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J’aurais voulu être une harpiste


TAHITI, le 21 janvier 2020 - Eve Delcambre, harpiste, installée depuis plusieurs mois à Moorea, propose des ateliers de fabrication de Pop’harpe. Elle fournit le matériel, accompagne les amateurs tout au long des étapes de réalisation puis reste disponible pour donner des cours d’apprentissage de l’instrument.

Les Pop’harpes sont des harpes de bois et de carton. Elles sont simples, c’est-à-dire sans levier ou pédale, mais permettent d’apprendre à jouer de l’instrument puis d’interpréter des morceaux à différents niveaux de complexité.

Depuis plusieurs mois, la harpiste Eve Delcambre, installée à Moorea, propose des ateliers de fabrication de Pop’harpe. “J’ai été formée par l’association qui a imaginé le concept”, précise la musicienne. “Je reste formatrice au sein de pro’harpes malgré l’éloignement”.

Elle assure ensuite les cours, car la fabrication de Pop’harpe n’est pas une fin en soi. Un moyen pour découvrir la pratique de la harpe à moindre coût (voir encadré).

Eve Delcambre joue depuis qu’elle a dix ans. “À la maison avec mes parents ; on écoutait beaucoup de musique classique”, se rappelle-t-elle. “J’avais repéré le son de la harpe dans l’orchestre et j’ai tenu à en jouer.”

Elle a commencé l’étude de cet instrument au conservatoire de sa commune. “Au lycée, je savais que je voulais en faire mon métier, je savais que je voulais travailler dans le milieu de la musique”. Elle s’est orientée vers l’enseignement musical, obtenant un diplôme universitaire de musicien intervenant (Dumi). Plus tard, en 2007, pour compléter sa formation, elle a obtenu un diplôme de professeur de harpe.

En parallèle elle a continué l’étude de son instrument favori jusqu’à recevoir la médaille d’or et un prix de perfectionnement. Très vite, elle a intégré une école de musique, puis le conservatoire pour former de jeunes élèves. Elle a saisi en plus des opportunités dans le milieu. Elle a joué dans l’orchestre de l’opéra d’Anvers ou bien encore a créé des spectacles pour le jeune public.

Un jour, elle a rencontré un harpiste à Gand, dans le nord-ouest de la Belgique, qui jouait de la musique sud-américaine. Elle a succombé aux airs. “La musique sud-américaine, tout comme la musique celtique, africaine ou polynésienne est une musique de tradition orale, très différente du classique. C’est ce qui m’a plu.”

L’oralité intéresse la harpiste dans le cadre de la transmission et de l’enseignement. Les mécanismes ne sont pas les mêmes. “Et puis on a plus de liberté que dans le classique, ce qui n’est ni mieux ni moins bien du point de vue esthétique, c’est différent et de ce fait complémentaire. C’est finalement très important d’avoir les deux.

Séduite par la musique vénézuélienne, Eve Delcambre a suivi les stages de Musica criolla venezuela créés par Cristobal Soto, à Paris pendant des années. “Il y avait des professeurs vénézuéliens vivant en France mais aussi des musiciens de renom venus du Venezuela spécialement pour les stages.

La musique traditionnelle vénézuélienne se joue avec une harpe (arpa llanera), des maracas et un cuatro. Cette formation, autrement dit cette association d’instruments, est typique des grandes plaines de l’Orenoque du Vénézuela et de la Colombie nommées Los Llanos, d’où le nom de la harpe.

Le cuatro est un petit instrument de musique à quatre cordes utilisé en Amérique du sud. Il dérive de la guitare baroque espagnole, elle-même apparentée au cavaquinho portugais le prédécesseur du… ukulele. Cuatro et ukulele sont de la même famille. Aussi cette musique trouve-t-elle un écho particulier en Polynésie.

Étape de construction d'une pro harpe.
  • Étape de construction d'une pro harpe.
  • Étape de construction d'une pro harpe.
  • Pro harpe personnalisée.
  • Pro harpe personnalisée.
Pop’harpe, l’aventure fête ses dix ans cette année

Le concept Pop’harpe a vu le jour en 2010 en France à Ivry-sur-Seine. Ce projet original a été porté par le professeur de harpe du conservatoire et quelques parents d’élèves. Il a pris un essor important et rapide. En 2016, Pop’harpe a reçu le prix du Premier ministre lors du 115e concours Lépine international de Paris.

Les harpes allient sonorité optimale et très bas coût. Elles pèsent 2,5 kg et mesurent 110 cm. Elle compte 24 cordes (du la 1 au do 5) et couvre une tessiture avec suffisamment de basses pour pouvoir s’exprimer. Les demi-tons se font manuellement selon les techniques utilisées au Moyen-âge. Des accords alternatifs avec des cordes ajoutées sont possibles.

Leur assemblage se fait à l’occasion de stages (une journée avec Eve Delcambre). Chaque instrument est unique, il est décoré par le musicien qui l’a réalisé. Une petite dizaine d’amateurs se sont déjà laissés tenter à Moorea, ils prennent maintenant des cours avec la harpiste.

Le projet Pop’harpe s’inscrit dans une démarche d’innovation frugale de l’industrie musicale. L’innovation "frugale" (théorie lancée par Navi Rajou) est un mouvement économique qui tente de faire plus avec moins de moyens.

Pour en savoir plus : popharpe.com/

Contact

Facebook : Harpe à Moorea


Rédigé par Delphine Barrais le Mardi 21 Janvier 2020 à 15:49 | Lu 974 fois