveau mondial." Des effets secondaires retrouvés chez 0,12% des personnes vaccinées et aux trois quarts "non graves", selon le dernier bulletin de l'Agence nationale pour la sûreté du médicament.
 
Sur les gestes barrières, le discours est également beaucoup plus serein que lors des premières vagues épidémiques. "Chacun doit décider en fonction de sa situation", insiste Manutea Gay. Se laver régulièrement les mains régulièrement, éviter les pièces exiguës lorsqu'on est avec des personnes sont malades… Le responsable de la plateforme Covid invite au bon sens. "Ouvrir les fenêtres quand on est à plusieurs, mettre un masque si on a un doute". Le tout "dans la mesure du possible" là-aussi. Le Covid est de retour. Mais il fait aussi beaucoup moins peur.
 

Manutea Gay, responsable de la plateforme Covid : "Les gestes barrières, a minima"

Au niveau des messages de prévention sur les gestes barrières, vous insistez sur le fait qu'il faut adapter les situations. C'est un discours assez nouveau et responsabilisant ?
 
"Cela fait deux ans que nous diffusons des conseils, au-delà de la vaccination, mais le virus continue de circuler. On connaît le mode d'infection. C'est essentiellement par contact. Et il est fortement recommandé à la population de maintenir, autant que faire se peut et en fonction des rassemblements, de respecter les gestes barrières. Au moins, a minima. Se laver les mains, c'est quelque chose qui a été extrêmement positif au sein de la population. Porter le masque, c'est lorsqu'on est soit même un peu souffrant ou lorsqu'on se retrouve en comité restreint avec quelqu'un de souffrant. C'est une façon de nous protéger. Et puis, il faut éviter la promiscuité lorsque c'est possible. Il faut éviter de se retrouver dans un endroit restreint et non ventilé à plusieurs."
 
Vous insistez aussi sur l'importance de se faire tester et de se signaler au bureau de veille sanitaire ?
 
"Bien évidemment. Pour que les autorités du Pays sachent quel est l'état de circulation du virus, dès lors que quelqu'un a des symptômes ou des doutes, qu'il se fasse tester et qu'il fasse remonter au bureau de veille sanitaire le résultat. Il est important que l'on sache quel est l'état de circulation du virus. Là-aussi, ce n'est pas une obligation et c'est dans la mesure du possible. Mais c'est important pour pouvoir mettre en place des mesures de protection pour l'ensemble de la population."
 

Daniel Ponia, responsable de la vaccination : "Il faut réaliser des rappels"

On a une population globalement bien vaccinée, mais avec un taux de rappel encore très bas…
 
"Effectivement, 82% de la population polynésienne a bénéficié de deux doses. Donc, ils ont un schéma vaccinal complet. Par contre, parmi ces gens-là, beaucoup ont été vaccinés il y a plus de six mois. Pour certains, c'est un an voire plus. Et ils ont aujourd'hui un taux d'anticorps nettement diminué qui ne leur permet pas d'être suffisamment protégés contre les formes graves de la maladie. C'est une recommandation de la Haute autorité de santé, il faut réaliser des rappels pour booster le système immunitaire avec le nouveau vaccin "Bivalent" de Pfizer que nous avons reçu."
 
Ce nouveau vaccin permet de lutter spécifiquement contre le nouveau variant qui sévit actuellement ?
 
"Ce vaccin fabriqué en laboratoire intègre la protection contre deux variants importants : la souche originelle Wujan et le variant Omicron, avec ses sous-variants et notamment le BA.5. Omicron est dominant dans le monde aujourd'hui et c'est la raison pour laquelle ce vaccin tombe à propos pour nous en protéger."
 

Le taux d'incidence par archipels


Rédigé par Antoine Samoyeau le Jeudi 24 Novembre 2022 à 21:13 | Lu 7859 fois