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​Économie, du soleil au travers les nuages


Tahiti, le 27 juin 2023 - L'institut de la statistique en Polynésie française a publié son bulletin complet de la situation économique du pays au premier trimestre 2023. Une image très contrastée, entre reprise de l'activité et inflation pénalisante.
 
“Au cours du premier trimestre 2023, l’activité économique de la Polynésie française continue de bénéficier du retour dynamique des touristes et d’un essoufflement de l’inflation”, explique l’institut de la statistique de la Polynésie française (ISPF), en préambule de son bulletin complet qu’il vient de publier sur la situation économique du pays au premier trimestre 2023. “Profitant d’une demande extérieure soutenue et d’une demande intérieure résiliente, le marché de l’emploi continue de progresser en termes de salariés en équivalent temps plein (ETP) et de masse salariale. La consommation des ménages atteint un niveau record en valeur et un niveau constant en volume.”

Un tableau idyllique que la Polynésie française avait commencé à connaître en 2019, avant que tout ne s'arrête brutalement à cause de la pandémie de Covid-19 et que les prix deviennent difficilement contrôlables à cause de la guerre en Ukraine. “La croissance de l’indice des prix à la consommation ralentit, sauf dans la construction où les prix augmentent et pénalisent les investissements”, tempère cependant l'ISPF.

​Une économie portée par le tourisme

Depuis plusieurs mois maintenant, en dehors des chiffres de l'inflation, les organismes économiques du fenua témoignent d'une reprise d'activité. “Le chiffre d’affaires des entreprises polynésiennes profite des prix en hausse, mais aussi du retour des touristes”, explique ainsi l'ISPF. “Au premier trimestre 2023, le chiffre d’affaires des entreprises polynésiennes progresse de 10% sur un an et de 17% par rapport à 2019, pour s’établir à 192 milliards de francs.”
 
Mais le tourisme est loin d'être le seul levier de ce rebond économique en Polynésie française. “Si le rebond de fréquentation touristique sur ce trimestre (+80%) alimente la croissance des entreprises caractéristiques du tourisme (+33%) et justifie pour 4 points la croissance annuelle, c’est la hausse d’activité dans les entreprises non touristiques (+7%) qui contribue pour la plus grande partie au résultat trimestriel”, explique l'ISPF. “En progression de 7% ce trimestre par rapport à 2022, le chiffre d’affaires des entreprises non touristiques est 20% plus élevé qu’avant la crise. Le chiffre d’affaires progresse dans la majorité des secteurs d’activité polynésiens, notamment celui du commerce qui contribue pour 5 points au résultat.”
 
Un chiffre d'affaires qui s'envole, mais qui ne profite pas à tous les secteurs. L'automobile stagne à +2% par exemple. “Ce résultat traduit une consommation des ménages robuste, mais illustre aussi la place de l’inflation dans la hausse du chiffre d’affaires de l’économie polynésienne, avec des prix à la consommation en hausse moyenne de 6,1 points ce trimestre sur un an.”

Ce qui pèse le plus dans les portefeuilles, l'alimentaire (+11%) et les carburants (+23%). Deux pôles de dépenses qui impactent sévèrement les Polynésiens, ces produits n'étant ni substituables ni reportables.

L'inflation en baisse modérée
 
Au milieu de ces bonnes nouvelles pour les différents secteurs économiques, c'est la population qui continue de souffrir et d'attendre à son tour les fruits de cette meilleure santé financière du pays. Sur un an, l'inflation est passée de 8 à 6%. Pas de quoi crier hourrah pour autant. “L’inflation se situe depuis le deuxième trimestre 2022 au-dessus de 6%”, explique l'ISPF. “Depuis janvier 2021, l’indice des prix a progressé globalement de 11%, avec des évolutions contrastées selon les différents postes de consommation : les prix de l’énergie ont progressé de 41% entre janvier 2021 et mars 2023, ceux de l’alimentaire de 18%, ceux des produits manufacturés de 10% et enfin ceux des services de 7%.
Le coût de l'énergie pèse lourd dans les factures.

L'emploi à son stade d'avant-Covid
 
“Sur le premier trimestre 2023, le marché du travail reste bien orienté avec une poursuite de la croissance de l’emploi salarié en ETP (+5% en moyenne trimestrielle annuelle) et de la masse salariale (+8%). Cette hausse des emplois salariés est continue depuis
24 mois et a permis de retrouver le niveau d’emploi d’avant-Covid dès avril 2022”
, relève le rapport de l'ISPF. L’hébergement-restauration et la branche transport contribuent pour moitié à cette reprise.
 
L'effet inflationniste a eu, par rebond, un effet sur la hausse du Smig et du point d'indice des fonctionnaires. De fait, la masse salariale a progressé de 28% dans les secteurs liés au tourisme et de 5% pour les autres secteurs sur un an. Cependant, l'embellie est quelque peu ternie par la croissance forte du nombre de salariés avec des heures supplémentaires (+17%), “ce qui peut indiquer des craintes sur la durabilité de la reprise à la fin du premier trimestre”, conclut le rapport de l'ISPF sur le sujet.
 

La perle reprend un peu de son lustre
 
Depuis 15 ans, la perle n'a jamais eu une valeur aussi haute. Elle est responsable de 70% des recettes à l’exportation de biens au cours du premier trimestre 2023, les exportations de produits perliers n’ayant jamais été aussi élevées sur un trimestre depuis 2009. L’évolution du prix unitaire des exportations de perles retrouve un niveau qui n’a pas été observé depuis 15 ans, à 800 francs le gramme.

Rédigé par Bertrand PREVOST le Mardi 27 Juin 2023 à 15:59 | Lu 2138 fois