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Dengue-Zika : la chasse aux moustiques doit être totale


La ministre de la santé Béatrice Chansin avec les trois médecins experts de la mission Eprus arrivés ce dimanche en Polynésie française. La mission d’expertise durera toute la semaine.
La ministre de la santé Béatrice Chansin avec les trois médecins experts de la mission Eprus arrivés ce dimanche en Polynésie française. La mission d’expertise durera toute la semaine.
PAPEETE, lundi 9 décembre 2013. Les choses sérieuses démarrent enfin en Polynésie française. Face aux épidémies de dengue et de zika, les autorités du Pays et de l’Etat ont décidé de conjuguer leurs forces. Depuis dimanche, trois médecins experts de l’Etablissement de préparation et de réponses aux urgences sanitaires (Eprus) sont arrivés à Tahiti. Leur mission : évaluer les moyens qui seront nécessaires de déployer pour faire face à ces épidémies, et le soutien que l’Etat devra expédier, ainsi que mesurer l’impact de ces épidémies virales sur le système de santé polynésien. Pour l’heure, la ministre Béatrice Chansin l’a assuré, «il n’y a pas de saturation des services du CHPF pour accueillir les cas de complication du zika».

Ces complications restent peu nombreuses : 21 cas recensés sur les 35 000 patients qui ont été atteints par le virus en Polynésie française au cours des huit dernières semaines. Sur ces 21 cas ayant tous été hospitalisés, 14 ont présenté des syndromes de Guillain-Barré avec des paralysies plus ou moins marquées. Au lundi 9 décembre, sur ces 14 patients atteints du Guillain-Barré, sept étaient hospitalisés en réanimation, trois en neurologie, quatre ont pu rentrer chez eux. Ces complications neurologiques en raison du virus zika étaient inattendues. Le virus reste peu connu, mal étudié depuis sa découverte en 1947 en Afrique centrale et n’avait été la cause, jusqu’ici, que d’une seule épidémie recensée dans le monde, en 2007 en Micronésie. On ne parlait jusque là que d’une maladie bénigne, les complications observées en Polynésie viennent changer considérablement la portée du virus. La déclaration du médecin infectiologue de la mission de l’Eprus, arrivée ce dimanche en Polynésie, en dit long à propos du zika «il n’y a pas de données scientifiques» sur le virus. Aussi la survenue d’une épidémie en Polynésie française devrait permettre de recueillir des informations précieuses pour l’avenir.

En attendant, la situation sanitaire de la Polynésie française est sous tension, mais encore sous contrôle. Le territoire fait face depuis février dernier à une épidémie de dengue déjà exceptionnelle en raison de la co-circulation de deux sérotypes (DE N-1 et DEN-3) ; et le zika vient rajouter une anomalie supplémentaire sur une population qui n’avait jamais été en contact avec ce virus d’où sa propagation extrêmement rapide sur l’ensemble des archipels. Point commun à ces deux virus, ils ont le même vecteur : le moustique de type Aedes (tigré). C’est donc sur lui que doivent se concentrer les efforts pour tenter de limiter le plus possible les effets des épidémies en cours. Les services de santé du Pays vont développer le réseau de médecins sentinelle. Actuellement ils sont 40 à faire remonter les informations sur le nombre de malades vus dans leurs cabinets médicaux.

Enfin et surtout la lutte anti-vectorielle doit être amplifiée et prise à bras-le-corps par le Pays, les communes (une réunion est prévue avec les maires mercredi) et la population elle-même. «Les campagnes de pulvérisation ne suffiront pas. Il va falloir rappeler à la population de rechercher et de détruire chez soi tous les gîtes à moustiques. Tout le monde doit être solidaire» explique la ministre de la santé, Béatrice Chansin. Un message dont l’écho se retrouve du côté du Haut-commissariat «un seul slogan : soyons solidaires. Il faut que toute la population se sente concernée et que tous les services se mobilisent pour lutter contre le vecteur de ces épidémies, car cette fois on sort du cadre traditionnel de la dengue» poursuit Gilles Cantal, secrétaire général du haussariat. Si ce travail de destruction massive des gîtes à moustiques est un peu tardif, puisque désormais les deux épidémies de dengue et de zika sont bien installées sur le territoire, il pourra néanmoins avoir un effet positif de ralentissement de leur propagation et de prise de conscience par la population qu’elle a un rôle citoyen à tenir. Le tout est de tenter d’aborder la saison des pluies (qui fort heureusement est en retard cette année) avec une franche diminution des populations des moustiques vecteurs des virus. Tuer les moustiques «c’est vraiment l’affaire de tous» concluait Béatrice Chansin.



Pour lire le communiqué de presse officiel au sujet des épidémies de dengue et de zika, CLIQUER ICI

La progression de l’épidémie de zika a été fulgurante en Polynésie française en raison d’une  population réputée naïve à ce virus qui n’avait jamais circulé sur le territoire (source Bureau de veille sanitaire).
La progression de l’épidémie de zika a été fulgurante en Polynésie française en raison d’une population réputée naïve à ce virus qui n’avait jamais circulé sur le territoire (source Bureau de veille sanitaire).
L’origine de l’épidémie de zika en Polynésie restera un mystère

L’épidémie de zika, déclarée en Polynésie française à la mi octobre aurait déjà touché 35 000 personnes. Dans les deux cas il s’agit d’estimations, en fonction des diagnostics cliniques et syndromiques, remontées par les 40 médecins sentinelle qui couvrent le territoire. Pour le zika, il y a eu au cours des huit semaines d’épidémie écoulées 21 cas de complications neurologiques.

Il parait pour l’instant difficile de connaître l’origine précise de l’apparition du zika en Polynésie française. «Le cas index n’a pas été identifié. Des hypothèses ont circulé, mais rien ne permet de confirmer. On sait que le virus zika circule en Afrique centrale et en Asie. Il suffit d’un seul malade en phase virémique pour que le virus apparaisse sur un territoire, mais c’est impossible de savoir précisément d’où il vient» précisait Emilie Mosnier, médecin infectiologue de la mission Eprus.

De nombreuses personnes pointent du doigt les joueurs internationaux venus participer en septembre à la coupe du monde de Beach Soccer. Il est vrai que parmi les 16 équipes sélectionnées, l’une était en provenance du Sénégal où les données de surveillance virologique et entomologique ont montré une circulation permanente du virus zika (VZIK) depuis 1968.

Rédigé par Mireille Loubet le Lundi 9 Décembre 2013 à 18:06 | Lu 4588 fois