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Etats Généraux de l’Education : focus sur l'insertion professionnelle


Punaauia, le 07/12/15- Les Etats généraux de l'éducation ont ouvert lundi matin au lycée hôtelier de Punaauia. Pendant deux jours, les professionnels vont plancher sur les perspectives pour l'éducation en Polynésie. Un schéma directeur des formations a déjà été élaboré et sera enrichi par les propositions des intervenants.

L'heure du bilan a sonné pour la charte de l'éducation de 2011. Les 7 et 8 décembre, les professionnels de l'éducation - dont plusieurs établissements, le président de l'université et le vice-recteur de Polynésie – se sont réunis pour définir de nouvelles perspectives. Avec "pour seul objectif l’intérêt et la réussite de l’élève du système éducatif polynésien, quel que soit l’univers dans lequel il évolue, et l’île où il vit", a indiqué le président Edouard Fritch en ouverture de ces Etats généraux au lycée hôtelier de Punaauia.
La charte de l'éducation avait été élaborée pour 4 ans, aujourd'hui, même si des améliorations sont constatées, les résultats des élèves restent en deçà des références métropolitaines.
Un nouveau schéma directeur des formations va donc être discuté pendant ces deux jours. Son objectif sera d'élever le niveau d'éducation et de formation de la jeunesse polynésienne afin de l'aider dans son insertion professionnelle et sociale. "Ce n'est pas une carte des formations, c'est un schéma qui va donner des grandes directions de travail", précise Marco Attal de la direction générale des enseignements secondaires (DGEE). En effet, les plus touchés par le chômage sont les jeunes les moins formés et, entre 2007 et 2012, le taux de chômage de la Polynésie est passé de 11,7 % à 21, 8% soit une augmentation de 10 points assez significative.
"Nous devons rechercher l'adéquation entre les formations et les besoins potentiels du marché du travail", commente Marco Attal. Le tourisme est un axe privilégié de développement, il représente 7 % des actifs en Polynésie. Les métiers de la mer, des énergies renouvelables et de l'économie numérique feront aussi partie des priorités du schéma.

LUTTE CONTRE LE DECROCHAGE SCOLAIRE ET REORIENTATION DES FLUX D'ELEVES

Parmi les propositions qui seront discutées, on trouve la lutte contre le décrochage scolaire. "Trop de jeunes quittent le système scolaire a 16 ans et évoluent sans qualification professionnelle", constate Marco Attal. A ce titre, un référent décrochage scolaire pourrait être nommé. L'objectif serait alors de développer "la persévérance scolaire".
La réorientation des flux d'élèves sera également au centre des discussions. En Polynésie française, autant d'élèves s'orientent en voie professionnelle (36 %), technologique (30%) et en voie générale (34%). En métropole, la voie générale est privilégiée (49%). " Nous sommes à une saturation du potentiel d'insertion professionnelle et de formation professionnelle, il faut stimuler l'ambition des lycéens et collégiens", lance Marco Attal. Cela passera notamment par le développement de l'offre de formation à BAC +2.

Parmi les axes directeurs retenus, figure également la suppression du palier post-cinquième dès l'année prochaine, les capacités d'accueil en voie générale et technologique seront augmentées ainsi que le développement des formations d'excellence.

3 questions à Nicole Sanquer Fareata, ministre de l'Education et de l'Enseignement supérieur

"Nous avons fait des progrès depuis 2011 mais il y a encore des améliorations à entreprendre."

Quel est le bilan de la charte de 2011 ?

C'est un bilan à faire avec quelques précautions, on se base sur des indicateurs de performance du système scolaire. Je dirais qu'au niveau de la réussite scolaire nous n'avons pas atteint les objectifs de 2011. Si nous nous basons sur le taux de réussite au baccalauréat, la charte de l'éducation nous assigne 70 % d'élève de la même classe d'âge qui devrait réussir au bac. Aujourd’hui nous sommes autour de 55 %. Nous avons fait des progrès depuis 2011 mais il y a encore des améliorations à entreprendre.

Quels sont les objectifs de ces Etats généraux ?

Nous profitons de ces Etats généraux pour entendre les partenaires de l'éducation et surtout leurs propositions qu'ils ont à nous faire afin qu'on puisse introduire de nouvelles idées, car ils sont sur le terrain, dans la nouvelle charte de l'Education.

Comment gérez-vous l'éclatement géographique de la carte scolaire ?

Dans les années 80,90, les gouvernements ont essayé de construire une école dans chaque île. Aujourd'hui il faudrait essayer de réduire les inégalités entre l'enfant de Tahiti et l'enfant des îles éloignées. Notre objectif principal c'est que les élèves des îles éloignées reçoivent la même éducation dans leurs îles. Nous faisons énormément d'effort sur l'accompagnement des maîtres dans les îles afin qu'ils soient suivis par les corps d'inspection et qu'ils reçoivent une formation continue. Nous faisons aussi beaucoup d'efforts sur la maintenance et l'entretien des écoles et collèges dans les îles.

Hommage à Jacques-Denis Drollet

Un hommage a été rendu à Jacques-Denis Drollet, décédé ce week-end à l’âge de 92 ans, en ouverture des Etats généraux. Le président Edouard Fritch a souligné que "celui-ci avait été le premier Polynésien à prendre en charge le système éducatif." Né le 6 décembre 1923, Jacques-Denis Drollet a fait toute sa carrière dans l’éducation, comme instituteur, avant de gérer le service territorial de l’éducation. Elu à l’Assemblée sous l’étiquette du RDPT (le Rassemblement Des Populations Tahitiennes), il assurera deux mandats entre 1958 et 1968. Il sera également administrateur des îles Australes, et l’un des membres fondateurs de la banque Socredo et d’Air Polynésie qui deviendra Air Tahiti.

Rédigé par Noémie Debot-Ducloyer le Lundi 7 Décembre 2015 à 16:50 | Lu 1153 fois