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​L’agglomération urbaine pas pressée d’accueillir des gratte-ciels


(Image d'illustration).
(Image d'illustration).
Tahiti, le 28 septembre 2020 - Un an et demi après l’adoption de la loi du Pays permettant la construction des Immeubles de grande hauteur (IGH), cette réglementation est toujours en attente d’un arrêté d’application, les communes de l’agglomération tardent à modifier leur PGA et aucune réponse opérationnelle n’est encore en place face aux enjeux de sécurité que posent les IGH.

Le code de l’aménagement de la Polynésie française a été modifié en avril 2019 pour permettre la construction d’Immeubles de grande hauteur (IGH). Des édifices de plus de 9 étages, ou 28 mètres de hauteur, qui étaient alors présentés comme une réponse à la forte croissance urbaine de l’agglomération de Papeete. Cette réglementation a été complétée par un arrêté de mars 2020 définissant le rôle et le fonctionnement de la commission de sécurité chargée d’instruire les demandes de construction. Mais l’arrêté d’application qui doit rendre opérationnel ce cadre réglementaire est toujours en préparation. Il devra préciser les dispositions techniques auxquelles devront se soumettre ces constructions, notamment en matière de sécurité incendie. 

Surtout, deux freins doivent encore être levés pour permettre la construction de gratte-ciels au fenua. D’une part, la modification des Plans généraux d’aménagement (PGA) se fait toujours attendre dans les communes de Papeete, Punaauia, Pirae et Arue. D'autre part, ces immeubles de grandes hauteurs nécessitent la définition "d’une réponse opérationnelle adaptée aux enjeux de sécurité posés". Particulièrement en matière de sécurité incendie, le maillage territorial et le dimensionnement des services de sécurité et secours n’étant ni établis pour, ni adaptés aux particularités des IGH. Cette réflexion doit être menée entre les communes et le service d’État de la protection civile. Et pour l'instant, ses conclusions se font toujours attendre. Le Pays avait bien fait la proposition fin 2018 de créer un corps de sapeurs-pompiers territoriaux dédié. Mais la répartition des compétences entre la Polynésie et l'État rend cette solution irréalisable.
 
Le bouchon des PGA

Deux importantes lacunes que constate un communiqué officiel diffusé après la tenue, vendredi, d’une réunion d’information portant sur le projet d'arrêté d'application de la réglementation IGH. Celle-ci, organisée par le ministre du Logement, s’est tenue en présence de représentants des communes de l’agglomération, des acteurs du secteur du bâtiment et des représentants de l’administration et de la sécurité civile. 

Reste que du côté des communes de l'agglomération, l’empressement n'est pas grand pour recevoir les premiers IGH. 
À Punaauia, le PGA n’est tout bonnement "pas en cours de révision. Peut-être l’année prochaine", indique Jean-Eudes Filiatre, le Directeur général des services (DGS). "Nous sommes plutôt dans une phase de prise d’informations, en gardant en tête que les IGH nécessitent des aménagements, notamment en matière de sécurité incendie. Et tout ça doit être fait en cohérence." Pour l’instant, le PGA opposable dans la commune n’autorise pas de constructions d’une hauteur supérieure à 13,5 mètres en R+4 sur les flancs de montagne. Cette limite est ramenée à R+3 sur le front de mer.

Même à Papeete le dossier est au point mort. En ville, si le PGA est actuellement l’objet d’un projet de révision, un travail d’étude et de diagnostic urbain préalable reste encore à réaliser avant de définir le périmètre de la mise à jour. Pour l’instant, la dernière révision du PGA date de 2003 et autorise l’édification d’immeubles jusqu’à 25 mètres de hauteur.
À Pirae, les IGH ne sont pas près de voir le jour sur le secteur municipal de la commune d’Édouard Fritch. En effet, si une modification du PGA est bien à l’étude, elle vise principalement à répondre aux projets de développement de la commune, nous explique-t-on à la mairie : "Nous sommes une petite commune de 14 500 habitants et nous nous concentrons sur des ouvrages et des infrastructures adaptés à notre population. Pour l’instant, concernant les IGH, nous n’en sommes pas encore à ce stade de la réflexion."

Finalement, une fois la problématique de sécurité réglée pour ces constructions de plus de 9 étages, la réglementation IGH ne sera applicable dans l'immédiat que sur la zone d’aménagement spéciale de Outumaoro, censée accueillir le projet Village tahitien. Le PGA de la commune de Punaauia n’y est pas opposable.

Rédigé par Jean-Pierre Viatge le Lundi 28 Septembre 2020 à 14:16 | Lu 1611 fois