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Crash d'Air Moorea : selon l’expert judiciaire, l’erreur de pilotage est « impossible à déterminer »


PAPEETE, le 15 octobre 2018 -Le procès du crash d’air Moorea a entamé sa deuxième semaine par les auditions de plusieurs témoins cités par la défense dont Jean-François Lejeune, ancien PDG et instructeur d’Air Moorea. Selon Hubert Arnould, expert judiciaire auprès de la Cour d’appel de Reims entendu ce lundi, il reste «difficile » de tirer des conclusions quant à une éventuelle erreur de pilotage avec l’enregistrement du Cockpit Voice recorder (CVR) pour seule donnée.

Après avoir évoqué la possibilité d’un malaise du pilote la semaine dernière, le tribunal a abordé ce lundi la thèse des causes techniques et celle d'une erreur de pilotage. Pour évoquer ce sujet, les avocats de la défense ont fait citer Jean-François Lejeune. Ancien PDG et ancien chef pilote instructeur d'Air Moorea, l’homme est un familier du Twin Otter. Selon lui, l’enregistrement du CVR démontre que l’avion n’a pas subi d’augmentation de la vitesse mais une augmentation du régime des hélices quelques secondes avant sa chute. « Si l’on s’interroge sur l’éventuelle rupture du câble à cet instant, l’avion peut tout de même être piloté avec la gouverne secondaire. Dans le cas d’une panne des deux moteurs, le réflexe est de plonger pour récupérer ce qui fait voler l’avion, c’est-à-dire la vitesse » a-t-il expliqué en précisant toutefois qu’il était impossible d’entendre si le moteur avait été coupé : « cela est inaudible. »

Hubert Arnould, expert judiciaire auprès de la Cour d’appel de Reims, émet une analyse différente devant les magistrats : « Après la rentrée des volets de l’avion, un problème est survenu. Le pilote a tenté de faire quelque chose mais récupérer l’avion aurait été un exploit à une altitude aussi basse. » Au moment où il commence à chuter à une vitesse évaluée à 1500 pieds par minute (457 mètres par minute), l’avion se trouve en effet à 91 mètres au-dessus de l’océan. Pour l’expert, cette distance réduisait fortement les chances de pouvoir récupérer l'appareil. Interrogé sur une éventuelle erreur de pilotage, il affirme qu’elle est « impossible à déterminer » en se basant uniquement sur l’enregistrement du CVR.

Après les auditions des témoins de la défense et de l’expert judiciaire, le président du tribunal relate les témoignages des anciens collègues de Michel Santurenne lorsqu’il était en poste dans le Finistère. « Carré », « consciencieux », le pilote d’Air Moorea est décrit comme un « vrai professionnel. »

Le procès reprendra demain avec l’audition de Claudine Oosterlinck, expert judiciaire en aéronautique auprès de la Cour de cassation.


Rédigé par Garance Colbert le Lundi 15 Octobre 2018 à 17:36 | Lu 3197 fois