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Food & Cook Lab, pour valoriser la production agricole


TAHITI, le 16 juillet 2020 - Après avoir lancé La Ruche qui dit oui ! à Tahiti, Audrey Lachaud a fondé la société d’économie sociale et solidaire Alterocéan. Elle a ouvert l’espace Food & Cook Lab à Moorea, le lieu accueille le grand public et met à disposition un laboratoire aux transformateurs de produits agricoles.

"On est équipé comme à la maison ! " lance Audrey Lachaud.

Au cœur de Moorea, sur la route des ananas, elle a fondé Food & Cook Lab, une marque portée par la société Alterocéan (voir encadré). Audrey Lachaud anime la visite des lieux à travers la grande bâtisse de containers aménagés et présente son offre d’ateliers et de formations.

À l’entrée, vue imprenable sur la nature de l’île sœur, le visiteur découvre des tables en bois, des éviers, des tables métalliques amovibles surmontées d’appareils à crêpes, à gaufres… "Ici, on accueille les personnes inscrites aux ateliers de cuisine, il n’y a donc pas de matériel professionnel. L’idée est de pouvoir refaire ce qu’on apprend là chez soi."

La devise d’Audrey Lachaud, quoi qu’elle entreprenne et quel que soit son public est : expérimentez, produisez et mangez local. Elle s’adresse aux amateurs (les adultes et bientôt les enfants), aux professionnels (producteurs et/ou transformateurs), aux associations de quartier…

Pour le grand public, par exemple, elle a lancé avec le chef Marc Lintanf un atelier culinaire "cocktail dînatoire…épatez vos amis ! ". Il se déroule sur une journée et permet d’apprendre à cuisiner des bouchées et compositions gourmandes, à planifier, concevoir, dresser…

Dans le même esprit, le chef Marc Lintanf anime un atelier sur les grands classiques de la pâtisserie salée. Il donne des conseils de réalisation mais aussi d’organisation et de planification des repas.

La visite se poursuit. La fondatrice bifurque à droite et s’avance vers l’espace laboratoire. "À partir de là, c’est la partie réservée aux professionnels."

Food & Cook Lab ouvre ses portes aux producteurs, agriculteurs, pêcheurs qui souhaitent valoriser leurs produits. C’est d’ailleurs pour eux que tout ce projet est né.

Audrey Lachaud est originaire d’une région en France où les familles ont l’habitude de faire des conserves pour l’hiver et où tous les exploitants, ou presque, ont un petit laboratoire de transformation. Elle est arrivée sur le territoire en 2004 comme enseignante, puis après être repartie deux ans en métropole, est revenue en Polynésie sans travail cette fois.

Elle a lancé La Ruche qui dit oui ! à Tahiti (voir encadré) en 2016 et a réfléchi en parallèle aux moyens d’aider les producteurs agricoles à valoriser leurs produits, végétaux ou animaux. Car ce sont eux "qui prennent tous les risques, et sans assurance possible". Transformer est une réponse à la situation.

Dans ce contexte, elle a imaginé une sorte de laboratoire collaboratif. "Ainsi, les producteurs n’engagent pas de gros frais pour s’équiper, ils peuvent se former, faire des tests avant de se lancer, créer des recettes."

À peine entrée dans le laboratoire destiné aux professionnels, Audrey Lachaud marque un arrêt. "Là, c’est l’autoclave, une sorte de cocotte minute géante." Elle permet la mise en conserve de 150 bocaux d’un coup. Il y a par ailleurs un fumoir, des déshydrateurs, des ustensiles et couverts, des espaces de cuisson, une pièce réfrigérée pour travailler la pâtisserie, les sorbets et glaces, une chambre froide…

Le laboratoire se découpe en plusieurs pièces pour recevoir différents producteurs. Sur demande, Food & Cook Lab peut apporter des conseils et former à différentes techniques de valorisation.

La crise sanitaire a entraîné une réorientation des activités du Food & Cook Lab qui envisageait avant la Covid une offre conséquente au public touristique. "On a recentré nos activités sur les besoins du territoire et c’est génial", se réjouit Audrey Lachaud qui annonce mettre au point des ateliers pour les enfants.


Contacts

Site internet du Food & Cook Lab.


Alterocéan, première entreprise ESS

Les trois lettres ESS désignent l’Économie Sociale et Solidaire. Reconnue par la loi du 31 juillet 2014 en France, ces lettres sont associées à des structures qui cherchent à concilier utilité sociale, solidarité, performance économique et gouvernance démocratique. Jusqu’en janvier 2018, elles n’étaient pas reconnues par la loi polynésienne. L’économie sociale et solidaire a fait ses premiers pas sur le territoire avec la société Alterocéan.

Les principes de l’ESS sont : l’utilité sociale, la gouvernance participative, la lucrativité limitée.

Plusieurs statuts de société existent au fenua, notamment la SARL et la SAS. La première est plus accessible financièrement, mais aussi plus figée. L’écriture des statuts de la SAS est beaucoup plus libre mais reste très couteuse. Audrey Lachaud a réussi, avec l’aide d’une avocate, à monter une SARL dont elle a choisi les statuts. Une première au fenua !

Reprenant les principes métropolitains de l’ESS, l’entrepreneuse énumère : "Alterocéan a une utilité sociale, elle rend service à la communauté, aux gens. Sa lucrativité est limitée. Les bénéfices ne seront pas donnés aux actionnaires mais réinvestis, enfin, elle repose sur une gouvernance participative. Producteurs, salariés, associations se réuniront deux fois par an et pourront partager leur vision pour réorienter la stratégie vers plus d’éthique, au besoin". Et tout cela est inscrit dans les statuts.

La ruche qui dit oui a 4 ans !

La Ruche qui dit oui ! a lancé sa première vente le vendredi 1er avril 2016. Cette organisation permet, via une plateforme Internet, de commander des produits agricoles en direct auprès des agriculteurs cultivant à proximité de chez soi. Le modèle est métropolitain. La déclinaison polynésienne a été rendue possible grâce à Maheata Hutia, technicienne agricole, et Audrey Lachaud. Ensemble, elles ont créé l'association Manuia te fenua pour changer nos modes de consommation. Les producteurs sont choisis avec soin pour la qualité de leurs produits.

Concrètement, vous passez votre commande en ligne à partir du dimanche en fin de journée. Vous réglez vos achats que vous récupérez le vendredi, dans les Jardins du parc Paofai entre 15 et 17 heures.

On y trouve des fruits et légumes mais aussi de la crèmerie, du pain, des brioches, des plats cuisinés, des confitures, achards, pesto, du savon…

FB : La ruche qui dit oui, à Tahiti
Tél. : 87 21 46 00
Site internet pour passer les commandes

Rédigé par Delphine Barrais le Jeudi 16 Juillet 2020 à 10:54 | Lu 3553 fois