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Zika : la diffusion de l’épidémie est très rapide


Le docteur Henri-Pierre Mallet et l’épidémiologiste Anne-Laure Berry du Bureau de veille sanitaire suivent chaque semaine les évolutions des épidémies en cours sur le territoire.
Le docteur Henri-Pierre Mallet et l’épidémiologiste Anne-Laure Berry du Bureau de veille sanitaire suivent chaque semaine les évolutions des épidémies en cours sur le territoire.
PAPEETE, mardi 12 novembre 2013. Pourquoi le zika frappe-t-il la Polynésie française ? Certainement, parce qu’un malade atteint de ce virus l’a importé jusque sur le territoire à son insu, arrivant très probablement d’Asie ou d’un état insulaire du Pacifique. En Asie notamment, ce virus transmis par le moustique, existe en permanence à l’état endémique. Quant à la fulgurance de cette épidémie qui a certainement atteint «plusieurs millier de personnes» en quelques semaines sur le territoire selon le Bureau de veille sanitaire, elle s’explique par l’absence d’immunité à ce virus de la population polynésienne. En fin de semaine dernière les 800 cas de zika rapportés par les médecins du territoire appelés à être vigilants sur ce virus nouveau en Polynésie, permettaient d’envisager une estimation réelle de la diffusion de l’épidémie à au moins trois fois plus de personnes.

En 2007, lors d’une épidémie de zika en Micronésie, la première rapportée dans le Pacifique, les trois quarts de la population avaient été atteints par le virus. «Au début, il y a certainement dû avoir confusion avec la dengue. Le virus est certainement apparu quelques semaines avant que l’Institut Malardé ait posé un diagnostic à son sujet» précise le docteur Henri-Pierre Mallet du Bureau de veille sanitaire qui surveille sur le territoire toutes les épidémies qui peuvent surgir. La similitude des symptômes de ce virus avec ceux de la dengue a certainement retardé son identification précise. Enfin, selon les informations connues au sujet de cette maladie dans les deux tiers des cas, les personnes atteintes par le zika ne développent aucun signe extérieur de la maladie, mais sont porteurs du virus qui poursuit ainsi sa transmission aux moustiques qui en seront les vecteurs vers l’homme.

Heureusement, le virus zika est peu nocif. En cinq ou six jours à peine, le patient atteint est remis sur pied. «C’est une épidémie à la diffusion extrêmement rapide, bien plus que la dengue» reconnait le docteur Henri-Pierre Mallet. En revanche, à l’inverse de la dengue qui peut provoquer chez certains patients des complications et des hospitalisations, le zika reste une maladie bénigne. Notamment, il ne provoque «aucune anomalie dans le sang. Tous les cas décrits dans le monde jusqu’ici n’ont rapporté ni complications, ni séquelles à long terme». Et, comme pour la dengue, les personnes atteintes par le zika développent ensuite une immunité face au virus. Pour suivre cette épidémie au plus près et en mesurer les effets sur la population polynésienne, le Bureau de veille sanitaire va demander d’accélérer dès cette semaine la confirmation, par le laboratoire de l’Institut Louis Malardé, des cas de zika sur le territoire. Mais les examens de biologie moléculaire à pratiquer pour identifier les gènes du virus zika demandent une technicité importante et coûteuse. Aussi, «pour suivre la progression du zika sur le territoire, il suffira de demander sur les cas suspects, des analyses sanguines de recherche du virus de la dengue dont les examens sont disponibles facilement» et, si ce n’est pas la dengue, le zika pourra donc être confirmé par défaut.

Dengue ou zika ?

Pas facile de distinguer l’un de l’autre. Dengue et zika peuvent effectivement facilement se confondre. Cependant, le zika provoque en général une éruption cutanée massive dès les premiers jours alors que pour la dengue, les boutons apparaissent en fin d’attaque. Le zika entraîne donc une fièvre peu élevée (moins de 38,5°) et une éruption de boutons. Enfin, il faut en plus de la fièvre et des boutons, au moins deux des trois symptômes suivants pour définir un cas suspect de zika : yeux rouges, douleurs articulaires ou musculaires et/ou œdèmes des mains ou des pieds. Comme pour la dengue il n’existe actuellement aucun vaccin et aucun antiviral pour contrer le zika. Le traitement médical à suivre ne permettra de lutter que contre les symptômes avec du paracétamol pour agir contre la fièvre et les douleurs. Si les symptômes d’un supposé zika persistent au-delà de six jours, il est impératif de revoir son médecin traitant, car le diagnostic parait alors erroné.



Un seul mot d’ordre : éliminez les moustiques !

Sans traitement médical contre les virus du zika et de la dengue dont la propagation est assurée par les moustiques, il est impératif de tout mettre en œuvre pour éliminer les moustiques et leurs gîtes. La trop grande importance du nombre de cas hebdomadaires de dengue et de zika sur le territoire rend illusoire et impossible désormais, toute action de démoustication autour des cas confirmés. C’est à la population de se prendre en mains et de veiller à détruire les gîtes de moustiques autour des maisons et à se protéger efficacement avec des répulsifs des piqûres de moustiques, lorsque l’un des siens est atteint par l’un ou l’autre des virus.


Rédigé par Mireille Loubet le Mardi 12 Novembre 2013 à 15:10 | Lu 13759 fois