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Projet Ecoparc : "On ne va pas se laisser faire" prévient Yves Doudoute


PAPENOO, le 16/11/2015 - Les leaders des associations de défense de la vallée de la Maroto se réunissent ce soir à Papenoo afin de discuter de la suite à donner dans leurs actions. Selon un de leur représentant, le Pays devrait rencontrer ce jeudi les cadres du projet Ecoparc pour signer "probablement" le lancement des études qui seront réalisées par une société d'un des promoteurs du projet. Nous avons rencontré un des leaders de ces associations en la personne d'Yves Doudoute qui appelle au bon sens du gouvernement. Interview.

Qu'en est-il exactement aujourd'hui concernant le projet Ecoparc ?


"On est un peu dans le flou disant, puisque le conseil municipal a désigné ses deux représentants au sein du comité de pilotage, mais on a l'impression que c'est une histoire montée entre le maire de Hitiaa o te ra et Henri Florh. On se pose la question de savoir ce qui se passe derrière tout ça, parce que faire miroiter 300 à 400 emplois, franchement, les gens se marrent quand on parle de ça. J'ai rencontré plusieurs personnes et tous me disent que c'est ridicule. J'ai eu écho, il n'y a pas longtemps que le gouvernement allait rencontrer les promoteurs de ce projet pour signer un "contrat", ce jeudi. Donc, sous toutes réserves, on va reprendre notre bâton de pèlerin, continuer l'action et l'amplifier, c'est ce que j'aimerai dire au gouvernement. Nous avons un comité assez important avec des citoyens de Papenoo, de représentants de familles et d'associations. Nous allons nous réunir pour décider des actions à mener, parce qu'on ne peut pas laisser faire des gens qui n'ont qu'une idée en tête se faire du "fric" sur le dos des autres. Je suppose que ce contrat va être le démarrage des études qui seront faites par la SEDEP, dont le patron est Monsieur Auroy. Donc on aura un travail fait par le juge mais qui en même temps partie prenante de l'affaire, ce qui est à mon avis scandaleux. D'autre part, nous sommes persuadés à 100 % que dans très peu d'années, une fois que tout cela sera construit, on va se retrouver avec des hôtels abandonnés, comme en ville, voilà ce qu'ils vont nous laisser, dans un des rares endroits préservés de l'île".

Est-ce que Monsieur Auroy a essayé de vous contacter ?

"Non il ne va pas venir à notre rencontre, ils vont approcher les gens qui sont susceptibles d'accepter leur projet, des gens à qui on va faire miroiter monts et merveilles, ça s'est déjà fait il y a 20 ans".

Yves Doudoute fait peur ?

"Non je n'ai pas la prétention de faire peur, j'ai seulement envie de dire ce que je pense, et en même temps de voir avec la population ce qu'elle veut. Il faut qu'il y ait un débat, on n'a plus de débat, ce sont toujours des magouilles par derrière. Je suis persuadé qu'au conseil municipal, il y en a beaucoup qui ne savent pas exactement quel est le problème. On fait entendre un son de cloche d'un côté, mais on n'écoute pas l'autre partie, celle de la population. C'est quasiment un déni de démocratie".

Est-ce que vous avez demandé au conseil municipal de vous exprimer ?


"On a notre maire de Papenoo qui est totalement opposé à la situation, on a quelques conseillers municipaux qui ont essayé de faire comprendre et il y a tous ceux qui se taisent et qui ne sont pas d'accord parce qu'il y a le principe de la majorité et du Tavana… C'est dramatique, je crois qu'il faudra qu'un jour, que tout cela change. Nous avons déjà donné une lettre posant de vraies questions et nous n'avons pas eu de réponses. Je ne sais même pas s'ils ont lu ou réfléchi avant de prendre une décision. Croyez-moi qu'on ne va pas se laisser faire, que les gens sont remontés et qu'ils veulent vraiment que cette vallée soit préservée. Nous avons des propositions de développement à faire".

Comme quoi ?

"Je ne peux pas vous dire, on n'a pas la prétention de chiffrer comme ils l'ont fait avec leur projet, mais tout le long de la vallée, il y a des associations qui travaillent et qui mettent en place leurs projets et nous pensons que l'avenir est là et non dans des grands hôtels, surtout dans la vallée".

Avez-vous tenté de joindre les membres du gouvernement ?

"Nous avons rencontré le ministre de l'environnement et de la culture et pour lui, il est hors de question que cet hôtel, ce thalasso et ce golf se fassent à cet endroit. Je pense que certains autres ministres partagent le même avis que nous, comme le ministre des travaux publics par exemple, Monsieur Solia. Par contre, pour le ministre du tourisme, on ne connaît pas sa position et j'ai l'impression qu'il est d'accord avec ce projet, mais bon, on aimerait bien le rencontrer. Je pense que c'est grave s'il accorde ce projet. Mais on n'a pas perdu, on s'organise".

Vous représentez combien de personnes aujourd'hui ?

"Nous avons fait circuler une pétition, uniquement dans Papenoo, qui a recueilli 2 000 signatures. Pour le moment, on procède par étape. Avoir d'abord le sentiment de Papenoo donc 2 000 sur 3 500 habitants, ça fait du monde quand même. Nous n'avons rencontré personne qui nous a dit que le projet était bon. Il y a un soutien maintenant il y a tout un travail d'information qu'il faut avoir pour que les gens se rendent compte de la difficulté. Ils sautent en l'air quand on dit qu'il y a un taxi qui va aller jusqu'au milieu de l'île".

Quel est votre sentiment par rapport à ces investisseurs qui montent des projets sans vraiment prendre la peine de consulter l'avis de la population avant ?


"Que les investisseurs viennent, le problème n'est pas là, mais que la population soit informée, c'est une autre affaire. Ces personnes profitent des moyens qui sont mis à leur disposition comme la défiscalisation. Maintenant il faut qu'on se pose les bonnes questions. Est-ce qu'on va continuer comme cela ? Que les investisseurs viennent travailler pour la population, d'accord mais pas pour se faire du fric sur le dos des polynésiens, du Pays et de la France".

Aujourd'hui les clés sont entre les mains du gouvernement ?

"En effet, mais on va se battre jusqu'au bout et je sais qu'il y a des personnes qui ne se laisseront pas faire parce qu'il y va de la vie de cette vallée et de Tahiti. On veut parler de tourisme vert et culturel ? On ne monte pas un hôtel au milieu d'un parc qu'on veut préserver. Et qu'on ne nous dise pas qu'il n'y aura pas de dégâts. On nous a déjà dit cela à l'époque de Marama Nui. Mais qu'en est-il aujourd'hui ? Il y a des ponts qui sont partis, voilà. On travaille avec d'autres investisseurs et ils ne sont pas forcément nos amis, mais on travaille ensemble, il y a des débats et des propositions qui sont faites et c'est tout ce que nous demandons. Il faut qu'on trouve un consensus, c'est fondamental dans notre culture et c'est ce qu'on oublie ou qu'on passe outre, voilà notre problème".

le Lundi 16 Novembre 2015 à 16:21 | Lu 1912 fois