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Le danseur polynésien Florian Teatiu, tête d’affiche de la Rencontre internationale de danse


PAPEETE, le 14 mars 2018 - Le vendredi 16 et le samedi 17 mars, l’académie de danse Annie Fayn organise une Rencontre internationale de danse. C’est la 5ème édition de ce rendez-vous. Florian Teatiu qui a fait ses premiers pas de danseur chez Annie Fayn, qui est passé par la New Zealand School of Dance et qui est aujourd’hui danseur professionnel en Europe sera de la partie. Il arrive tout juste d’Allemagne. Rencontre.

"Ça m’avait manqué", lance Florian Teatiu à la sortie de l’avion. "Les odeurs de fleurs, les couleurs vives, la chaleur….". Le danseur évolue en Europe depuis huit ans. Il n’est pas rentré en Polynésie depuis cinq ans. Arrivé à Tahiti dimanche, il prépare un duo avec le danseur polynésien Tuarii Tracqui pour la rencontre internationale de danse organisé par l’académie de danse Annie Fayn ce week-end.

Sa carrière a commencé en Polynésie en 2003. "J’avais essayé le hip hop et le break dance avec des copains", se rappelle-t-il. "Et puis, un jour, je me suis inscrit en danse classique. Ma mère m’a dit que tout petit déjà je voulais danser. Je n’avais pourtant jamais vu de ballet. Mon papa était danseur de ‘ori tahiti mais je n’ai pas grandi avec lui. En fait, c’est venu de nulle part cette envie, j’ai peut-être ça dans le sang ? " s’interroge-t-il.

Une amie de sa mère étant inscrite chez Annie Fayn, c’est là qu’il démarre. "Le premier cours a été difficile", avoue-t-il. Mais il y est retourné. Il a suivi un deuxième cours, puis un troisième. Finalement, il n’a plus quitté le milieu. "J’ai toujours fait plein de sport", avance-t-il en guise d’explication. "De la natation, de l’athlétisme, du taekwondo. J’aime le challenge, c’est certainement pour ça que je me suis accroché."

À l’école Annie Fayn, il a goûté au classique, mais a vite succombé au contemporain. Encore aujourd’hui, c’est sa danse de prédilection. "Cela me parle plus que tout autre pratique, le contemporain c’est la liberté. Les mouvements sont quasiment infinis, on peut jouer en plus avec les silences, la voix. C’est complet."

Il est resté trois ans à l’école Annie Fayn. Lors de la première et de la deuxième édition de la rencontre internationale de danse en 2005 et 2006 il a découvert la New Zealand School of Dance (NZSD). Un coup de cœur réciproque entre le jeune homme, l’école et les responsables de cette école. "Ses capacités, sa volonté et ses efforts ne sont pas passés inaperçus", affirme Marion Fayn. "L’École supérieure de danse de Cannes Rosella Hightower ainsi que la New Zealand School of Dance ont manifesté leur intérêt pour Florian."

Trois ans de formation à la NZSD

À l’issue de sa formation à la NZSD qui a duré trois ans, il a pu travailler sur des "petits projets" artistiques. Il a été sacré meilleur espoir lors du Tempo Festival Dance en 2009, puis a eu des propositions en Nouvelle Zélande (un contrat) et en Australie (trois contrats). "Mais ça coinçait au niveau des papiers. C’était très frustrant, je n’avais pas d’autre choix que de partir." Direction l’Europe.

Il débarque sur le vieux continent en janvier 2010, enchaîne les auditions. "Le métier de danseur est un métier exigeant, difficile physiquement et mentalement. Je dirais aussi moralement. Quand on passe une audition, on peut être le meilleur des danseurs, on n’est pas forcément retenu car la sélection reste très subjective." Il y a de la compétition, souvent un contrat pour une centaine de candidats. Il y a aussi, dans le milieu des "divas", des artistes aux fortes personnalités.

Florian Teatiu s’est présenté en France, en Belgique, en Hollande, en Allemagne. "Il faut être prêt à voyager si tu veux t’en sortir. Ce qui implique de ne pas avoir de vie sociale, ou peu, car tu quittes régulièrement tes amis, la vie de famille n’est pas simple, tu dois souvent déménager, tu te retrouves dans des pays où tu ne parles pas langue." En Allemagne, finalement, le danseur a été retenu au Wiesbaden Théâtre, le théâtre de la ville. Il y est resté quatre années.

"J'ai des choses à dire"


Il a ensuite passé du temps en Suède, à l’opéra de Göteborg, avant de retrouver l’Allemagne pour raisons personnelles. À 28 ans, il a envie d’une vie plus stable. "J’ai des choses à dire et besoin de liberté." Il préfère donc travailler sur des projets ponctuels plutôt que d’intégrer une nouvelle compagnie ou une nouvelle structure comme un théâtre. "Et puis, la danse, ça use", assure-t-il finalement en pensant aujourd’hui à ce qu’il pourrait faire demain.

Étant donné les contraintes, qu’est-ce qui l’a mené jusqu’ici et le retient toujours dans le milieu ? Qu’est-ce qui permet aux danseurs d’affronter les tempêtes ? La passion ! Pour le prouver, il travaille dur avec Tuarii Tracqui depuis lundi. Leur duo viendra clôturer les soirées du rendez-vous rencontre internationale de danse. C’est alors que le public comprendra, lui aussi, les sacrifices consentis.

Qu’est-ce que la Rencontre internationale de danse ?

C’est un rendez-vous donné en moyenne une fois tous les deux ans depuis 2005. L'académie de danse Annie Fayn invite alors des élèves de l'école nationale de danse de Nouvelle-Zélande (NZSD) qui montent sur scène avec les élèves polynésiens. En retour, les danseurs les plus motivés du fenua sont conviés en général en juillet à participer à une session de pratique en Nouvelle-Zélande. Ce qui leur permet de prendre conscience des réalités du métier de danseur et, pour l'école maori, de repérer les bons éléments. Une dizaine de Polynésiens bénéficient de cet échange. Pour certains, c’est un tremplin car ils peuvent ainsi embrasser une carrière de danseur professionnel. Comme Florian Teatiu.

Pratique

Au grand théâtre de la Maison de la culture le vendredi 16 et samedi 17 mars à 19h30.
Tarif : 3 000 Fcfp.
Renseignements : 87 78 59 48
Site internet
Les billets sont en vente sur le site internet de la Maison de la culture où sur place.

Rédigé par Delphine Barrais le Mercredi 14 Mars 2018 à 10:32 | Lu 1777 fois