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Portrait de Tim Maiau : "Je n’avais pas envisagé une carrière internationale dans le mannequinat "


Papeete, le 14 mai 2018 - Enfant de Moorea, le mannequin Tim Maiau il a défilé pour Dolce Gabbana lors de la Fashion Week en juin 2016 en Italie, fait des shootings pour différents magazines et tourné des publicités. Il est désormais installé en Thaïlande, la plupart du temps et pense à sa vie d'après. Diplômé d'un master en management public, il s'imagine bien dans le business. Rencontre.

Tahiti Infos : D'où venez-vous ?
Tim Maiau : "Je suis né sur Tahiti, mais j'ai grandi sur Moorea où mes parents vivent toujours. J'ai étudié au Taaone, où j'ai obtenu un BTS en management des unités commerciales Par la suite, j'ai suivi une licence en langues étrangères appliquées à l'UPF puis un MBA (Master) en management public à l'Université de Sherbrooke, au Canada."

Tahiti Infos : Comment êtes-vous devenu mannequin?
Tim Maiau : "Je me suis laissé porter par mes études et j'ai fait des choix dans les domaines qui selon moi, pouvaient m'ouvrir le maximum de portes. Je n’avais pas envisagé, a priori, faire une carrière, encore moins internationale, dans le mannequinat. Jusqu’à la fin de mes études, le fait d’être mannequin a toujours été un revenu complémentaire. Je pense que si je n'étais pas mannequin aujourd'hui, j'aurais sûrement choisi l'entreprenariat ou un domaine connexe."

Tahiti Infos : Racontez-nous vos premiers pas dans le mannequinat !
Tim Maiau : "C'était à Tahiti, quelque part en 2009. Ma sœur, Maureen Maiau, est tombée sur une annonce à propos d'un casting organisé pour "Tahitian Move". Elle m’a alors littéralement traîné pour y aller, car elle trouvait que j’avais le profil de l’emploi. Pour être honnête, si ça n'avait pas été elle, je n’aurais jamais fait le premier pas. Lors dudit casting, j’ai rencontré Alberto Vivian, bien connu dans le domaine de la mode sur Tahiti. Ensuite j'ai fait des défilés pour différents évènements."

Tahiti Infos : Quand ta carrière a-t-elle officiellement commencé?

Tim Maiau : "En 2011, alors que j’étais au Canada pour compléter mes études de maîtrise, j'ai été représenté par l’agence NEXT Model Canada, basée à Montréal, et ce, jusqu’en 2013. Cependant, durant cette période, je devais concilier travail et études. C’est plutôt à la fin de ma maîtrise, lorsque j’ai décidé de partir en Thaïlande, que j’ai vraiment été propulsé dans le monde de la mode. Ma copine m’avait alors fortement encouragé à contacter des agences locales, 'juste pour voir' si ça pouvait fonctionner pour moi en Asie. J’ai reçu un nombre assez important de réponses positives des agences locales. J’ai signé dans les jours qui ont suivi avec « Red Modelling », une agence reconnue à Bangkok, et qui me représente toujours en Asie."

Tahiti Infos : Et depuis ?
Tim Maiau : "J'ai signé un certain nombre de contrats dans différents pays : Hong Kong, Singapour, Malaisie, Indonésie, Canada ou encore Milan, en Italie, où j’ai eu la chance de défilé pour Dolce & Gabbana lors de la Fashion Week en juin 2016. A tout cela, s’ajoute les shootings de magazines (GQ, Harper’s Bazaar, Volume, Power, Men’s UNO…) et les divers « TV commercials » (Coca-Cola, Samsung, Head & Shoulder, Condominium divers, CIF…pour ne citer que les plus connus). Petite anecdote, j’ai tout récemment tourné une pub pour Nescafé Thaïlande, ce qui n’a pas manqué de me rappeler l’une de mes toutes premières expériences en publicité, tournée au fenua, pour Nescafé Tahiti & Nouvelle Calédonie ! Même marque, différent pays !"

Tahiti infos : Parlez-nous de votre métier, de ses contraintes.
Tim Maiau :"Il faut bien différencier mannequin féminin et mannequin masculin. Certaines contraintes sont vraiment spécifiques au genre. Je vais essayer de rester dans les généralités. Une des premières difficultés est l'instabilité financière, nous n'avons pas de revenu stable. Notre rémunération dépend principalement du nombre de contrats obtenus mensuellement et annuellement. Cela peut engendrer énormément d’anxiété chez les modèles qui ne travaillent pas ou très peu.
De plus, il faut être mobile et savoir s'adapter, car on peut être appelé à déménager tous les trois ou quatre mois dans une nouvelle ville et/ou un nouveau pays. Les agences ne sont pas toujours disponibles pour nous guider, alors il faut savoir se débrouiller. Il faut aussi faire preuve d'une grande souplesse afin de gérer au mieux les différents imprévus qu’impliquent nécessairement le fait de se trouver dans un milieu qu’on ne connaît pas très bien. Il faut comprendre aussi qu’un tel rythme de vie rend difficile d’entretenir des relations d’amitié, voire amoureuses aussi, significatives, sur le long terme, la distance faisant toujours son travail… Cela peut sembler quelque peu paradoxal dans un milieu où les interactions sociales sont pourtant nombreuses, mais tout aussi volatiles. Enfin, cela implique d’être loin, longtemps, de sa famille et de ses amis-es, surtout lorsqu’on vient d’un endroit aussi reclus que Tahiti.
Ajouter à cela la pression constante des agences qui exigent que leurs mannequins maintiennent ou adaptent leurs poids et mensurations aux exigences du marché et de leurs clients, et vous avez là quelques exemples des contraintes auxquelles chaque modèle doit faire face au quotidien, dans son travail. Sans parler des répercutions que cela peut avoir sur l’estime et la perception de soi, pouvant ultimement entraîner de mauvaise habitude alimentaire, sous-alimentation et autres dérives…
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Tahiti Infos : Et les aspects positifs?
Tim Maiau :"Il y a la liberté que ce genre d’emploi procure, en comparaison à un travail plus conventionnel. J’ai la chance de voyager, de rencontrer des gens incroyables, et parfois même très connus, sans compter tous les accès privilégiés dont je bénéficie en tant que mannequin, et ce, un peu partout dans les plus grandes villes de la planète. Le meilleur dans tout cela, c’est que je suis payé pour le faire !"

Tahiti Infos : Où es-tu actuellement?
Tim Maiau :"Je suis principalement basé en Thaïlande, mais je suis représenté par plusieurs agences et cela dans différents pays (Italie, Belgique, Hong Kong, Singapour, Canada). Cela permet d’augmenter grandement les chances d’obtenir des contrats en « direct booking », car même si la majorité des clients exigent que les modèles soient sur place pour les divers « castings » de sélection, il se peut que l’on obtienne un contrat dans un pays différent sans être physiquement sur place. Il faut alors organiser les déplacements en conséquence."

Tahiti infos : Quels sont tes projets ?
Tim Maiau : "J’ai fait des études de maîtrise en Business pensant un jour travailler dans ce domaine. Je considère le mannequinat plus comme un tremplin indirectement lié à mon domaine d’études. Travailler dans ce milieu m’a non seulement permis de rencontrer des personnes inspirantes, et qui ont parfois très bien réussies, mais aussi de voyager et ainsi prendre conscience d’une panoplie d’opportunités (d’affaires) et débouchés intéressants qui m’étaient jusque-là inconnus, et qui pourraient m’être utiles dans le futur. Sinon, dans un avenir plus rapproché, je compte retourner sur Tahiti pour les vacances d’été, car ma sœur se marie ! Je ne manquerais ça pour rien au monde !"


Pour suivre Tim Maiau

Instagram : timmaiau
Facebook : Tim MAIAU

Rédigé par Delphine Barrais le Lundi 14 Mai 2018 à 08:18 | Lu 9374 fois