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Un livre revient sur les 150 ans de la communauté chinoise en Polynésie


PAPEETE, le 8 avril 2016 - Disponible depuis le 12 mars, l’ouvrage "Association des descendants chinois de Atimaono, Varua Tupuna Taina" revient sur l’histoire des Chinois de Polynésie. Il est le fruit d’une année de travail.

"C’est l’histoire de la création de la plantation à Atimaono et de l’installation des Chinois" résume Roland Sam, auteur de l’ouvrage "Association des descendants chinois de Atimaono, Varua Tupuna Taina". Il a travaillé sur la publication pendant une année.

Il ajoute au passage : "Vous savez que la Polynésie a failli accueillir des Indiens plutôt que des Chinois ? Il y en avait déjà à l’Île Maurice, à Fidji, etc. Mais visiblement il y a avait moins de difficultés avec les Chinois, ils étaient plus dociles et il y avait moins de rivalités. Ils avaient fait leur preuve dans la construction du chemin de fer sur le continent américain. Et puis la France avait une histoire avec la Chine, elle avait notamment un comptoir à Shanghai."

L’ouvrage de l’association Sinitong est sorti à l’occasion des célébrations de l’arrivée des premiers Chinois il y a 150 ans. Il se découpe en plusieurs chapitres : de l’histoire de la création de la plantation aux traditions chinoises en passant par l’exemple de deux descendants de ceux d’Atimaono, la romanisation et francisation des noms chinois ou les procès qui opposèrent la communauté au conseil général des Établissements français d’Océanie.

"Il a été question, après la faillite de la plantation, de ramener les Chinois dans leur pays", rappelle Roland Sam. "Au début, il n’y avait pas assez d’argent pour ça et puis, quand l’argent a été disponible, les Chinois s’y sont opposé par l’intermédiaire de l’avocat Goupil. Pour le payé, 50 patentés se sont regroupés", explique l’auteur.

En plus de tous ces éléments historiques illustrés d’images et de documents d’archives, le livre présente les découvertes récentes de l’association. Comme par exemple ces tombes ou la presse retrouvés à Atimaono.



La vie du "martyr" Chim Soo Kung en 52 minutes

Le Chinois Chim Soo Kung a été guillotiné le 21 mars 1869 suite à une altercation sur la plantation. "Il faut dire que l’ambiance là-bas n’était pas bonne", rapporte Roland Sam. "Les ouvriers travaillaient douze heures par jour, six jours sur sept et, quand le travail était mal fait ils devaient revenir le dimanche. Tout ça pour des salaires de misère, certains jouaient pour gagner un peu plus et je crois que toute cette affaire est liée à une dette de jeu." Lors de l’altercation, un Chinois fut poignardé, seize personnes furent arrêtées, huit Tahitiens et huit Chinois dont Chim Soo Kung. "Un homme qui était sans doute innocent."
La vie du "martyr" chinois va faire l’objet d’un docu-fiction de 52 minutes qui sera signé Sandro Li, Benoît Tarahu, Martine Guichard et Roland Sam. Le texte est en cours de rédaction, les costumes et repérages sont aussi en cours. L’équipe a notamment pris contact avec le Musée de Tahiti et des îles pour voir la copie de l’une des guillotines du territoire. Elle se trouve dans les réserves du musée.

Trois guillotines à Tahiti

La guillotine est une machine conçue en France pour l’application officielle de la peine de mort. Pensée en partie par le docteur Guillotin, elle a été testée sur des cadavres à Bicêtre en 1792 et fonctionna pour la dernière fois en septembre 1977 à la prison des Baumettes en France. En Polynésie trois "exemplaires" furent importés. Deux d’entre eux fonctionnèrent. Le premier fut dressé à Atimaono pour l’exécution de Chim Soo Kung le 21 mai 1869. Il fut démonté et disparu de la circulation. Il aurait quitté le territoire l’année suivante, échangé contre une dame jeanne. Le deuxième fut utilisé en 1920 pour le meurtrier du docteur Richard Wong Fat. Il fut dressé dans l’avenue Pouvanaa a Oopa, face à l’imprimerie Juventin. Une fois démonté, ce modèle disparut à son tour. Le troisième, apporté au cas où, ne fonctionna jamais. De nombreuses enquêtes ont été menées pour retrouver les machines. En vain. Restes humains, objets nazis, instruments de tortures, guillotines, cordes de pendus mis aux enchères valent de petites fortunes et trouvent preneurs. La preuve avec la vente de la corde de Saddam Hussein mise en vente à 7 millions de dollars (prix plancher) en 2015.

Contact

Facebook : Association Sinitong
Tél. : 40 42 74 18
www.sinitong.pf



Rédigé par Delphine Barrais le Vendredi 8 Avril 2016 à 10:13 | Lu 1129 fois