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"Rouges et noirs", un livre témoin de la chute de Phnom Penh


"Rouges et noirs", un livre témoin de la chute de Phnom Penh
TAHITI, le 4 octobre 2020 - Denis Meslin signe "Rouges et noirs", chez ‘Ura éditions. Il y raconte la chute de la capitale cambodgienne, Phnom Penh, à l’époque des Khmers rouges. Un témoignage rare qui fait écho à l’ouvrage de François Bizot, Le Portail, paru en 2000.

Il raconte un séjour peu ordinaire qu’il a effectué au Cambodge, à Phnom Penh, de septembre 1974 à avril 1975. Dans "Rouges et noirs", Denis Meslin revient sur un épisode de sa vie inoubliable.

À l’époque, Il avait 26 ans. Il était un "pacifiste qui rêvait d’aventure" et qui avait les cheveux longs. Dentiste depuis deux ans, il avait postulé à l’hôpital Calmette de Phnom Penh au titre de la coopération. Il arrivait dans un pays en guerre.

Le parti communiste du Kampuchéa, (les Khmers rouges) et ses alliés de la république démocratique du Viêt Nam et du Front national de libération du Sud Viêt Nam se sont opposés au Royaume du Cambodge soutenu par les États-Unis et la république du Viêt Nam entre 1967 et 1975.

Lorsqu’il arrive, le futur président du Conseil de l'ordre des chirurgiens-dentistes de Polynésie française découvre la guerre, "pas toujours visible mais toujours audible".

Les premières semaines, il sursaute à chaque détonation. "Je ne faisais pas la différence entre ce qui partait et ce qui arrivait et je croyais que tout arrivait." Il met un peu de temps à s’habituer à ces bruits d’armes lourdes.

La ville était sous la menace permanente des tirs de roquettes. "Il en tombait chaque jour sur la ville, semant la peur, la panique, la désolation, la mort souvent. Les plaies, comme j’ai pu le constater à l’hôpital, étaient horribles."

Malgré les roquettes, la dolce vita

Mais il finit par s’y habituer. "Malgré les roquettes, on menait une étrange dolce vita." Denis Meslin décrit cette vie, les verres pris au bord de la piscine avec les autres médecins, sur une terrasse bordée de buissons fleuris de bougainvillées, mauves, rouges et blancs, les soirées passées avec les journalistes parfois rejoints par des diplomates et des planteurs.

Il parle des maisons flottantes, de véritables institutions, la fumerie de Chan Ta, "la cousine" où les visiteurs se retrouvaient pour savourer de l’opium.

Beaucoup préparent leur départ. Denis Meslin décide de rester

Offensive finale

Mais, au début de l’année 1975, la rumeur que les Khmers rouges sont en train de gagner la guerre se propage, de même que celle du retrait des Américains. Beaucoup préparent leur départ. Denis Meslin décide lui de rester.

L’offensive finale des Khmers Rouges est lancée à la fin de la saison sèche, avant la saison des pluies. Denis Meslin n’est plus dentiste. Il assiste les chirurgiens en salle d’opération et s’occupe des nombreux blessés qui défilent.

Dans "Rouges et noirs", il raconte ses derniers jours dans ce pays en guerre. Jusqu’à ce qu’il soit évacué, en avril 1975. "Le retour à Paris est étrange, je suis là sans y être vraiment, mon esprit est encore au Cambodge."

En France, avant de rejoindre sa famille, il prend un verre avec un collègue rapatrié lui aussi. "Soudain, une détonation ! Je sursaute… mais ce n’est qu’un pot d’échappement (…) Être dans un pays en paix, quelle chance !"

Lors de son séjour à Phnom Penh, Denis Meslin a fréquenté François Bizot, anthropologue français, spécialiste du bouddhisme du Sud-est asiatique. Arrivé au Cambodge en 1965, il a été arrêté par les Khmers rouges et emprisonné pendant deux mois dans des conditions difficiles.

Il a quitté le Cambodge en mai 1975. Il a raconté son parcours dans Le Portail, qui est paru en 2000.

Une femme coupe les cheveux de sa voisine avec des ciseaux de tailleurs.
  • Une femme coupe les cheveux de sa voisine avec des ciseaux de tailleurs.
  • Un cambodgien brandit un tee shirt en guise de drapeau blanc.
  • Un abri de fortune dans la rue.

Rédigé par Delphine Barrais le Dimanche 4 Octobre 2020 à 20:20 | Lu 1134 fois