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​Il cultivait du paka derrière la gendarmerie


​Il cultivait du paka derrière la gendarmerie
Tahiti, le 12 avril 2024 – Un homme qui cultivait du paka dans sa maison située derrière une brigade de gendarmerie a été jugé jeudi en comparution immédiate. Ce père de deux enfants, auquel il était également reproché d'avoir revendu la drogue durant six ans, a été condamné à quatre ans de prison ferme.
 
Le tribunal correctionnel a jugé, jeudi après-midi, un homme de 35 ans qui était poursuivi pour avoir planté et vendu du paka durant six ans. Sa femme ainsi que deux de ses clients étaient également jugés dans le cadre de cette affaire qui avait démarré en septembre dernier lorsque les gendarmes de Papara s'étaient aperçu qu'une forte odeur de paka émanait d'une maison – dans laquelle vivait le trentenaire et sa compagne – située juste derrière leur brigade. Lors de la perquisition du domicile, les militaires avaient saisi 78 pieds de paka ainsi que 120 000 francs. Ils avaient également constaté que le couple, propriétaire du terrain, possédait deux véhicules onéreux, des vélos électriques, des consoles de jeux ainsi que des téléphones dernier cri. 
 
Durant l'enquête, les gendarmes avaient ainsi établi que le couple avait 23 millions de francs de biens matériels et ce, alors que monsieur travaillait de manière temporaire en faisant de petits boulots et que madame n'avait pas d'emploi. Au cours des investigations, deux hommes avaient été identifiés comme les deux clients principaux du trentenaire auquel ils achetaient pour environ 300 000 francs de paka par mois. 
 
“Cherté” de la vie
 
Lors de leur procès qui s'est donc déroulé jeudi, les quatre individus ont tous reconnu les faits en les mettant sur le compte de la nécessité. Le planteur de paka a ainsi expliqué au tribunal qu'il ne gagnait “que 100 000 francs” par mois, une somme insuffisante pour “payer les factures”. Même argument pour sa compagne qui a évoqué la “cherté” de la vie et le fait que la vente de paka permet d'avoir une “vie un peu plus décente”. Face à ce discours, le président du tribunal a égrené la liste des biens identifiés chez les deux prévenus en concluant que ce n'était pas la “nécessité” qui les avait “poussés à planter du paka”. 
 
“Ce couple a fait le choix d'une activité illicite, le choix assumé de la délinquance durant des années.” Lors de ses réquisitions, le procureur de la République a dénoncé l'activité de ces “vendeurs de mort” qui vendent une drogue qui “occasionne” notamment des “bagarres” sur la voie publique et des “accidents”. Sans oublier les “troubles psychiatriques” qu'elle peut engendrer. Quatre ans de prison ferme ont été requis contre le planteur de paka et 18 mois de sursis contre sa femme. Un an ferme et 18 mois ferme ont également été requis contre les deux revendeurs. 
 
Des réquisitions dignes d'une affaire d'ice pour l'avocate du couple, Me Karina Chouini, qui a accusé le parquet de “taper sur les trafiquants” sans prendre en compte les “spécificités” de la Polynésie où il n'y a pas d'“aides pour les gens qui n'ont pas d'emploi”. Après en avoir délibéré, le tribunal a condamné le prévenu le plus lourdement impliqué à quatre ans de prison ferme et sa compagne à deux ans de prison avec sursis. Les deux vendeurs ont écopé d'un an et 18 mois ferme. 
 

Rédigé par Garance Colbert le Vendredi 12 Avril 2024 à 08:35 | Lu 6580 fois