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Freddy Mou rêve de Haute couture


TAHITI, le 16 décembre 2020 - Freddy Mou est styliste designer. Il a officiellement lancé sa marque de vêtements Fenua by Freddy en 2012. Cette année, il ajoute une nouvelle création à tout ce qu’il propose déjà : les murs végétaux. Le succès est déjà au rendez-vous. Mais il n’a pas encore atteint son rêve ultime, celui d’entrer dans le monde de la Haute couture.

Autodidacte, Freddy Mou n’était pas destiné "ça", comme il dit. Il ne s’est pas lancé dans la création de vêtements pour assouvir une passion de jeunesse.

"Ça a été plutôt comme une révélation." Huit ans après le lancement officiel de sa marque Fenua by Freddy, il apprécie toujours le chemin sur lequel il s’est engagé. Ses créations plaisent toujours plus localement, mais également sur la scène internationale.

À l’école de la vie

À 16 ans, Freddy Mou a quitté l’école sans le consentement de ses parents. "Mon père me prédestinait à la médecine mais j’ai préféré suivre l’école de la vie."

Il a plaqué le système éducatif qui n’était pas pour lui. "Je n’apprenais rien de constructif", assure-t-il. "Et je ne voulais plus perdre mon temps." Entre 16 et 20 ans il a effectué plusieurs séjours en Asie.

Freddy Mou a de la famille en Malaisie d’où est originaire sa mère. Il a appris la cuisine, le mandarin… "J’ai fait un genre de home schooling."

Puis, à partir de l’âge de 20 ans, en Polynésie, il a bien fallu qu’il "aille bosser". Doté de compétences linguistiques –il parle le français, l’anglais et le mandarin–, il s’est tourné vers le tourisme. Il a travaillé comme agent de voyage.

Il a trouvé ça "chouette", mais a tout de même changé de voie.

En 2012, l’aventure commence

Avec un groupe d’amis, il y a une petite dizaine d’années, Freddy Mou trouvait qu’il n’y avait pas de création à Tahiti, au niveau vestimentaire notamment.

"On tombait dans l’import, on copiait ce qui venait d’ailleurs", se rappelle-t-il. Lui n’entrait pas dans les cases, ne suivait pas les codes.

"J’avais des idées ; on s’est dit : mais pourquoi ne pas monter nos marques ?" Il a commencé par faire ses propres vêtements. "Mais le problème, c’est que je ne savais pas coudre. C’était odieux, ce n’était pas mettable."

Des maths et de la logique


À cette époque-là, Freddy Mou n’avait pas le budget pour prendre des cours. "De toute façon, je ne sais même pas s’il y en avait !"

Mais il avait la curiosité. Il a regardé des vidéos en ligne, a décousu de nombreux vêtements qu’il avait achetés pour comprendre. "Je me suis aperçu qu’en fait, la couture, c’était des maths et de la logique."

Il a compris les formes, les assemblages et s’est mis à dessiner ses propres patrons puis à coudre ses propres vêtements. De fil en aiguille, il a habillé ses copains et copines.

Fenua by Freddy a vu le jour en 2012. "Ce que j’aime, c’est travailler les motifs polynésiens sur des coupes modernes, faire des choses classes. J’ai une grande liberté d’expression car je n’ai pas été formaté par une école de couture."

Il sort deux collections par an, printemps/été et automne/hiver. Ses créations sont disponibles en ligne. Il propose également des vêtements sur mesure.

Son style plaît localement mais également sur la scène internationale. Il a créé pour Miss Tahiti, Miss Australie, Miss Cook ou bien encore Miss Hawaii.

Il a été contacté par Jean-Paul Gautier, il a été approché par Dior, a créé pour la Sydney fashion week et a été sollicité pour la London fashion week. Une sollicitation à laquelle il n’a pu répondre, faute de moyens.

Il a déjà une certaine reconnaissance. Mais il aimerait avoir plus. Il rêve d’entrer dans le secteur de la Haute couture et d’avoir un jour des boutiques sur les Champs Elysées ou la 5e avenue de New York.

Il aimerait aussi avoir son propre atelier de tissage pour avoir la main sur les motifs et les textures et, pourquoi pas, travailler des matières locales naturelles, la fibre de coco, le cuir d’ananas.

Il imagine également, un jour, pouvoir se doter d’une machine qui transforme le plastique en fibre. Il entend faire sa part dans le développement durable de son activité.


Des murs végétaux sur demande

Pendant le confinement, Freddy Mou s’est occupé de son showroom. Il a cousu du linge de maison. Il a cherché également un moyen de changer la vue qu’il avait, à savoir un mur gris en béton. "Parce que franchement, ça me déprimait."

D’abord, il a pensé à dessiner, peindre, graffer la surface de ce mur. Ensuite lui a pris l’envie de "coudre un jardin". Il s’est procuré de la feutrine horticole et a réalisé différents prototypes de murs végétaux.

Il a cousu des poches qu’il a ensuite garnies de substrats. Il lui a fallu trouver les bons points pour obtenir des poches solides. Il lui a également fallu trouver les bonnes plantes.

"J’ai fait pas mal de randonnées pour les observer en pleine nature, savoir ce dont elles avaient besoin, ce qu’elles aimaient et n’aimaient pas." Les prototypes sont validés. Ses murs végétaux sont disponibles à la vente.

Haute couture, une appellation protégée

La Haute couture est le secteur professionnel dans lequel exercent les créateurs de vêtements de luxe. Aujourd'hui, elle s'organise autour de "maisons de haute couture", des enseignes pour certaines assez anciennes, auxquelles de nombreux grands couturiers ont collaboré au fil des années. Elle joue un rôle d’avant-garde et ses œuvres préfigurent la mode.

En France, d'où elle est originaire, la Haute couture est une appellation juridiquement protégée émanant d'un décret de 1945.

Les maisons de Haute couture doivent répondre à un certain nombre de critères : travail réalisé à la main dans les ateliers de la maison, deux ateliers, nombre d'employés, l'unicité de pièces sur-mesure, deux défilés dans le calendrier de la Haute couture chaque année, nombre de passages par défilé (au moins vingt-cinq), utilisation d'une certaine surface de tissu.

Pour pouvoir intégrer ce secteur, il faut en plus être parrainé.

Contacts

FB : FENUA by Freddy
Site internet de Freddy Mou

Rédigé par Delphine Barrais le Mercredi 16 Décembre 2020 à 15:08 | Lu 6702 fois