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Natalia Germain, la Mère Noël des enfants de quartiers


Natalia Germain, fondatrice du collectif Ohana Tahiti.
Natalia Germain, fondatrice du collectif Ohana Tahiti.
PAPEETE, le 19 novembre 2016 - Pour la cinquième année consécutive, Natalia Germain récupère avec son collectif Ohana Tahiti des livres, jeux, jouets, peluches, vêtements pour enfants et parents. Elle les distribuera le 25 décembre dans les quartiers, le cœur gonflé. Ce seul instant de distribution lui suffit pour se mobiliser les 364 jours précédents. L’appel aux dons vient de commencer.

Au petit matin du 25 décembre 2015, avec les membres de son collectif Ohana Tahiti, Natalia Germain distribuait les cadeaux qu’elle avait elle-même récoltés. Elle avait alors une quinzaine de bennes de 4x4 pleines. Espérant faire encore mieux cette année, elle vient de démarrer son appel aux dons. La campagne durera jusqu’au 17 décembre. Elle se terminera par un concert organisé à la Maison de la culture. L’établissement culturel soutient sa démarche. Les spectateurs pourront bénéficier d’une réduction sur le prix d’entrée au spectacle s’ils viennent avec des jouets pour Ohana.

Ce n’est pas la première année que Natalia Germain récolte des jeux. Elle s’y emploie depuis cinq ans. "En fait ce ne sont pas seulement des jeux, on prend aussi des jouets, des peluches, des livres, des vêtements pour enfants et parents, tout ce qui peut devenir un cadeau. Nous les distribuons le jour de noël aux enfants des quartiers défavorisés".

Une organisation complexe

Les objets reçus sont transportés, triés et mis de côté en attendant le grand jour. "Je me débrouille comme je peux pour les stocker, un peu chez moi, dans un cellier, dans une pièce de ma résidence que l’on m’a gracieusement prêtée, chez des amis…" Derrière cette belle initiative se cache une organisation complexe.

D’abord Ohana Tahiti c’est un collectif et non une association. "Je voulais rester libre, ne pas avoir à faire des réunions, à élire un bureau, à trouver un local…" En contrepartie, Natalia Germain ne reçoit aucune subvention. Elle ne peut compter que sur des généreux donateurs, des particuliers et des entreprises, qui vont lui apporter des jeux, jouets, vêtements… mais aussi lui accorder du temps. "Il faut aller chercher les dons, les ramener jusqu’aux lieux de stockage puis le jour J, les emporter jusqu’au lieu de distribution. Le 25, il faut trouver des bénévoles disponibles."

Plus c’est déjà bien

Au sein du collectif Ohana se trouve un noyau dur de membres, devenus des amis au fil des ans. Autour de ce noyau gravitent d’autres membres qui changent d’un rendez-vous à l’autre, partent, reviennent, trouvent des remplaçants. "Avec tout ça, on s’en sort", sourit Natalia Germain qui malgré la mission qu’elle s’est fixée, ne baisse jamais les bras. Les jours de découragement, elle pense au jour de la distribution. "Et ça suffit". À l’image de Sisyphe, la jeune femme porte un projet sans fin. Elle ne peut pas faire plaisir à tout le monde mais qu’importe, plus c’est déjà bien.

Ce qui l’encourage c’est de voir le nombre de bennes de 4x4 se multiplier et de constater qu’une certaine confiance lui ait désormais accordée. "Au début, quand j’arrivais dans les magasins ou que je parlais de mon projet en disant donnez moi ce dont vous ne voulez plus ou dont vous ne vous servez pas et je les donnerai le 25 décembre dans les quartiers, on me regardait d’un air suspicieux." Aujourd’hui Ohana Tahiti possède une certaine notoriété, ce qui confère à sa fondatrice une certaine légitimité.

Une longue vie de bénévole généreuse

Natalia Germain a toujours donné. "J’ai des allergies et, étant petite, je devais très souvent faire du tri et me débarrasser d’une partie de mes jouets." À tout juste 30 ans, elle a donc déjà une longue vie de bénévole généreuse derrière elle.

Née à Tahiti, elle a étudié sur l’île avant de s’envoler pour Paris où l’attendaient des études de commerce international. "Je m’imaginais pouvoir un jour faire la promotion de la Polynésie à l’international." Finalement, elle est devenue greffière. "Un concours s’est présenté pour intégrer le corps d’État en Polynésie. Je m’y suis inscrite car au fond de moi je voulais avant tout trouver un boulot stable, au fenua, pour être là si un jour mes frères étaient dans le besoin, si mes parents disparaissaient." Les frères de Natalia sont beaucoup plus jeunes qu’elle. L’aînée de la fratrie a été comme une maman pour eux.

"Ça n’a pas été facile", admet-elle. "J’ai dû prendre des cours de droit, j’ai donné des leçons de ‘ori tahiti pour me les payer." Une fois passé et obtenu son droit d’entrée, elle a travaillé sept ans au tribunal pour enfant. "Depuis un an je suis maman, j’ai encore plus envie d’aider ceux qui en ont besoin." Mais il devenait trop dur d’entendre au quotidien énumérer les malheurs d’autrui. "Et puis j’avais envie de changer de service." Elle est désormais à l’application des peines. En plus de sa vie de femme, de mère, de sœur, de greffière, de mère noël dans les quartiers, elle organise une fois par an une journée récréative sur une pirogue. "C’est un endroit qu’on nous prête", précise Natalia Germain qui ajoute "elle s’appelle Ohana".

Contact

Facebook : OHANA
Tél. : 87 72 28 58

Une journée récréative sur la pirogue Ohana.
Une journée récréative sur la pirogue Ohana.


Rédigé par Delphine Barrais le Samedi 19 Novembre 2016 à 14:12 | Lu 7339 fois